Il n’est pas rare de voir en France un brillant énarque mettre à mal une société nationale (banque, entreprise de transport…), démissionner pour éviter le scandale puis de le retrouver, quelques mois plus tard, à la tête d’une autre entreprise nationale, où il pourra de nouveau sévir.On croyait ces pratiques inhérentes au système français et bien éloignées de celles de la Silicon Valley, monde impitoyable, gouverné uniquement par le souci de rentabilité. Il semblerait pourtant qu’il existe des exceptions et que certaines personnes, à l’image de nos énarques, réussissent à passer entre les gouttes.Ainsi, après avoir quitté son poste de PDG de Novell à la suite d’une mauvaise année 2000 et d’un premier trimestre 2001 calamiteux (tout en restant toutefois au conseil d’administration de l’éditeur comme responsable de la stratégie technologique), voilà qu’Eric Schmidt arrive chez Google, start-up qui a développé et exploite le moteur de recherche le plus puissant et le plus évolué d’Internet.La nouvelle a de quoi surprendre. Certes, Eric Schmidt n’a pas mis Novell à genoux comme ont réussi à le faire certains énarques pour les banques ?” florissantes avant leur arrivée au pouvoir ?” dont il ont pris la direction ; mais il laisse quand même l’éditeur de Netware dans une situation aussi délicate que celle où il l’a trouvé, lui qui était pourtant attendu comme le Messie.S’il a largement infléchi la stratégie de Novell, Eric Schmidt n’a en effet pas amené le second souffle salvateur et l’entreprise se trouve toujours au bord du gouffre, quatre ans après qu’il en a pris la direction. Certes, encore, le Dr Schmidt n’arrive pas comme PDG de Google, mais néanmoins comme chairman du conseil d’administration où chacun se serre un peu pour lui faire une place autour de la table.Larry Page, l’un des fondateurs de Google, l’accueille même comme ” un brillant scientifique et un homme d’affaires avisé “. Nul ne conteste la valeur scientifique d’Eric Schmidt. En revanche, on peut être plus dubitatif sur ses qualités de capitaine d’industrie. Reste cependant un dernier élément au tableau pour qu’il soit complet : Eric Schmidt détient une part non négligeable du capital de Google. Ceci explique sans doute cela.Prochaine chronique le vendredi 20 avril 2001
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