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Enum, le numéro unique avance à petits pas

Créé à l’initiative de l’ART, le groupe de travail sur le protocole de téléphonie-Internet Enum vient de remettre son tout premier rapport. Il attire l’attention sur les risques d’enlisement du projet de numéro unique.

Téléphone, e-mail, fax, site Web… Avec le nouveau protocole Enum, toutes les coordonnées d’une personne ou d’une entreprise seront désormais accessibles via un seul numéro. A l’étude dans 155 pays et promu par l’IUT (Union internationale des télécoms) et l’Icann, ce tout nouveau projet n’en est encore qu’à ses prémices mais, au niveau français, l’ART (Autorité de régulation des télécommunications) est bien décidée à lui donner un coup de pouce.Depuis l’été 2001, l’Autorité de régulation des télécommunications a mis en place un groupe de travail ad hoc qui vient tout juste de présenter la synthèse de ses travaux.Le premier objectif des institutionnels et des industriels consistait à rendre Enum plus concret en définissant une série d’usages. “Une réflexion qui fait encore largement défaut “, selon les rapporteurs. Après plusieurs mois de discussions, cinq grandes utilisations ont donc été identifiées. Enum devrait notamment permettre de regrouper et de faciliter la gestion des données personnelles d’un individu. Il doit aussi faciliter le rapprochement entre téléphonie classique et téléphonie sur IP.Ce protocole permettra également de récupérer toutes les coordonnées numériques d’une personne en ne connaissant que son numéro de téléphone. Autre utilisation : simplifier l’accès à des sites Web via les mobiles. Il suffira en effet de composer le numéro de téléphone d’une entreprise pour accéder à son site.

Un service destiné aux entreprises

Reste que, pour le groupe de travail, les choses sont claires : ” Les entreprises représenteront vraisemblablement le premier marché d’Enum. Viendront ensuite les indépendants, puis le grand public, en commençant par les utilisateurs de mobiles et les technophiles. “Autre grand débat soulevé par les participants : le choix du nom de domaine de référence qui permettra la formation des numéros Enum. Pour l’heure, le protocole doit en effet être inséré dans le domaine .arpa, dont la responsabilité administrative dépend du ” Department of Commerce ” américain. Une solution qui a suscité “des inquiétudes et des réserves légitimes”, au sein du groupe de travail.Le groupe entend donc soutenir le rôle de l’IUT comme responsable administratif du domaine en proposant l’utilisation du domaine e164.arpa. Une position défendue par la France, l’Allemagne et d’autres pays, mais qui ne contente pas les Etats-Unis.Second sujet de débat, tout aussi passionné : qui sera chargé de la gestion des bases de données Enum ? “C’est à ce niveau que se situe l’essentiel des enjeux “, prévient le groupe de travail. Pour les rapporteurs, la meilleure solution consiste à confier cette responsabilité aux opérateurs.Cette solution semble présenter les meilleures garanties, car le mécanisme de validation ne fait pas intervenir d’entité tierce et elle permet d’éviter la commercialisation des noms Enum. Les observateurs se sont également félicités du lancement par la France d’une première expérimentation grandeur nature. Présenté par un consortium, composé de France Télécom, Orange, SFR, l’Afnic et l’INT, le projet ” Numérobis ” devrait débuter sous peu et durer vingt mois au total.Ce rapport ne constitue en tout cas qu’une première étape. Le ministère de l’Industrie et l’ART ont en effet décidé de reconduire le groupe de travail, et celui-ci devrait être de nouveau réuni dans les mois à venir.Pour que Enum réussisse, il reste maintenant à convaincre l’ensemble des partenaires internationaux et à agir vite, très vite… Les rapporteurs ne se font guère d’illusions : “Si les discussions en cours, au niveau mondial, s’éternisent ou si le système qui en résulte est perçu comme trop contraignant et long à mettre en place, le marché choisira rapidement d’autres solutions.”

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Didier Forray