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Erwin Königs, président-directeur général de Software AG : ” Dans ce milieu depuis 25 ans, je n’ai jamais vu une telle crise “

Pour l’éditeur allemand de logiciels professionnels Software AG, le rival de SAP, l’atonie de l’investissement high-tech ne cessera qu’en 2003. Au mieux.

La rentrée ne semble pas s’accompagner de la reprise. Est-ce aussi votre sentiment ?Depuis que la frénésie du passage à l’an 2000 et du commerce électronique est retombée, le business est redevenu désespérément plat. Je n’ai jamais connu une telle crise. Et il y a plus de 25 ans que je travaille dans ce milieu ! Que ce soit dans le logiciel ou dans les services informatiques, chaque fournisseur essaie, sans grand succès, de casser les prix pour passer en force.Comment cette crise se traduit-elle sur le terrain ?C’est très simple : quand on leur propose d’installer des logiciels dans leur entreprise, ou de renouveler leur parc de logiciels, nos clients nous disent : “OK, on y va.” Mais quand on leur demande de conclure, tout est remis en cause. Ils ne veulent plus s’engager, sinon pour des contrats limités dans le temps et beaucoup plus petits. Je m’en suis ouvert à un analyste de Goldman Sachs, qui a fait le même constat que moi : les entreprises préfèrent utiliser des logiciels ou des équipements qu’elles ont achetés il y a deux ou trois ans, et qui n’ont jamais servi. Je crois d’ailleurs que ce phénomène est général. Dans votre journal, j’ai lu l’interview de Henning Kagermann, patron de SAP [lire Le Nouvel Hebdo du 28 juin, ndlr]. Il constate, lui aussi, que les investissements dans la high-tech sont remis à plus tard. Toujours plus tard…Jusqu’à quand exactement ?J’ai bien peur que nous ayons à subir une nouvelle crise du pétrole, voire même, beaucoup plus grave, une nouvelle attaque terroriste. Rien n’est certain toutefois. Si aucune de ces menaces ne se réalise, les investissements dans les technologies de l’information repartiront en 2003. Souvenez-vous de ce qui s’est passé après la guerre du Golfe : le business a profité à plein de l’irruption d’internet dans la vie des gens. Demain, avec la généralisation de l’informatique nomade, la banalisation du langage XML, mouvement décisif auquel nous participons activement, c’est exactement ce qui va se passer. Il faut donc rester optimiste sur le long terme.Quels seront, d’après vous, les outils du renouveau ?Les téléphones mobiles, bien sûr, mais aussi les assistants personnels, les ordinateurs portables… en fait, un peu tout. Sans compter les appareils hybrides dont nous n’avons même pas l’idée. Car dans ce domaine, tout reste à faire. Il faut arrêter de ressasser l’exemple décevant du WAP, trop limité en termes de capacité, intimement lié au téléphone mobile, lui-même tributaire de son écran à taille réduite. L’urgence est de travailler sur l’ergonomie, l’interopérabilité et la transparence des appareils et des applications. Du moins si l’on veut, comme c’est notre cas, obtenir rapidement un effet de levier sur la consommation et l’investissement. C’est ce à quoi nous nous employons.Quels sont vos projets immédiats ?Certainement pas des acquisitions, ce n’est pas à l’ordre du jour. Nous avons assez à faire ! Mais nous finalisons actuellement de gros contrats dans le domaine des bases de données. Nous travaillons en particulier avec la CIA et le FBI. Nous intervenons aussi dans le monde de la santé, notamment en France, avec des projets de mise en ligne du “dossier patient”. L’objectif est de constituer [avec les hôpitaux, ndlr] une base référentielle très complète et très précise en tirant parti des bases de données disponibles. Tout ce qui va dans ce sens nous intéresse au premier chef.Pour vous, l’administration électronique serait donc un relais de croissance potentiel ?Oui. Absolument. Le fait de relier le citoyen aux institutions, que ce soit au niveau local, national ou européen, est très important. Non seulement pour les fournisseurs de logiciels, mais aussi pour l’ensemble de l’économie. Au moment où tout plonge ?” et je pense notamment au secteur bancaire, où beaucoup de projets sont au point mort ?”, les gouvernements, eux, ont l’air de vouloir mettre résolument l’accent sur cette approche.Vous sentez-vous Allemand, Européen ou international ?Nous sommes actuellement la deuxième société allemande de logiciels [derrière SAP, ndlr], mais nos performances ne sont pas toujours considérées au niveau qu’elles mériteraient. Pour vous donner une idée, nous commercialisons des bases de données plus puissantes, c’est-à-dire plus rapides, que celles d’IBM et d’Oracle. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les experts indépendants. Et, dans le domaine du logiciel pour grands systèmes, nous sommes aujourd’hui le numéro 2 au niveau mondial, juste derrière IBM. Et nous réalisons, désormais, plus du tiers de notre chiffre d’affaires aux États-Unis.À ce propos, qui certifie vos comptes ?Ce n’est pas Andersen, si c’est ce que vous voulez savoir ! Nous travaillons principalement avec le cabinet BDO. Et notre réputation dans la sphère financière est assez bien établie : je connais à peu près trente banques d’affaires dont les analystes suivent notre valeur.

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Pierre-Antoine Merlin