Les plus grosses SSII ont le moral. Malgré la décrue de l’économie et le recul des marchés, elles maintiennent globalement leurs plans de recrutements pour 2002, même si ceux-ci sont en moyenne inférieurs à ceux de l’an dernier. A quelques exceptions près ?” dont une de taille, puisqu’il s’agit de Cap Gemini Ernst & Young ?” la plupart des grands prestataires de services prévoient des embauches par centaines cette année encore. Mais leurs prévisions varient d’un optimisme total à une prudence timide, selon les secteurs d’activité. “Depuis septembre, le ralentissement est réel. Les clients repoussent les projets en attendant de voir ce qui va se passer”, déplore ainsi Jacques Tordjman, PDG de GFI Informatique.
Des processus d’embauche plus sélectifs
Pour Dominique Illien, membre du directoire d’Atos Origin, “la croissance enregistrée depuis le dernier trimestre 2001 est certes moindre, mais le marché reste très sain”. D’autres annoncent déjà la fin de la tourmente : “On ressent d’ores et déjà les frémissements de la reprise”, observe Jean-Michel Martin, directeur général d’Altran. Bruno Carrias, directeur du développement de Sopra, “commence depuis quelques semaines à voir, de nouveau, une remontée de l’activité. Le point d’inflexion de la reprise se situe précisément en ce moment”. Toujours est-il que le marché de l’emploi s’est nettement détendu, révélant ainsi ses aberrations récentes. “On assiste à un retour au réel dans le monde du recrutement. Fini le système de surenchère qui était particulièrement malsain. Aujourd’hui, les candidats demandent des engagements authentiques”, se réjouit encore Bruno Carrias. Baisse du turnover, allongement des intercontrats, ralentissement de la course au salaire… les postulants sont aujourd’hui nom-breux, et les SSII reviennent à un processus plus sélectif. Deuxième effet important de cette normalisation du recrutement, les seniors retrouvent la place qui leur est due. “Je consacre 15 % de mon temps à leur recrutement”, indique Jean-Paul Crouzoulon, directeur général d’Euriware. La plupart des SSII rééquilibrent ainsi leurs ressources humaines, après s’être ruées sur les jeunes diplômés qu’elles s’arrachaient dans les salles de cours.
Le redémarrage de l’activité profite à l’infogérance
Les entreprises interrogées recherchent des candidats confirmés avec deux à cinq ans d’expérience, voire de véritables seniors, à deux exceptions près ?” Steria et Unilog qui privilégient les managers “issus du sérail”. Objectifs : satisfaire des clients beaucoup plus exigeants et privilégier la rentabilité rapide. Que la reprise soit globale ou pas, certains marchés montrent d’indéniables signes de bonne santé. “Les télécommunications repartent déjà, le secteur automobile et les organismes bancaires et financiers se portent bien et, dans le domaine de l’e-business, la grande épuration se termine”, indique Jean-Michel Martin, d’Altran. Alain Bekerman, membre du comité exécutif en charge du recrutement chez Unilog, constate pour sa part “la très forte demande dans le service public et l’industrie” et confirme la reprise du côté des opérateurs. Et tous secteurs confondus, c’est l’infogérance, sous-tendue par la réduction des coûts, qui emporte la palme des prestations les plus demandées. Quelle que soit sa forme ?” plates-formes ou applications, totale ou évolutive ?” elle permet ainsi aux entreprises ” de se recentrer sur les problématiques de maîtrise d’ouvrage “, considère Jean-Paul Crouzoulon, d’Euriware. En revanche, les prestations de régie s’effondrent : il est, en effet, plus facile pour les entreprises de réduire le volant de prestataires rémunérés à la journée qu’un projet traité au forfait, avec engagement de résultat. Les projets préférés des entreprises ?” gestion de la relation client, logistique ou adaptation des systèmes d’information à internet ?” constituent “des chantiers énormes, dont la réussite est conditionnée par la rapidité de mise en ?”uvre”, analyse Bruno Carrias. Une réactivité que les SSII françaises viennent justement de prouver en ces temps difficiles.
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