En appel devant la Cour suprême des États-Unis, Bytedance Ltd conteste l’interdiction imminente de son application à succès TikTok, aux États-Unis. Selon des sources de Bloomberg, certains responsables auraient commencé à imaginer l’après-Biden avec la nouvelle administration Trump, qui pourrait permettre de trouver des solutions. Or celles-ci impliqueraient un certain Elon Musk, déjà propriétaire de X, dont le rachat des parts dans TikTok US pourrait sauver l’application de son interdiction pure et dure.
Rapidement, TikTok a tenté de démonter la rumeur en indiquant à Variety : « on ne peut pas s’attendre à ce que nous commentions de la pure fiction ».
Un éventuel accord de grande envergure avec l’un des plus proches alliés de Donald Trump pourrait intéresser le gouvernement chinois, qui devrait avoir son mot à dire sur la vente éventuelle de TikTok, ont indiqué des sources à l’agence de presse économique. Selon ce scénario ubuesque, Elon Musk reprendrait TikTok US en passant par X, qui en prendrait le contrôle. Un moyen, notamment pour X, d’attirer davantage d’annonceurs, partis depuis l’arrivée de l’homme d’affaires à sa tête. xAI, la société d’intelligence artificielle d’Elon Musk, pourrait aussi profiter de l’énorme quantité de données générées par TikTok.
Le Wall Street Journal indiquait que le gouvernement chinois n’aurait pas abordé le sujet avec les responsables de ByteDance, concernant ce plan d’urgence. Notons en revanche que Pékin détient une action « en or » dans une filiale de ByteDance, lui donnant une influence sur la stratégie et les opérations de l’entreprise.
Elon Musk, un plan d’urgence avant l’ultimatum du 19 janvier ?
Elon Musk n’a pas commenté le sujet, mais déclarait sur X, en avril dernier, qu’il pensait que « TikTok ne devrait pas être interdit aux États-Unis, même si une telle interdiction peut profiter à la plateforme X ». Il se proclamait toujours du côté du camp pour la liberté d’expression, et déclarait : « agir ainsi serait contraire à la liberté de parole et d’expression. Ce n’est pas ce que représente l’Amérique ». Du côté de Donald Trump, aussi partisan de la liberté d’expression totale, TikTok reste une application chinoise à ce jour, et son interdiction ne pourrait donc être écartée qu’en passant par un changement total de propriétaire. Une question de « sécurité nationale », aussi évoquée par l’administration de Joe Biden, qui accuse l’application d’être un « cheval de Troie du parti communiste chinois ».
TikTok devrait le 19 janvier prochain être bloqué dans le pays, et son recours à la Cour suprême américaine constitue donc un ultimatum. Donald Trump, récemment, avait ordonné à la Cour suprême de suspendre l’entrée en vigueur de la loi d’avril 2024 qui promulguait l’interdiction de TikTok au 19 janvier si celle-ci n’avait pas été cédée à un autre propriétaire. Le prochain président souhaitait évidemment pouvoir changer les choses, et donner plus de temps pour « négocier une solution avec TikTok ».
L’intérêt de la Chine pour négocier TikTok avec Donald Trump
Selon Bloomberg, les discussions à Pékin démontreraient l’intérêt de la Chine à ce que les négociations se poursuivent sous l’administration Trump. Le pays craint que les relations se compliquent et que les tarifs douaniers augmentent bien plus avec le nouveau président. La vente de TikTok serait donc un moyen de faire pencher la balance. Aux États-Unis, les activités de TikTok pourraient représenter entre 40 et 50 milliards de dollars, selon des estimations de Mandeep Singh et Damian Reimertz, analystes de Bloomberg Intelligence.
Une autre personne au fait du dossier aurait signalé qu’Elon Musk jouissait d’une bonne réputation en Chine, auprès des employés de ByteDance notamment. L’homme le plus riche du monde serait considéré comme un entrepreneur prospère, avec l’expérience des relations avec le gouvernement chinois, par le biais de Tesla et de son usine à Shanghai.
Par le passé, Microsoft, Oracle mais aussi des groupes d’investisseurs comme Frank McCourt et Kevin O’Leary via le Project Liberty s’étaient montrés intéressés pour acquérir TikTok. Les avocats de TikTok rappelaient cela dit qu’en cas de scission, la séparation des parties américaines et chinoises du produit TikTok serait « extrêmement difficile ». L’interdiction de l’application semble donc être la piste la plus envisageable à cette heure, d’autant plus que la majorité des juges de la Cour suprême ont estimé que les préoccupations en matière de sécurité primaient sur celles entourant la liberté d’expression.
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Source : Bloomberg
