ESPN revient en Europe, deux ans à peine après la sortie du capital d’Eurosport au profit de TF1 et Canal Plus. Sa première étape passe par la France où, depuis le 4 mars, l’Américain diffuse sa chaîne ESPN Classic sur les bouquets Canalsatellite et TPS. Des pourparlers avec les câblo-opérateurs sont aussi en cours pour accueillir ce nouveau programme sportif. Installée à Londres, ESPN Classic Sport est issue d’un joint-venture détenu à 70 % par ESPN International (contrôlé à 80 % par Disney à travers ABC et à 20 % par The Hearst Corporation) et Sport Capital Partners (30 %).
L’histoire du sport
Visant un potentiel de 3 millions d’abonnés, ESPN Classic Sport entend se démarquer de ses concurrents en proposant les grands événements de l’histoire du sport. “Nous réussirons car c’est un concept unique”, affirme de Roch Pellerin, directeur général Europe de la chaîne. Malgré son originalité, ESPN Classic devra se faire une place dans un paysage audiovisuel français regorgeant de chaînes sportives ?” 6 chaînes, bientôt 7 avec celle de Canal Plus. “Nous n’avons aucun intérêt à nous positionner en frontal des chaînes d’actualité”, reconnaît Roch Pellerin. Ancien actionnaire d’Eurosport à hauteur de 33 % jusqu’à mai 2000, ESPN connaît bien le marché français. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si la filiale de Disney a préféré délaisser son véritable savoir-faire ?”l’actualité?” pour signer son retour.Ce “groupe plurimédia international spécialisé dans le sport”, dixit Timo Lumme, vice-président Europe d’ESPN International, est à l’antenne depuis le 7 septembre 1979. En quelque 20 ans, ce pionnier des networks américains de sport a réussi à s’imposer comme le leader du marché aux États-Unis avec 86 millions de foyers abonnés.Dans le monde, ESPN est présent dans 113 millions de foyers. Certes, les taux d’audience de ses principaux canaux ?” ESPN, ESPN2, ESPNews ?” ont chuté de 14 % entre 2000 et 2001 aux États-Unis. Mais à domicile, ESPN reste en position dominante vis-à-vis des opérateurs du satellite et du câble. La filiale de Disney peut ainsi se permettre d’imposer à ses distributeurs des reversements doublés par rapport à ceux perçus par les autres chaînes thématiques.“Le sport est, avec le cinéma, le plus fort facteur d’abonnement sur le câble et le satellite”, rappelle Roch Pellerin. ESPN a décliné son modèle hors de ses frontières dès 1983 avec son unité de syndication de programmes, puis en 1988 avec la création de sa division International. ESPN Classic, version américaine, n’existe que depuis 1997. Elle comptait alors 10 000 abonnés, elle en recense 39 millions début 2002. Sa cons?”ur canadienne, née en septembre 2001, connaît la même réussite : elle se classe dans les cinq meilleures audiences des chaînes créées la même année.
Inflation des droits sportifs
Tirant les leçons de ces expériences, Timo Lumme n’hésite pas à affirmer que ESPN Classic “est un excellent support pour l’implémentation d’un réseau en Europe “. V?”u pieux, simple déclaration d’intention ou promesse ? Deux éléments s’opposent à l’enthousiasme du vice-président d’ESPN International. D’une part, la question des droits sportifs. En fonction des marchés géographiques, ESPN s’attache traditionnellement à proposer des programmes sur les sports nationaux. Cette stratégie risque fort de démontrer ses limites dans un marché européen où les coûts des droits de diffusion ont grimpé de façon vertigineuse cette dernière décennie. Ensuite, les mêmes droits sportifs ont eux aussi connu une forte inflation sur le marché américain. Lorsque, le 22 janvier dernier, ESPN emporte les droits de retransmission des matchs NBA (ligue professionnelle de basket), la facture atteint 2,4 milliards de dollars (2,75 milliards d’euros). NBC avait payé moitié moins une décennie de droits au début des années 1990. C’est dans ce contexte économique inflationniste que Timo Lumme va essayer de développer les déclinaisons d’ESPN. La version Classic apparaît aujourdhui la plus raisonnable.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
