L’intelligence artificielle peut-elle transformer les conflits armés en apocalypses guerrières ? Un groupe de 116 responsables d’entreprises de robotique ou spécialisées dans l’intelligence artificielle le pense. Il a écrit une lettre ouverte aux Nations Unies pour mettre en garde contre les dangers des armes autonomes, surnommées « robots tueurs ». Parmi les signataires figurent Elon Musk, patron du constructeur de voitures électriques et partiellement autonomes Tesla, ainsi que Mustafa Suleyman, de la société britannique DeepMind, détenue par Google et spécialisée dans l’intelligence artificielle.
Les « armes offensives autonomes (…) permettront des conflits armés à une échelle jamais vue auparavant et à des vitesses difficiles à concevoir pour les humains », peut-on lire dans cette lettre ouverte à la convention des Nations Unies sur les armes. « En tant qu’entreprises mettant au point les technologiques d’intelligence artificielle et de robotique qui pourraient être détournées pour développer des armes autonomes, nous nous sentons particulièrement responsables pour tirer le signal d’alarme », disent-ils encore.
« Elles peuvent être des armes terrifiantes, des armes que des dictateurs et des terroristes utilisent contre des populations innocentes, et des armes piratées à des fins funestes », poursuivent les signataires, dans ce courrier diffusé dimanche par le Future of Life Institute, organisme non lucratif basé aux Etats-Unis qui met en garde contre les méfaits possibles de la technologie. « Nous n’avons pas beaucoup de temps pour agir. Une fois ouverte cette boîte de Pandore, elle sera difficile à refermer. C’est pourquoi nous (vous) implorons de trouver le moyen de nous protéger de ces dangers », écrivent encore les signataires, originaires du monde entier.
Armes de destruction massive
Dans un communiqué de presse diffusé en parallèle, les signataires soulignent que les armes offensives autonomes sont loin d’être un fantasme, car ces technologies sont en développement actuellement. En particulier, elles sont à l’étude dans les labos de l’armée américaine. « À moins que les gens ne souhaitent voir de nouvelles armes de destruction massive qui se répandent dans le monde entier – sous la forme de vastes essaims de microdrones létaux par exemple – il est impératif d’intensifier et de soutenir les efforts des Nations Unies pour créer un traité interdisant les armes autonomes létales. Ceci est vital pour la sécurité nationale et internationale », estime ainsi un autre signataire, Stuart Russel, fondateur de Bayesian Logic.
L’ONU se penche depuis 2013 sur ce type d’armes et des réunions sur le sujet devaient avoir lieu à partir de lundi à Genève, réunions finalement annulées et reportées à novembre, selon le site internet des Nations Unies. En 2015, plusieurs milliers de chercheurs et personnalités avaient déjà lancé un appel pour l’interdiction des « armes offensives autonomes ».
Elon Musk, qui est membre du Future of Life Institute, de même que le célèbre astrophysicien britannique Stephen Hawking, met régulièrement en garde contre « les dangers » de l’intelligence artificielle. En 2014, il estimait que les progrès réalisées dans ce segment technologique sont très rapides et pourraient, à terme, balayer l’humanité.
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