En 2004, dans la ville portuaire de Tianjin, le jeune Zhang Xiaoyi, 13 ans, se jette du toit d’un immeuble de 24 étages pour, explique-t-il dans une note posthume, ‘ rejoindre ses
héros ‘ du jeu Warcraft : Orcs et humains.A l’époque, l’affaire avait fait grand bruit dans l’Empire du milieu et le 11 mai dernier, la plainte des parents contre le distributeur local, Aomeiwei, a été reconnue valide par la cour basse de justice
populaire du district de Chaoyang à Pékin.Les parents, qui réclament près de 10 000 euros de compensation et un label chinois pour les jeux violents, avaient auparavant tenté de poursuivre l’éditeur et développeur américain du jeu, Blizzard Entertainment, une
filiale de Vivendi. Mais la cour populaire intermédiaire de la ville de Tianjin, qui s’occupe des affaires impliquant des étrangers avait refusé d’examiner le cas. Arguant que le jeu était classé ‘ T ‘ aux
Etats-Unis, c’est-à-dire déconseillé au moins de 14 ans.Aomeiwei ayant omis de reporter cette indication sur la version chinoise, le jeune Zhang Xiaoyi avait commencé à jouer de manière frénétique à l’âge de 11 ans tout en délaissant ses (brillantes) études pour écrire un journal
intime sur les jeux en ligne.Pour Zhang Chunliang, un des avocats de la famille, ‘ Tout comme les centrales électriques sont responsables de la pollution qu’elles induisent, les éditeurs et distributeurs de jeux en ligne devraient être
responsables de la pollution spirituelle causée par leurs produits ‘.
D’autres procès à venir
Les autorités chinoises ont
déjà pris de nombreuses mesures pour limiter l’accès des mineurs aux cybercafés avec, comme dernière action en date, un contrôle des identités rendu obligatoire et une
limitation à 5 heures de jeu consécutives par jour pour les moins de 18 ans. Mais c’est la première fois en Chine que des particuliers attaquent directement un distributeur en justice.Zhang Chuliang, qui est aussi un chercheur reconnu sur le traitement de la dépendance à Internet, explique qu’il représentera les parents de 64 enfants ?” pris dans les mailles de la Toile ?” dans
plusieurs procès à venir impliquant également une dépendance aux jeux en ligne.Selon le rapport de l’Association chinoise des jeunes pour le développement d’Internet, qui dépend du puissant ministère de l’Industrie de l’information, 13,2 % des 16,5 millions de jeunes
utilisateurs seraient désormais totalement accros. Et toujours selon ce rapport, plus de 70 % des actes de criminalité juvénile dans le pays seraient liés à un usage excessif d’Internet et, en particulier, des jeux en ligne.La Chine n’est évidemment pas le seul pays concerné par
laccoutumance aux jeux vidéo et à ses conséquences parfois néfastes. Aux Etats-Unis, Sony Online Entertainment a déjà dû se défendre devant une cour de justice après le suicide, en
2002, d’un adolescent accro au jeu en ligne Everquest. Et c’est au tour de
Grand Theft Auto III de défrayer la chronique puisque le développeur Take-Two Interactive Software et le producteur de la PS2, Sony, risquent une amende de 600 millions de
dollars. Un fan du jeu a abattu deux policiers après une partie. Lors de son arrestation, il avait proclamé : ‘ La vie c’est comme un jeu vidéo, parfois il faut accepter de mourir ! ‘
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