Nous ne sommes plus une société manufacturière, mais une entreprise de recherche et développement.” Un constat qui a amené Serge Tchuruk, PDG d’Alcatel, à élaborer un vaste plan de vente d’usines. Après discussions avec les partenaires sociaux, sur une centaine de sites de production dans le monde, une cinquantaine seront concernés (treize mille cinq cents personnes), dont six en France (trois mille trois cents salariés). L’équipementier affirme qu’il ne devrait pas y avoir de “drames sociaux “. Les activités non directement liées à son c?”ur de métier et celles comportant peu de valeur ajoutée, comme les composants électroniques classiques, seront donc cédées aux champions de la production de masse, les Solectron, Flextronics, Celestica ou autres Samina. C’est ainsi que, récemment, Alcatel a reconverti l’usine d’Illkirch à la fabrication de composants optiques, tandis que celle de Laval (téléphones mobiles) est cédée à Flextronics, qui s’engage à reprendre les huit cent trente salariés.
Le “sans usine” ne concerne pas que les mobiles
Cette stratégie du ” sans-usine ” n’est pas propre à l’industriel français. En fermant l’usine du Mans, Philips n’a pas fait autre chose (à la différence qu’il n’y a pas de repreneur). Et, au printemps, Ericsson avait, lui aussi, cédé la fabrication de ses combinés cellulaires au même Flextronics. Le mouvement déborde d’ailleurs largement le monde du mobile. Cisco, Lucent et Nortel ont, eux aussi, amplement recours à la sous-traitance en matière de fabrication d’équipements réseaux et télécoms.Un mouvement que l’informatique a déjà connu il y a une vingtaine d’années. A cette époque, les grands (IBM, Digital, Unisys, etc. ) construisaient entièrement leurs systèmes, du processeur aux applications. La vague des systèmes ouverts et l’avènement des standards ont battu en brèche ce modèle, et beaucoup des géants d’autrefois n’ont pas survécu. Ce désengagement des secteurs de conception-fabrication pour se consacrer aux développements à forte valeur ajoutée n’est pas achevé. L’exemple récent de Compaq, qui abandonne le processeur maison Alpha (issu du rachat de Digital) pour choisir l’Itanium d’Intel, le montre. Le Texan va plutôt se focaliser sur l’architecture des machines et l’introduction de nouvelles technologies.La même évolution attend le secteur des télécoms, où l’ère des grands généralistes semble venue. La concurrence ne portera plus sur les briques de base de l’infrastructure et les terminaux – Alcatel, numéro un du DSL, n’a-t-il pas revendu son activité modems à Thomson Multimédia, parce que trop éloignée de son nouveau c?”ur de métier, les opérateurs ? -, qui se banaliseront, mais sur les services réseaux et la manière dont ceux-ci prendront en compte les applications des utilisateurs. Les télécoms vont devenir de plus en plus une industrie de logiciel et de moins en moins de matériel (hormis dans les secteurs de pointe, tels que l’optique).
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