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En Allemagne, la direction de Volkswagen prévoirait « de saigner à blanc » les usines

Selon le comité d’entreprise de Volkswagen, la direction compte fermer outre Rhin trois usines pour redresser le groupe automobile en difficulté depuis des mois… mais pas seulement : réduction des salaires, suppression de dizaines de milliers d’emplois, délocalisation d’une partie des activités… Ces mesures, qui n’ont pas été confirmées par la direction, ont mis vent debout une partie des 120 000 salariés dans le pays.

C’est un plan « historique » qui devrait « saigner à blanc » les sites de Volkswagen en Allemagne : le premier groupe automobile européen, qui emploie 120 000 personnes outre-Rhin, compterait entamer un plan social d’envergure, avec des fermetures d’usine à la clef : une première dans l’histoire de l’entreprise allemande.

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Ce lundi 28 octobre, la présidente du comité d’entreprise du groupe, Daniela Cavallo, a dévoilé devant les salariés allemands une partie du plan de la direction du groupe pour remettre la marque à flot. De quoi mettre vent debout les employés dont une partie a commencé à protester, rapporte le quotidien allemand Osthüringer Zeitung ce jour.

Trois usines au moins seraient fermées dans le pays, a expliqué Daniela Cavallo, dont les propos sont rapportés par le média économique allemand Handelsblatt. Le directoire compterait supprimer outre-Rhin des dizaines de milliers d’emplois, selon cet organe qui représente les salariés du géant automobile. Mais ce n’est pas tout : des activités seraient délocalisées à l’étranger. Tous les salaires seraient gelés pendant deux ans, après avoir été réduits de 10 %. Toutes les usines du pays devraient réduire la voilure.

Selon la présidente du comité d’entreprise – qui dispose en Allemagne d’un véritable pouvoir de cogestion sur la stratégie d’entreprise, la direction de Volkswagen a « l’intention de réduire la taille de toutes les usines restantes en Allemagne ». « Tous les sites sont concernés par ces plans. Aucun n’est à l’abri », a-t-elle ajouté, après avoir déploré la « ferme intention » du directoire « de saigner à blanc les sites industriels » du groupe, et de provoquer un « chômage de masse » au sein du géant allemand.

La direction ne confirme pas ces mesures

Le conseil d’administration du groupe, présidé par Oliver Blume, n’a pas confirmé ces informations. Interrogée par nos confrères allemands, la direction a expliqué qu’elle ne participait pas à ces spéculations, mettant en avant des discussions confidentielles ayant lieu en interne, et qui devraient encore durer près de quatre semaines. Le dossier est suivi de très près par le chancelier allemand et le Land de Basse Saxe, actionnaire du groupe. Pour Olaf Scholz, « les salariés ne doivent pas subir l’impact d’éventuelles mauvaises décisions prises par le management (de l’entreprise, NDLR) dans le passé (…)  la priorité doit être à présent de préserver les emplois », rapporte un porte-parole de la Chancellerie.

Interrogé par le Handelsblatt, Thorsten Gröger, membre du syndicat IG Metall qui négocie actuellement une nouvelle convention collective, a déploré la « voie dystopique » que semble avoir prise la direction. Si ces informations sont confirmées, le directoire devra « s’attendre à des conséquences », a-t-il déclaré.

Même son de cloche pour le puissant comité d’entreprise, la voix des salariés allemands, qui s’oppose fermement à ces plans. « Ne vous frottez pas à nous », a lancé la directrice du comité ce lundi matin, avant d’ajouter que la direction était « au bord de l’escalade ». Les syndicats, le comité d’entreprise et la direction doivent négocier la nouvelle stratégie du géant de l’automobile jusqu’à la fin du mois de novembre.

Des employés vent debout après ces annonces

Et en attendant les résultats de ces discussions, l’annonce du comité d’entreprise a d’ores et déjà mis vent debout les salariés allemands, rapporte le quotidien régional Osthüringer Zeitung. Des actions dans toute l’Allemagne seraient prévues à partir de décembre. Uwe Kunstmann, membre du comité d’entreprise, a précisé à nos confrères que les employés n’accepteraient pas la « descente aux enfers » prévue pour les salaires et les usines. En début d’après midi, des milliers d’employés s’étaient déjà rassemblés devant les portes de l’usine de Zwickau (en Saxe) pour exprimer leur colère.

En septembre dernier, le groupe allemand, en difficulté depuis plusieurs mois, avait jeté un pavé dans la mare en abrogeant l’accord sur la garantie de l’emploi en vigueur depuis trente ans dans le pays. Avec ces mesures, la direction chercherait à économiser quatre milliards d’euros, précise le Handelsblatt.

Baisses des ventes, coûts de la main d’œuvre…

Le géant automobile, qui exploite dix usines en Allemagne, fait en effet face à des baisses de vente en Chine, et à des coûts de main d’œuvre plus élevés que la moyenne du secteur, expliquent nos confrères. Selon ces derniers, Toyota produirait plus de voitures, avec environ deux fois moins d’employés que Volkswagen.

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Pour être capable d’investir à l’avenir, la direction du groupe aurait préconisé des plans d’économies draconiens, qui concerneraient toutes les marques et tous les secteurs du groupe. Alors que la tension ne fait que monter, les salariés allemands attendent désormais avec inquiétude les plans officiels du directoire… et les résultats des négociations internes.

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Stéphanie Bascou