La couverture numérique, c’est un sujet qui tient particulièrement à cœur au président. Dommage que ses différentes déclarations sur le sujet soient aussi variables. Il vient une nouvelle fois de changer de fusil d’épaule. « Je me suis engagé à la couverture intégrale pour tous les Français en très haut débit. Je souhaite encore accélérer ce calendrier afin de parvenir à une couverture en haut et très haut débit d’ici la fin de l’année 2020 », a-t-il déclaré lors de la Conférence nationale des territoires au Sénat le lundi 17 juillet 2017.
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— LCP (@LCP) July 17, 2017
L’annonce a pris tout le monde de court. Il y a deux semaines, le premier ministre Edouard Philippe avait entériné l’échéance de 2022 lors de son discours de politique générale. Une date conforme au Plan France Très Haut Débit lancé en 2013 sous la mandature de François Hollande et mis en œuvre en partie par Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Economie. Mais l’actuel président est bien décidé à revoir ce programme.
A l’origine, le Plan France Très Haut Débit visait à couvrir chaque foyer, chaque local professionnel et chaque bâtiment de service public en très haut débit en se reposant à 80% sur de la fibre optique jusqu’à l’abonné (FttH). Au 31 décembre 2016, plus de 50% de cet objectif était atteint. Si l’on en croit les derniers propos du président, il ne resterait donc plus que deux ans aux opérateurs pour achever le programme. Infaisable. Sauf si les ambitions du PTHD sont revues à la baisse. Et notamment celle d’apporter une connexion de plus de 30 Mbit/s dans chaque foyer, la définition stricte du très haut débit.
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Entre 8 et 30 Mbit/s
Lorsque l’on écoute avec attention le discours du 17 juillet, on relève que le président parle de « haut et de très haut débit ». Comme le souligne Les Echos, il ne s’agirait plus de promettre du THD pour tous mais un internet plus rapide qu’actuellement : du « bon débit ».
Reste tout de même à fixer un seuil. Officieusement, on parle d’une fourchette comprise entre 8 et 30 Mbit/s. Des chiffres qui ne doivent rien au hasard. Lors de son colloque du 4 juillet dernier, la FiRIP, qui regroupe les industriels des réseaux d’initiative publique, avait justement souligné que même en respectant le PFTHD, près de 2 millions de locaux n’auraient toujours pas accès à un débit de 8 Mbit/s en France en 2022 et plus d’1 million se situeraient encore en-dessous de 3 Mbit/s. En changeant l’orientation du plan, Emmanuel Macron peut espérer résoudre ce problème. En somme, le président préfère apporter du haut débit de qualité pour tout le monde, plutôt que du très haut débit partiellement.
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La THD radio pour pallier la fibre
Le 9 juin dernier, Emmanuel Macron avait déjà évoqué l’idée de développer de la 4G pour un usage fixe : le THD Radio. Peu après, l’Arcep avait annoncé attribuer avant la fin de l’année une bande de fréquence dédiée : celle des 3,5 Hz. C’est aujourd’hui la solution de secours privilégiée pour desservir rapidement les zones rurales, en attendant l’arrivée hypothétique de la fibre. Le THD Radio pourrait concerner entre 2 et 3 millions de Français. Mais, surprise, Emmanuel Macron a glissé d’autres pistes ce 17 juillet.
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Les Femtocells pour doper le débit
« Nous pouvons déployer des cellules dites cellules femto », a avancé l’homme d’Etat. C’est la première fois qu’il évoque le cas des femtocells. Ces petits boîtiers sont déjà proposés par les grands opérateurs intégrés. Comme des routeurs, ils se raccordent au réseau mobile extérieur pour obtenir un meilleur débit chez soi. C’est donc une solution à la marge, valable uniquement dans les zones déjà équipées en infrastructures adéquates et qui ne permet absolument pas de faire progresser la couverture de la population. Elle pourrait, en revanche, effectivement booster des débits ADSL anémiques, s’il s’agit seulement d’atteindre une vitesse de 8 Mbit/s.
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Le satellite dans les zones rurales
Autre nouveauté dans le discours du président, le satellite. « Nous pouvons jouer sur la complémentarité avec le déploiement satellite qui est au cœur d’ailleurs de la stratégie de l’Etat en la matière », a avancé le président. Cette technologie a toujours été à l’ordre du jour, certes, mais envisagée comme complément d’appoint dans les zones rurales. On reste donc un peu circonspect d’apprendre que le satellite se retrouve au cœur de la stratégie de l’Etat ! D’autant plus que cette technologie ne permet pas d’atteindre des débits faramineux. Le service Tooway d’Eutelsat promet ainsi jusqu’à 22 Mbit/s théoriques en download. Suffisant toutefois pour entrer dans les critères du nouveau plan Macron qui se profile.
Encore faudra-t-il aussi que les opérateurs satellites augmentent leur capacité, après avoir traversé à plusieurs reprises des périodes de saturation et avoir refusé des clients en France. Mais, qui sait … Peut-être que le président envisage maintenant carrément de faire lancer un nouveau satellite ?
On attend maintenant avec impatience pour septembre la feuille de route destinée aux acteurs du marché.
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