En conflit avec Hachette, Amazon essaye de rallier les écrivains à sa cause

Les premières pressions n’ayant pas fait céder Hachette, Amazon change de tactique et essaye de mettre les auteurs dans son camp pour convaincre l’éditeur d’accepter ses conditions tarifaires sur les ventes de livres électroniques. Explications.

Amazon s’est en effet adressé directement à un petit groupe d’auteurs et à leurs agents dans un courrier. David Naggar, l’un des vice-présidents d’Amazon y proposait que « 100 % des recettes sur chacun de leurs livres électroniques vendus » soient reversés aux écrivains pendant les négociations commerciales en cours.

Le géant de l’e-commerce espérait sans doute séduire les écrivains avec cette offre. Elle a été plutôt mal perçue. Roxana Robinson, présidente de l’Authors Guild, l’association américaine de défense des intérêts des écrivains, a rejeté cette proposition. Elle a expliqué au New York Times que ce que propose Amazon n’est qu’ « une solution à court terme, qui en plus incite les auteurs à prendre partie contre leurs éditeurs ».

Certains des auteurs édités par Hachette ont d’ailleurs publié une lettre [document PDF] au début du mois pour dénoncer la tactique de négociation mise en place par Amazon. L’un d’eux, l’auteur de best-sellers Douglas Preston, a tenu à expliquer que le soutien que lui avait apporté la maison d’édition durant toute sa carrière était bien plus important que ces considérations financières.

Dialogue de sourds

Cette offre a, dans la foulée, été transmise à Hachette qui l’a également déclinée. « Nous invitons Amazon à supprimer les sanctions qu’il a imposées et nous reprendrons les négociations en espérant trouver rapidement une solution. Nous pensons que le meilleur intérêt des auteurs est un contrat avec Amazon qui contient de véritables bénéfices en termes de marketing et dont les termes permettent à Hachette de continuer à investir dans les écrivains, le marketing et l’innovation », a indiqué l’éditeur dans un communiqué relayé par le site Gigaom.com. L’éditeur a par ailleurs souligné qu’accepter une telle proposition serait du suicide.

La riposte d’Amazon n’a pas tardé. Le groupe américain a qualifié ces propos de « sottises ». Pour lui, Hachette fait partie d’un énorme conglomérat [le groupe Lagardère, NDLR] et une telle mesure n’aurait en aucun cas été suicidaire. Il est clair, critique le géant de l’e-commerce, que l’éditeur « veut que ses auteurs restent au milieu de cette négociation, en dépit du tort que ça leur cause, parce qu’il espère que ça lui donne un moyen de pression ».

Retour à la case départ.

Sources : Gigaom.com et New York Times