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Erkki Liikanen (Commission européenne) : ” Un intérêt commun à développer le haut débit “

Le commissaire européen aux Entreprises et à la Société de l’information estime que le développement du haut débit pourra compenser les difficultés rencontrées par les acteurs des télécommunications dans la téléphonie mobile de troisième génération.


01net. : Un conseil européen sur les télécommunications doit se tenir le 15 octobre prochain à Luxembourg. Qu’attendez-vous de ce rendez-vous avec les quinze ministres de l’Union ?
Erkki Liikanen : Cette année, nous avons l’intention de discuter de l’ouverture de la boucle locale. Ce règlement est applicable en théorie depuis le 1er janvier 2001, mais il est important de vérifier l’effectivité de cette décision sur le terrain.Vous avez l’intention de dresser un bilan détaillé, pays par pays, de l’ouverture de la boucle locale. Quelle sera la teneur de ce rapport ?Nous présenterons des données chiffrées. Nous allons en discuter uniquement avec les autorités ?” les gouvernements ?” de chaque pays de l’Union, et non avec les régulateurs [l’Autorité de régulation des télécommunications (ART), en France] qui sont également en charge du dossier.Pour ce qui est du bilan, je dirais que les choses avancent, mais qu’elles n’avancent pas aussi vite que ce que nous attendions. Cependant, le dégroupage doit être achevé au 31 décembre parce que la généralisation du haut débit dépend pour partie de cette mesure.L’ouverture de la boucle locale coïncide avec un effondrement de la capitalisation boursière des sociétés de télécommunications. N’existe-t-il pas un risque de les enfoncer un peu plus dans la crise ?Nous savons que les opérateurs historiques risquent de perdre une partie des revenus dont ils bénéficiaient en l’absence de concurrence. Mais l’histoire prouve aussi que l’innovation générée par la concurrence crée de la valeur dont tous les opérateurs pourront tirer profit.Justement, quel jugement portez-vous sur la crise des télécommunications ?Je ne veux pas faire de commentaires sur les marchés financiers. Toutefois, je pense que, sur le long terme, la téléphonie mobile reste une source de développement pour les opérateurs.La vente de licences pour la téléphonie mobile de troisième génération a contribué à l’endettement du secteur. Quelles dispositions avez-vous prises pour remédier au problème ?Nous avons demandé aux régulateurs, aux administrations nationales et aux opérateurs de prendre des dispositions permettant le partage des réseaux UMTS. Cela commence à prendre corps [en Allemagne, E-plus et 3G ont signé vendredi un accord de coopération en ce sens, NDLR].A l’avenir, lors des prochaines enchères, chaque pays devra présenter ses propositions aux autres pays de l’Union pour approbation. Les opérateurs connaîtront les règles du jeu dans l’ensemble de l’Union européenne avant même que le processus des enchères ne démarre. Nous voulons éviter cette fragmentation dans l’attribution des licences.Un abaissement du prix des licences est-il exclu ?Les gouvernements nationaux ont lancé le processus des enchères pour récolter de l’argent. La compétence de la Commission européenne sur ce dossier consiste à vérifier la légalité du processus. Cela reste notre mission aujourd’hui avec le partage des infrastructures UMTS entre opérateurs.Votre décision sur le partage des réseaux UMTS ne risque-t-elle pas de nuire aux équipementiers qui fournissent ce type d’infrastructures ?Il y a un risque, et c’est pour cela que nous avons fixé des limites au partage des réseaux UMTS. Nous conservons ce droit de regard aujourd’hui. Nous pensons aussi que les dépenses en équipements IT des pouvoirs publics vont créer de nouveaux marchés pour les équipementiers. Les pays de l’Union ont, par exemple, un intérêt commun à développer l’accès à haut débit.Vous portez une attention particulière aux contenus, notamment dans le cadre de l’Internet mobile. Comment comptez-vous agir pour relancer un secteur sinistré par la crise des dot-com ?Il faut rappeler que les consommateurs sont prêts à payer pour les services et les contenus plutôt que pour les technologies comme on l’a vu pour le WAP. A ce titre, les Japonais ont réussi à créer des contenus adéquats dans le cadre de l’i-mode. Il y a des choses qui ne me conviennent pas dans l’i-mode, mais le modèle économique choisi par les fournisseurs de contenus est viable ?” le consommateur est libre de choisir une variété de services payants.La Commission européenne va devoir étudier l’offre de fusion HP-Compaq. Ajoutons à cela que, pour les analystes, la consolidation de l’industrie informatique est inévitable. Quelle sera la position de la Commission de Bruxelles sur ce dossier ?Mario Monti, le commissaire européen à la Concurrence, est la personne naturellement en charge de ce dossier, même si je sais qu’il me consultera. La consolidation dans de nombreux secteurs est souhaitable, notamment pour accroître la compétitivité des entreprises. Dans le cas de l’industrie informatique, nous regarderons les choses au cas par cas. Mais il est évident que nous veillerons à ce que ce processus n’entrave pas la concurrence dans ce secteur.

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Gérald Bouchez