Avec sa 4G box lancée au mois de janvier de cette année, Bouygues Telecom a remis au goût du jour une vieille idée française : fournir un accès Internet fixe par les ondes radio aux délaissés de l’ADSL. C’est au tour maintenant du gouvernement de mettre en avant le herztien. Pressé de tenir la promesse du président qui veut du bon débit à 8 Mbit/s pour tous dès 2020 et du très haut débit en 2022, le Premier ministre a annoncé ce 14 décembre que des aides financières seront accordées pour s’équiper en antenne, parabole ou box 4G. Deux millions de foyers seraient potentiellement concernées.
Pour les zones les plus isolées (1,5 et 2 millions de foyers), les ménages qui en auront besoin pourront recevoir un chèque (150 euros max) leur permettant de financer l’achat d’une parabole, d’une antenne ou d’une box. #ConfTerritoires #Cahors
— Edouard Philippe (@EPhilippe_LH) December 14, 2017
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une nouvelle version du WiMax
Parmi les solutions subventionnées, il y a une nouveauté : le THD radio. Contrairement aux box 4G qui exploitent le réseau mobile, il consiste à utiliser une bande de fréquences dédiée. Le réseau est géré par un opérateur de gros, la commercialisation par un opérateur de détail. Une version renouvelée du WiMAX en quelque sorte, mais avec davantage de largeur de spectre pour obtenir un meilleur débit.
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uniquement pour les zones les moins denses
L’Arcep vient tout juste d’ouvrir un guichet destiné aux opérateurs. Et c’est la bande de fréquence entre 3410 et 3460 MHz qui a été retenue. Les conditions sont toutefois contraignantes. Seuls les départements où les réseaux filaires « ne sont pas prévus à court ou moyen terme » seront éligibles. Comprenez les zones les moins denses, notamment de la France rurale. Les autorisations seront assorties « d’obligations fortes de déploiement, couverture et disponibilité ».
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les opérateurs intégrés dubitatifs
Les opérateurs intégrés se sont montrés réticents à cette idée, craignant « une utilisation non efficace du spectre, contraire à l’intérêt général », dixit Orange, par exemple. Il faut dire que la fréquence retenue est destinée à terme à servir la 5G. Les grands groupes voient donc d’un mauvais œil son utilisation pour un usage fixe, même de façon localisée et temporaire. Il y a donc fort à parier qu’ils ne soient pas candidats au THD radio. Mais d’autres acteurs déjà présents dans les RIP (réseaux d’initiative publique), comme la société NomoTech, sont intéressés.
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du tripleplay à 30 Mbit/s
Les opérateurs auront pour obligation de fournir un débit descendant d’au moins 30 Mbit/s (95% du temps), un débit montant d’au moins 5 Mbit/s (95% du temps), une latence inférieure à 100 millisecondes et de ne fixer aucune limitation de données. Des antennes mobiles seront déployées sur des points hauts. Et lorsqu’un utilisateur souhaitera souscrire à une offre, il devra installer une antenne à l’extérieur de ses murs et s’équiper d’une box servant de routeur pour connecter ses appareils en Wi-Fi à son domicile.
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à partir de 2018
Les premières autorisations de l’Arcep seront délivrées début 2018. Mais les aides financières de 150 euros par foyer ne devraient pas intervenir avant le deuxième semestre. Le guichet restera ouvert jusqu’en 2019. Car le THD radio n’a pas pour vocation à se pérenniser. C’est une solution par défaut, en attendant que tout le territoire puisse un jour bénéficier de la fibre. Des départements comme la Seine-et-Marne ont déjà anticipé le THD Radio, expérimentant un accès fixe sur des bandes de fréquences 4G dès l’été 2016. Les territoires qui bénéficiaient déjà du WiMax devraient être intéressés par une migration vers le THD Radio.
Reste à savoir si les débits promis et l’expérience utilisateur seront bien à la hauteur de ce qui est annoncé.
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