Sitôt connue l’annonce d’une conférence de presse conjointe EMI/Apple à Londres ce lundi 2 avril, les analystes se sont perdus en conjectures. Certains prédisaient le lancement d’un iPod ‘ Yellow
Submarine ‘
avec de la musique des Beatles à l’intérieur, d’autres tablaient sur l’arrivée du catalogue des Fab Four sur EMI…Finalement, si le patron d’EMI, Eric Nicoli, a reconnu qu’il travaillait à l’hypothèse Beatles/iTunes, c’est une autre annonce, tout aussi spectaculaire, qui est sortie de son chapeau. La major a choisi de tirer (partiellement) un
trait sur les DRM, en proposant l’ensemble de son catalogue de musique en ligne libéré de toute mesure technique de protection (les fameux, et pour certains consommateurs honnis, DRM). Pour les utilisateurs, c’est la promesse de pouvoir graver sans
limite leurs morceaux de musique et de les transférer sans aucune contrainte de leur PC à leur baladeur audio, à leur téléphone mobile ou sur tout autre appareil audio numérique.La nouvelle politique d’EMI ne concerne que les ventes d’albums et la vente de titres à l’unité. Et pas du tout les autres modes de téléchargement de musique en ligne, comme les formules d’abonnement mensuel en accès illimité ou les
services de téléchargement gratuit mais financé par de la publicité.
1,29 euro par titre
En revanche, l’initiative est ouverte à toutes les plates-formes de téléchargement en ligne qui le souhaitent. Apple, dont le PDG
Steve Jobs avait fait le déplacement dans la capitale britannique, a été le premier a se porter candidat. Dès le mois prochain, les internautes qui visitent l’iTunes Music Store
auront donc le choix entre deux types de téléchargement.D’un côté l’existant, c’est-à-dire des fichiers sous DRM vendus à 0,99 euro l’unité et encodés à 128 kbit/s (en AAC), de l’autre le nouveau venu, à savoir un catalogue EMI (Norah Jones, Lily Allen, entre autres) sans DRM, à
1,29 euro le titre, encodé cette fois à 256 kbit/s, toujours en AAC. Les personnes déjà détentrices de titres EMI pourront les mettre à jour moyennant une contribution de 0,30 euro par titre. La musique achetée (ainsi que les clips
vidéo) sera donc librement écoutable sur tous les supports : baladeurs numériques, téléphones mobiles ou simples ordinateurs.‘ EMI devrait entraîner dans son sillage d’autres majors, pronostique Julien Ulrich, directeur général de VirginMega. Pour notre part, nous sommes très intéressés et nous allons être
aussi réactifs que possible sur ce dossier. ‘ La démarche suivie par EMI, pour spectaculaire qu’elle soit, résonne comme un lointain écho au virage (plus confidentiel) pris il y a quelques mois sur le marché français par les
plates-formes
VirginMega et Fnacmusic. Ceux-ci avaient décidé de proposer plusieurs centaines de milliers de titres issus de catalogues indépendants sans DRM.
Un équilibre économique fragile
Les ventes ont suivi, mais les difficultés financières des plates-formes de téléchargement demeurent. Car pour qui ne réalise pas, comme Apple, des marges considérables sur les ventes de baladeurs numériques (de type iPod), la vie n’est
pas simple et les modèles économiques, parfois plombés par plusieurs dizaines de millions d’euros d’investissement, ne sont pas toujours viables. ‘ Dans cette perspective de suppression des DRM, il faut aussi veiller à ce que
les pouvoirs publics aient un discours cohérent sur la responsabilisation des internautes face au piratage de la musique ‘, souligne Julien Ulrich.Selon le président de l’UPFI (Union des producteurs phonographiques français indépendants), Stéphane Bourdoiseau, le fait qu’un label comme EMI ouvre son catalogue sans DRM à tous les acteurs du marché
‘ devrait déboucher sur une politique de prix beaucoup plus élastique et sur une nouvelle concurrence. Ce qui pourrait redonner goût à la musique en ligne ‘.
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