A partir du 10 janvier, des logiciels seront chargés de détecter en amont de la mise en ligne les objets incitant à la haine raciale et à la violence. Les dépositaires de ces articles recevront alors un message les informant du refus de Yahoo ! de les mettre aux enchères avec un lien sur les conditions d’utilisation du service. Les vendeurs pourront cependant réclamer une expertise plus approfondie a posteriori.Selon le New York Times, si la mesure avait été appliquée dès décembre, elle aurait concerné plus de 1000 objets faisant l’apologie du nazisme ou du Ku Klux Klan.
Satisfaction des associations
Par cette mesure, Yahoo ! répond tardivement aux demandes des associations de défense des droits de l’homme. En France, la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) a notamment obtenu la condamnation de Yahoo !, le 20 novembre dernier. Le portail américain disposait alors de trois mois pour mettre son site international en conformité avec la loi française, sous peine d’une astreinte de 100 000 francs par jour.” La décision unilatérale prise par Yahoo ! va au-delà de ce que nous espérions puisque nous demandions juste l’application de la loi française, et notamment la mise en place de filtre interdisant aux internautes français l’accès aux objets nazis, explique Marc Knobel, membre du comité directeur de la Licra. Elle représente également une avancée par rapport à la décision prise par eBay au mois d’octobre. ” En effet, eBay avait décidé d’interdire sur son site français les enchères d’objets nazis ou relatifs au Ku Klux Klan uniquement pour les articles de moins de 50 ans.Même satisfaction aux Etats-Unis pour le Centre Simon Wiesenthal et la Ligue antidiffamation (ADL) qui ont fait pression sur le site américain depuis le printemps 2000. Les deux organisations ont toutefois réclamé l’extension de cette mesure aux pages personnelles hébergées par Geocities (racheté par Yahoo !) et aux forums de discussions.
Epilogue judiciaire à venir
” La société a mené sa propre réflexion sur les aspects éthiques et moraux et a pris une décision en conséquence “, explique Nathalie Dray, responsable de la communication pour Yahoo ! France. En revanche, la société américaine ne retirera pas le recours présenté devant la cour de San Jose (Etats-Unis) à la fin décembre. Le portail Internet veut obtenir un ” jugement déclaratoire “, c’est-à-dire une procédure qui permet de vérifier la compatibilié du jugement français avec une société de droit américain.
La publicité ne fera plus recette
La plate-forme de commerce électronique de Yahoo ! profite de l’occasion pour opérer une refonte de son modèle économique. Objectif du site américain : réduire la dépendance publicitaire du site d’enchères, la pub représentant actuellement près de 80 % de son chiffre d’affaires.Pour déposer un objet aux enchères, les vendeurs devront désormais payer un droit d’entrée variant entre 20 cents et 2,3 dollars. Ce changement constitue une innovation majeure dans le domaine des enchères. Pour le moment, une majorité de sites d’enchères sont gratuits, hormis eBay qui prélève une commission sur les ventes. Yahoo !, en instaurant un droit de publication des annonces, tente donc d’instaurer un nouveau mode de fonctionnement.En 2000, Yahoo ! a proposé chaque jour 3 millions d’objets. Reste à savoir si, avec un modèle payant, Yahoo ! rencontrera toujours le même succès.
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