Le Premier ministre a annoncé vendredi 27 août une enveloppe financière de 130 millions d’euros dédiée aux tiers-lieux. A la croisée des chemins entre espaces professionnels et d’échanges, fablabs ouverts à la bidouille et à l’impression 3D, cadre de rencontres, d’apprentissage ou extension de l’espace familial, les tiers-lieux épousent de nombreuses formes et ne se sont véritablement imposés qu’à partir de 2018 auprès du gouvernement, lorsqu’il a soutenu la création de l’association France Tiers-Lieux l’année suivante.
Son président Patrick Levy-Waitz dresse un état des lieux du phénomène dans un rapport remis en cette fin de semaine à Jean Castex. Un chiffre ressort de ce rapport, 100 manufactures de proximité vont être labellisées et équipées.
3 500 tiers-lieux attendus en 2022
Il y aurait plus de 2 500 tiers-lieux en France. Une présence en forte croissance puisque l’on en comptait 1 800 en 2018 et qu’il y en aura probablement 3500 d’ici 2022. Ils sont présents partout, y compris dans les zones rurales. Les plus connus, Make ICI à Montreuil, le Plateau Fertile à Roubaix, la Manufacture du Puy au Puy-en-Velay, l’Atelier normand à Carpiquet.
Au départ installés principalement dans les centres urbains, ils sont devenus majoritaires hors des métropoles et essaiment dans les villes moyennes, les villages, les quartiers prioritaires. On retiendra encore que 2,2 millions de personnes sont venues dans un tiers-lieu et que 150 000 y travaillaient quotidiennement en 2020.
Un concept né en 1989
Les tiers-lieux, ce sont des « lieux où l’on fabrique et l’on fait des choses ensemble », comme nous l’explique Patrick Levy-Waitz.
« C’est un mouvement citoyen, privée, à l’origine alternatif, contre la société telle qu’elle était organisée il y a vingt ans. On partage, on fait avec, on fait ensemble, on coopère », ajoute-t-il.
Le mot a été inventé par le sociologue américain Ray Oldenburg en 1989. Il désigne des espaces protéiformes qui se situent entre le public et le privé. Ils ont globalement en commun d’être nés avec la société numérique. 75% d’entre-eux abritent du coworking, sans que cela soit exclusif. Ils accueillent aussi de l’incubation, des fablabs, des formation aux nouvelles technologies et d’initiation aux pratiques numériques. Ce n’est donc pas un hasard si le secrétaire d’Etat au numérique Cédric O s’appuie déjà sur eux pour favoriser l’inclusion et prévoit d’y envoyer des conseillers numériques.
Outre ce qui est lié au numérique, les tiers-lieux hébergent des ateliers d’artisanat, des activités culturelles et sociales, des cuisines partagées ou encore des terres agricoles et des jardins partagés.
L’environnement, à travers le recyclage ou la récupération, est également une thématique qui monte. Les structures sont variées : associations, SARL ou encore Scop.
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Coller au plus près des besoins locaux
Pour Patrick Levy-Waitz, tout l’enjeu est d’accompagner ce mouvement et de monter des outils plus structurants sans formater ni dénaturer ces initiatives. « Il ne faut pas les transformer en lieux public. Ils perdraient tout dynamisme. Une mairie, par exemple, c’est triste. Il n’y a pas de lien social », prévient encore le président de l’association France Tiers-Lieux.
Ces espaces d’hyper proximité ne sont pas pilotés depuis Paris, mais apparus de manière spontanée et ils sont en phase avec les besoins locaux. Le gouvernement y voit donc un outil précieux qui pourrait servir l’aménagement du territoire.
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