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Emmanuel Macron annonce un grand plan de 109 milliards pour l’IA : ça veut dire quoi concrètement ?

Le président de la République a annoncé un grand plan de 109 milliards d’euros, pour l’IA, à la veille du Sommet sur l’IA de Paris de ce lundi et de ce mardi. Qui sont les investisseurs, et à quelle hauteur ? Les sommes semblent être pour l’instant fléchées vers la construction de centres de données : une bonne ou une mauvaise nouvelle pour notre économie ?

Coup de communication ou réel projet ? Dimanche 9 février sur France 2, Emmanuel Macron a annoncé que près de 109 milliards d’euros allaient être investis en France dans l’intelligence artificielle (IA), à la veille du Sommet international sur l’IA de Paris. Si le président a précisé que ce montant représente « l’équivalent pour la France de ce que les États-Unis ont annoncé avec Stargate », le gigantesque investissement de 500 milliards d’euros de Donald Trump outre Atlantique, difficile de savoir à quoi correspondent vraiment ces 109 milliards.

Il s’agit en majorité de sommes promises par des entreprises. Dans ce montant, présenté comme un chèque qui permettrait à la France de rattraper – en partie – son retard sur les États-Unis et la Chine, on trouve :

  • le financement des Émirats arabes unis, annoncé le 6 février dernier, qui, selon l’Élysée, consisterait en une somme allant de « 30 à 50 milliards d’euros ». Ces milliards sont destinés à la construction d’un centre de données en France ;
  • l’investissement de Brookfield, un fonds canadien, qui a déclaré vouloir financer 20 milliards d’euros d’ici à 2030, pour développer un centre de données dans le nord du pays, à Cambrai ;
  • d’autres sommes avancées en France par « des grands fonds d’investissement américains, canadiens » et « des entreprises françaises », selon Emmanuel Macron.

Parmi les entreprises françaises qui investiront dans l’IA : Mistral, Free, Orange, Thalès…

Parmi ces dernières, la start-up de l’IA Mistral a annoncé un investissement de plusieurs milliards d’euros. Dans les pages du Parisien, l’entreprise, qui vient de lancer son agent conversationnel Le Chat sur smartphone, a déclaré qu’elle construira son premier centre de données en France, dans l’Essonne. Le projet coûtera « plusieurs milliards d’euros » d’investissements selon Arthur Mensch, son dirigeant, qui n’a pas donné davantage de détails.

Iliad, le groupe de Free et de Kyutai, a, de son côté, déclaré qu’il consacrerait près de 3 milliards d’euros pour ses data centers. La banque publique d’investissement Bpifrance débloquera, quant à elle, près de 10 milliards d’euros d’ici à 2029. Ces milliards seront re-fléchés vers les constructeurs de data centers, mais aussi les start-up d’IA et des entreprises du secteur.

D’autres groupes français sont aussi concernés par cette vague d’annonces d’investissements, à savoir, Orange et Thalès, cités par Emmanuel Macron pendant son interview de dimanche soir. Ces sociétés devraient profiter du Sommet de ce lundi et mardi pour faire leurs déclarations, à moins qu’elles n’attendent le futur Sommet Choose France 2025 prévu en mai prochain.

Des investissements exclusivement fléchés vers les centres de données

Mais si on additionne tous les chiffres avancés jusqu’à présent, il manque encore une vingtaine de milliards qui permettraient d’atteindre les 109 milliards. Quand seront-ils mis sur la table ? Ces derniers seront investis « dans les prochaines années », a précisé Emmanuel Macron sans donner de détails sur les échéances de ces sommes.

Tous ces investissements semblent exclusivement fléchés vers la construction de ces centres de données. Et cela tombe bien : la semaine dernière, le gouvernement avait aussi annoncé près de 35 sites « prêts à l’emploi » pour la construction de data centers, en collaboration avec EDF et RTE. Une carte sera dévoilée ce lundi 10 février, ou ce mardi. Avec son parc nucléaire, l’Hexagone estime être le lieu de prédilection de tout nouveau projet de centres de données, ces infrastructures indispensables à l’intelligence artificielle.

Reste que d’autres domaines, comme la fabrication de semi-conducteurs ou la construction de LLM opensource, ne semblent pas faire partie des investissements annoncés. Nulle trace non plus, dans ces premières annonces, des acteurs français du cloud.

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Ce grand plan de 109 milliards d’euros est-il alors une bonne ou une mauvaise nouvelle pour le pays ? Difficile à dire, surtout que d’autres annonces devraient tomber dans les prochaines heures sur le sujet. Mais les centres de données génèrent, en règle générale, peu d’emplois. Ils ne sont pas non plus synonymes de « souveraineté » – puisque tout dépend des composants et des logiciels utilisés, et non de la localisation des infrastructures. Reste que pour certains, l’annonce devrait permettre à la France, présentée par le président comme « la 5e puissance » en matière d’IA, de rester dans la course.

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