C’est une page qui se tourne dans le monde de l’émulation et du rétrogaming : après 18 ans de service, le site référence dans le téléchargement de vieux jeux consoles Emuparadise annonce qu’il retire toutes ses ROMS, comme en fait l’écho Neowin.
Sans pointer qui que ce soit du doigt, le webmaster indien qui avait commencé à collecter les roms « parce qu’il n’avait jamais eu l’argent d’avoir de telles consoles à l’époque » a dû plier face aux pressions. Des pressions, il y a en a toujours eu, mais elles ont fini par avoir raison de cette équipe de passionnés.
Pas besoin d’être grand devin pour deviner qui est derrière l’action punitive : ce sont les équipes juridiques de Nintendo qui ont frappé. Et le mouvement de lutte contre le partage des roms Nintendo est global : en juillet dernier, le site francophone Planète Emulation avait déjà retiré ses roms en nommant spécifiquement la firme japonaise.
Succès des consoles Mini, potentiel rétrogaming de la Switch
Nintendo est connu pour être le plus chatouilleux des éditeurs et nombre de sites ont dû retirer, au fil des décennies, les jeux qu’ils hébergeaient. A côté, rares sont les injonctions visibles de Sega (devenu éditeur de jeu mais pourtant détenteur de nombreuses licences dont Sonic), Sony et autres. Mais la démarche de Nintendo a récemment pris l’aspect d’une vraie croisade.
La protection de la propriété intellectuelle est bien sûr le moteur principal, mais si Nintendo semble mettre un terme à une forme de laisser-faire, c’est sans doute à cause de sa nouvelle console, la Switch. Enorme succès commercial, la console hybride de Nintendo est devenue l’outil rêvé pour faire revivre son catalogue via le magasin d’applications en ligne Nintendo e-shop.
Car avec ses consoles « Mini » – NES Classic Mini et SNES Classic Mini – Nintendo a (enfin !) compris que les gens sont prêts à payer pour (re)jouer à de grands classiques de son catalogue.
Nintendo protège ses droits, mais ne tiens pas compte des passionnés
Du point de vue strictement légal, l’attitude de Nintendo est juste et le fabricant japonais est dans son bon droit : il ne fait que protéger sa propriété intellectuelle et peu importe que les jeux soient vieux : ils ne font pas encore partie du domaine public. Cependant, du point de vue des usages, il ne faut pas oublier que si le public, notamment les plus jeunes, a toujours de l’intérêt pour les jeux avec de gros pixels, c’est essentiellement parce que de valeurs codeurs d’émulateurs et des gestionnaires de catalogues de ROMS ont maintenu allumée la flamme du rétrogaming. Et si on ne peut que se féliciter que Nintendo propose, via ses consoles Mini et son e-shop une offre rétro de qualité et légale, sa guerre paraît, de ce point de vue, un peu dure. Et vaine : car si l’étau se resserre, Nintendo ne doit pas oublier que le net est grand. Et résilient.
Le jeu du chat et des souris
Eh oui : si de nombreux sites ont déjà retiré leurs roms, d’autres n’ont toujours pas bougé. Car selon la région du monde dans lequel ils se situent – on pense notamment à la Russie ou à la Chine – certains d’entre eux n’ont toujours pas grand-chose à craindre des actions légales. Et outre le fait qu’un site fermé soit rapidement remplacé par un autre, ces actions punitives ont aussi comme résultat de stimuler les pirates éventuels, ce qui mène à une ruée sur les « Sets » de roms, des archives .zip comprenant la totalité des jeux d’une plateforme (SNES, Wii, PS One, etc.). Une simple recherche sur Google nous a permis de trouver des sets entiers en téléchargement direct ou en torrent. Des actions qui répandent encore plus vite les jeux partout le monde. Pas sûr que cela soit l’intérêt premier de Nintendo.
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