Ce mercredi 25 septembre, la région Île de France, la RATP, Orange et Samsung ont fièrement présenté à la presse leur « révolution numérique » des transports en commun. Après plusieurs années de test, il est enfin possible d’utiliser son smartphone comme titre de transport ou comme borne de recharge de son titre physique, grâce au protocole sans contact NFC.
Contrairement à ce que le ton joyeux de cette présentation peut laisser supposer, tout n’est pas aussi parfait qu’annoncé. Seuls les smartphones Samsung récents ou les smartphones Android équipés d’une carte SIM Orange NFC sont éligibles à ce nouveau service, ce qui laisse de côté de très nombreuses personnes. Les clients SFR, Bouygues, Free… mais aussi les propriétaires d’iPhone ainsi que les utilisateurs de mobiles OnePlus ou Google Pixel doivent se contenter d’un bon vieux passe à l’ancienne. Heureusement, cela pourrait changer en 2021.
Un vieux protocole à moderniser
Avant de vous expliquer ce qui va changer, faisons un point sur le fonctionnement d’un passe Navigo aujourd’hui. Depuis plus de deux décennies, les bornes du métro dépendent d’un protocole nommé « Calypso », lancé en 1993 précisément. À l’époque extrêmement moderne et sécurisé, ce dernier a depuis vieilli et crée quelques problèmes.
Aujourd’hui, les passes Navigo et les smartphones compatibles jouent à la fois le rôle d’identifiant et de mot de passe. Les titres de transport sont stockés physiquement dans un « Secure Element », une petite puce sécurisée chargée de vérifier l’authenticité des titres. Samsung en embarque une nativement dans ses nouveaux smartphones, les autres mobiles dépendent des cartes SIM Orange, elles-aussi compatibles avec cette technologie.
Résultat, il est impossible de stocker des titres de transport sur un iPhone, Apple ne donnant pas accès à sa « Secure Enclave », sa puce sécurisée. Sur les mobiles Pixel et OnePlus, leurs constructeurs ont, de leur côté, rendu impossible l’écriture des données sur toute carte SIM, même Orange. En conséquence, le protocole Calypso, entièrement déconnecté d’Internet, empêche le bon déroulement de la dématérialisation des titres de transport sur ces appareils.
Calypso 2.0 : des bornes connectées
D’ici 2021, la région et la RATP préparent un plan de modernisation des bornes de métro. Connectées à un ordinateur central, elles auront désormais accès à Internet. « On passera d’un système de carte centrique à un système centrique » nous explique un cadre d’IdF Mobilité. Le smartphone deviendra l’identifiant tandis que la borne jouera le rôle de la puce de sécurité. Pas besoin de disposer d’un composant spécial dans son smartphone, tout le monde passera à un système enfin connecté et décentralisé.
Lorsque ce changement sera effectif, Paris et sa région auront donc un système plus moderne, à la manière d’autres grandes villes. On reste sur le protocole Calypso, mais en éliminant les problèmes liés à la puce de sécurité. Tous les opérateurs seront alors éligibles et les smartphones Android, à condition qu’ils soient compatibles NFC, fonctionneront sans problème. Les touristes pourront également profiter du système.
Le cas Apple
Chez Apple, c’est un peu plus compliqué. Si techniquement, l’entreprise peut se soumettre dès maintenant au protocole Calypso et s’appuyer sur sa propre puce sécurisée, les discussions entre la région et la firme de Tim Cook coinceraient sur deux points. Tout d’abord, l’entreprise exige une commission sur les forfaits Navigo comme nous l’a indiqué la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse : « J’appelle Apple a faire le nécessaire pour que les franciliens puissent bénéficier du passe Navigo sur iPhone s’ils ne veulent pas qu’ils basculent sur un smartphone Android ». Vraisemblablement en colère contre Apple, elle nous explique être contre l’idée de donner de l’argent à l’entreprise. La région veut conserver sa flexibilité sur les tarifs de l’abonnement. Cependant, des discussions sont en cours.
En second lieu, Apple veut proposer son propre parcours client depuis l’application Wallet. La Secure Enclave serait alors sollicitée. A moins qu’Apple décide de réserver le service aux clients Orange, ce qui serait étonnant. L’entreprise peut aussi faire le choix d’attendre 2021 et la véritable révolution numérique du métro.
Dans tous les cas, la bonne nouvelle du jour est que la région ne compte pas se contenter de ce petit pas et se prépare à réellement transformer ses bornes. Ce projet de modernisation pourrait coûter plus de 400 millions d’euros.
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