En septembre 2022, Philip Paxson, un Américain de 47 ans résidant en Caroline du Nord, a pris la route au volant de sa voiture. Pour regagner son domicile, il a demandé à Google Maps de lui indiquer l’itinéraire idéal. Malheureusement, le GPS a guidé Paxson vers un pont en ruines de la petite ville de Hickory, dont l’effondrement remonte à 2013. En l’absence de barrière ou du moindre panneau d’avertissement, l’automobiliste a fini sa course dans une rivière. Il s’est noyé.
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Google épinglé pour négligence
Deux ans après le drame, la famille de Paxson intente un procès contre Google. L’action en justice, intentée par la veuve, accuse le géant de Mountain View d’avoir fait preuve de négligence. La plainte a été déposée devant la Cour supérieure de Caroline du Nord dans le comté de Wake, où Alphabet, maison mère de Google, dispose d’un siège social.
D’après les avocats chargés de l’affaire, la tragédie aurait pu être évitée si Google avait pris la peine de mettre à jour les cartes de Maps. La plainte précise que les résidents de Hickory ont plusieurs fois demandé à Google de déployer une mise à jour sur son application de cartographie.
La plainte comporte plusieurs preuves démontrant que des habitants de Hickory ont effectivement contacté Google pour obtenir une mise à jour d’urgence. Un résident a notamment utilisé la fonction « suggérer une modification » de l’application pour alerter au sujet du pont de Snow Creek en septembre 2020, soit deux ans avant la mort de Paxson. L’interface du service permet en effet de signaler une erreur, un changement ou une approximation en quelques clics. Sur son site, Google encourage d’ailleurs ses usagers à prendre la parole :
« N’hésitez pas à nous informer si nous devons ajouter des routes sur Google Maps ou si un élément indiqué sur la carte n’est pas correct ».
Un mail de confirmation, joint à la plainte, prouve que Google a bien reçu la requête de l’internaute, mais rien n’a changé. En dépit des doléances des locaux, Google Maps n’a jamais corrigé le tir. La route n’a jamais été effacée des itinéraires disponibles.
Google Maps redirige toujours vers le « pont vers nulle part »
Depuis l’effondrement du pont de Snow Creek, surnommé « le pont vers nulle part » par les habitants du coin, Google Maps a d’ailleurs « mal dirigé » de nombreux automobilistes sur la même route. C’est une chance que d’autres utilisateurs n’aient pas connu le même sort que Philip Paxson, qui a emprunté la route alors qu’il faisait sombre et pluvieux.
« Comme tant d’automobilistes, Philip a fait confiance à Google Maps pour le ramener chez lui en toute confiance », détaille la plainte, soulignant que ce choix lui a « coûté la vie ».
Actuellement, le pont de Snow Creek est « toujours représenté sur Google Maps comme une route praticable », s’étonnent les avocats chargés de l’action en justice. Dans un communiqué adressé à APNews, Google présente « ses plus sincères condoléances à la famille Paxson », précise que son « objectif est de fournir des informations d’itinéraire précises », et s’engage à se pencher sur la plainte.
Notez que ce n’est pas la première fois que Google Maps est épinglé pour une erreur de navigation. L’an dernier, le GPS a précipité toute une famille dans un ruisseau en Inde. Là encore, Google Maps a guidé l’automobiliste vers un cours d’eau, pourtant bien connu des résidents. Tous les occupants ont pu s’extirper de la voiture, qui a été extraite de l’eau à l’aide d’une dépanneuse.
Plus récemment, certains utilisateurs se sont rendu compte que l’application GPS propose des itinéraires qui ne respectent pas le Code de la route et les règles de circulation, rapporte Actu Rennes. Dans la ville de Rennes, Google Maps se permet parfois de conseiller aux conducteurs d’emprunter un sens interdit. D’après la municipalité, Google a été averti, mais aucune mise à jour n’a encore été déployée.
Sur son site web officiel, Google encourage les utilisateurs à faire preuve de prudence et de discernement lorsqu’ils suivent un itinéraire proposé par Google Maps. Le géant américain admet qu’il « est possible que les conditions réelles soient différentes des résultats sur la carte et du contenu ». C’est pourquoi « l’utilisation de Google Maps/Google Earth s’effectue à vos propres risques » et que vous « êtes responsable de votre conduite et de ses conséquences en toutes circonstances ». Sur le papier, Google se dédouane donc des éventuels accidents dans lesquels son service est impliqué.
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Source : Saltz Mongeluzzi Bendesky
Le conducteur, c’était Michael Scott ?
Quand la réalité rattrape la fiction :
https://www.youtube.com/watch?v=DOW_kPzY_JY
Il est curieux que les autorités locales n’aient pas barré la route ou au moins mis un panneau de sens interdit.
Concernant Google maps, il est étrange que les demandes de rectification aient été sans effet. Ici en banlieue parisienne j’ai constaté que des modifications récentes de chaussée et de sens de circulation faites dans mon quartier ne figuraient pas dans Maps. J’ai utilisé l’interface ad hoc et un mois après le plan du quartier a été mis à jour dans Maps.
Ben, ca dépend du nombre d’usager qui passe dans le coin et des différentes signalisations.
Il est vrai que les autorités locales auraient pu barrer la route et signaler que le pont était impraticable (les avocats de google devraient jouer la dessus), la responsabilité pourrait être partagée.
@Jean-Marc Delaplace :
“Ici en banlieue parisienne j’ai constaté que des modifications récentes de chaussée et de sens de circulation faites dans mon quartier ne figuraient pas dans Maps. J’ai utilisé l’interface ad hoc et un mois après le plan du quartier a été mis à jour dans Maps.”
Google fait ce qui lui chante pour changer les cartes. Pour avoir “suggéré” des modifications plusieurs fois, certaines sont prises en compte, d’autres non. c’est un peu à leur bon vouloir
Question cruciale: une voiture autonome aurait-elle fait la même erreur et tuer tous ses passager ?
Je veux bien admettre l’inertie administrative à modifier une carte par rapport à la réalité du terrain (comment diable faisait-on avant la deferlante du GPS individuel ?!) pour éviter le tout-et-n’importe-quoi mais cela n’empêche pas d’être acteur de sa vie et non pas observateur dans son propre corps et de redoubler de prudence (voire s’arrêter) quand les conditions ne permettent plus la sécurité de ses mouvements.
Franchement, je trouve pitoyable de remettre sa vie de plus en plus aux mains du numérique et d’en accepter les faiblesses de facto, car «c’est quand même bien pratique» et «les principes de précautions font suer», et de les mordre durement quand elles ne répondent pas assez vite à certaines exigences sans remettre en cause ses manquements.
Il faut parfois savoir utiliser son cerveau en plus du GPS.