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Entre la crypto et l’IA, Nvidia a fait son choix

Nvidia ne veut plus entendre parler du minage des cryptomonnaies. Après avoir amassé une fortune grâce aux mineurs, la firme abandonne complètement le secteur… et préfère se tourner vers l’IA, un nouveau domaine très lucratif.

Nvidia dresse un constat acerbe de l’industrie des cryptomonnaies. Dans le cadre d’une interview accordée à nos confrères du Guardian, Michael Kagan, directeur technique de la firme, a estimé que les monnaies numériques, comme le Bitcoin ou l’Ether, sont en fait complètement inutiles :

« Tout ce truc crypto, il avait besoin de composants spécifiques, et Nvidia est le meilleur, donc les gens viennent les programmer (NDLR : les GPU de le marque) pour les utiliser à cette fin. Ils ont acheté beaucoup de choses, puis finalement, elles (NDLR : les cryptos) se sont effondrées, parce qu’elles n’apportent rien d’utile pour la société ».

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Nvidia quitte la crypto

L’entreprise américaine a donc décidé d’abandonner totalement le secteur des cryptoactifs. Sauf changement de stratégie, Nvidia ne développera plus de cartes graphiques spécifiquement consacrées au minage, malgré les profits générés par les mineurs.

« Je n’ai jamais cru que la crypto soit quelque chose qui contribuera au bien de l’humanité. Vous savez, les gens font des trucs dingues, mais ils achètent vos trucs, vous leur vendez vos trucs. Mais vous ne redirigez pas l’entreprise pour supporter une chose pareille », ajoute Michael Kagan.

En effet, les machines construites par Nvidia sont très appréciées par le monde du minage. Pour miner certains tokens, comme l’Ether avant la mise à jour de l’an dernier, les mineurs ont en effet besoin d’une puissance de calcul considérable. Ils se sont alors massivement tournés vers les GPU, fabriqués par Nvidia, mais aussi par AMD, pour équiper leurs installations.

Ces dernières années, Nvidia a de ce fait profité du boom des cryptomonnaies pour vendre un volume considérable de cartes graphiques. Tandis que le cours des cryptoactifs explosait à la hausse, entre 2020 et 2021, Nvidia et AMD ont vendu pour des milliards de dollars de cartes graphiques aux mineurs. Sans surprise, l’appétit des mineurs a dopé les résultats de Nvidia et de son rival. Il a aussi contribué à aggraver la pénurie de cartes graphiques, qui s’est progressivement terminée l’an dernier à mesure que le secteur des cryptos se contractait et que l’Ether passait à la Proof of Stake.

Pour mémoire, la société de Santa Clara ne s’est jamais montrée très ouverte aux mineurs de cryptomonnaies. En 2021, Nvidia avait commencé par brider ses GPU pour dissuader les fermes de minage de s’en servir. Le géant américain expliquait avoir « conçu les GPU GeForce pour les joueurs », et refusait que les stocks soient accaparés par les centres de minage. Pour contenter tout le monde, Nvidia a cependant mis au point plusieurs cartes graphiques destinées aux mineurs, comme la CMP 170HX, taillée pour la blockchain Ethereum.

Cap sur l’IA

Plutôt que de miser sur la cryptomonnaie, Nvidia a choisi de se tourner vers l’intelligence artificielle, une technologie rapidement devenue incontournable depuis l’essor fulgurant de ChatGPT, Midjourney ou Dall-E.

« Avec ChatGPT, tout le monde peut maintenant créer sa propre machine, son propre programme : il vous suffit de lui dire que faire, et il le fera. Et si cela ne fonctionne pas comme vous le souhaitez, vous lui dites “je veux quelque chose de différent” », s’enthousiasme Michael Kagan.

En miroir des cryptomonnaies, les intelligences artificielles ont besoin d’une grande puissance de calcul pour fonctionner. Microsoft, qui cherche à s’imposer comme le grand leader du secteur, a dépensé sans compter pour concevoir le superordinateur qui anime ChatGPT et les autres solutions d’OpenAI. L’éditeur de logiciels a notamment acheté des dizaines de milliers de GPU A100, taillés pour l’IA, à Nvidia.

Sans surprise, cette commande massive a rapporté un joli pactole au fondeur américain, bien décidé à surfer sur cette nouvelle tendance. De son côté, Amazon a acheté 20 000 GPU H100 pour Amazon Web Services, contre 16 000 pour l’éditeur Oracle. On se souviendra aussi que Nvidia a développé sa propre intelligence artificielle, Omniverse. Destinée aux professionnels, elle est capable de générer des objets et des personnages en 3D pour peupler les métavers.

Une nouvelle tendance ?

Quelques semaines plus tôt, Meta a amorcé un virage analogue dans sa stratégie. Le titan de Menlo Park a préféré mettre sur pause les projets relatifs aux tokens non fongibles (NFT), des actifs numériques intrinsèquement liés aux cryptomonnaies, pour se focaliser sur l’IA. Mark Zuckerberg, PDG et fondateur de Meta, assure d’ailleurs que l’intelligence artificielle représente « l’investissement le plus important » de l’entreprise pour les mois à venir. Face à l’essor de ChatGPT et consorts, les cryptomonnaies sont-elles tout à coup perçues comme désuètes par les géants de la tech ?

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Source : The Guardian


Florian Bayard