Passer au contenu

Eric Woerth (secrétaire d’Etat à la réforme de l’Etat)

‘ L’administration électronique invente son service consommateur. ‘

Acteur de la réforme de l’Etat, Eric Woerth expose les principaux axes de la modernisation, et se veut rassurant dans son utilisation tant par l’Administration que pour ses usagers.01 DSI : Quel est l’effort financier du gouvernement en faveur de l’administration électronique ?


Eric Woerth : L’effort du gouvernement est de 1,8 milliard d’euros pour développer l’administration électronique dans le cadre du programme Adèle pour la période 2004-2007. Par rapport à l’Allemagne
(1,6 milliard d’euros) et au Royaume-Uni (1,4 milliard), nous sommes dans une logique de rattrapage. La France n’a donc pas à rougir. Ainsi, selon une étude de Capgemini, elle est passée de la quatorzième à la septième place mondiale en
matière d’utilisation de l’administration électronique.


A côté de cela, l’Etat dépense 2,5 milliards d’euros par an pour l’ensemble de son informatique. En outre, nous allons réactualiser chaque année le contenu du programme Adèle. Par exemple, utiliser la voix sur IP
[téléphonie sur Internet, NDLR] dans l’Administration. Nous pourrons ainsi aller plus loin pour réaliser des économies, tout en améliorant l’efficacité de l’argent dépensé.De quelle manière, et à quelle hauteur, ces investissements peuvent-ils contribuer à réduire la dette de l’Etat ?


L’administration électronique réduira, bien sûr, les coûts de fonctionnement. On observe souvent que la mise en ligne des processus génère des gains de productivité de l’ordre de 20 à 30 % sur les activités concernées. Toutes
administrations confondues, ils ont été évalués à environ 5 à 7 milliards d’euros à l’horizon 2007.


En fait, l’administration électronique est un enjeu, à la fois, en matière d’usage, par la simplification de l’accès aux services administratifs, et en termes financiers. Elle permet aussi de réformer les structures de l’Etat. Car,
avec la mise en ligne, on simplifie les processus administratifs. On enclenche alors un cercle vertueux, y compris dans les mentalités. Aujourd’hui, le développement de l’administration électronique ne rencontre plus de réticence. En revanche, il
requiert au départ un investissement humain et financier.


Des questions juridiques se posent aussi, auxquelles il faut répondre. Avec les mesures à prendre en matière de sécurité informatique. Par exemple, la carte d’identité électronique nécessite une réflexion approfondie.Ne craignez-vous pas l’effet Big Brother ?


Cette peur existe depuis les débuts de l’informatisation de l’Etat. La carte d’identité électronique servira essentiellement de support à la signature électronique. Jusqu’ici, la signature électronique a fonctionné pour le secteur privé.
Sur ce point, la loi sera changée d’ici à la fin de l’année. Cette carte, qui entrera en vigueur d’ici à deux ou trois ans, garantira aux citoyens la sécurité de leurs données personnelles ?” nous travaillons en étroite relation avec la
Cnil [Commission nationale de l’informatique et des libertés, NDLR].


En fait, elle permettra d’accéder à différents services publics, tout en garantissant que les données personnelles ne sont pas mélangées. Les différentes bases de données publiques resteront bien séparées. Mais il est vrai qu’il faudra
prendre le temps d’expliquer cela aux Français.L’administration électronique peut-elle rendre l’Etat aussi rentable qu’une entreprise ?


Il faut que l’Administration passe de la culture de la procédure à celle de l’engagement dans la performance. Ceci dit, l’Etat est vraiment très différent d’une entreprise. On ne peut pas en parler en terme de rentabilité, mais plutôt de
performance. Par exemple, avoir un seul professeur pour quatre élèves n’est pas rentable. Mais c’est une performance, s’il s’agit d’élèves handicapés.


Le Medef vous critique car il pense qu’il y a trop de mesures en faveur du citoyen, et pas suffisamment en faveur de l’entreprise… Il est vrai que le plan Adèle comporte de nombreuses mesures en faveur du citoyen. Mais TéléTVA,
la création d’entreprise en ligne, le service Emploi entreprise et le Titre emploi sont des mesures importantes pour l’entreprise. De même que la dématérialisation des appels d’offres. En outre, Adèle sera réactualisée tous les ans. Toute
proposition de la part des entreprises sera la bienvenue.Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement dans l’administration en ligne ?Sa vitesse, d’abord, et le fait qu’elle facilite au maximum la vie des Français : avec le service de changement d’adresse, lorsque vous déménagerez, toutes les administrations concernées en seront informées si vous le souhaitez.
Plus besoin de courir d’un service à l’autre (Sécurité sociale, Trésor public…).


Enfin, j’apprécie aussi l’idée du centre d’appel, le 3939, véritable ‘ service de renseignements ‘ de l’Administration. C’est comme pour la vente par correspondance ! Acheter une voiture, voter, calculer
l’impôt sur le revenu… Vous pouvez demander comment faire. Votre question peut également faire l’objet d’une réponse approfondie et personnalisée. En expérimentation dans la région Rhône-Alpes et, en juillet, en Aquitaine, ce service,
sous-traité à la société Phone Marketing, sera déployé au niveau national en octobre.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Erick Haehnsen