Rassurer, rassurer, rassurer. Elon Musk craint que les nouvelles règles qu’il est train d’appliquer à Twitter ne fassent fuir les annonceurs. Or, ils sont indispensables à la survie du service, puisque la réclame représente à l’heure actuelle l’écrasante majorité de ses revenus.
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À l’occasion d’un Twitter Spaces, Musk et ses collaborateurs ont donc tenu une conférence à destination du monde de la publicité. Objectif de cette séance de questions-réponses : réconforter et montrer que Twitter n’allait pas devenir un repaire d’utilisateurs au discours haineux. Avec un message fort, martelé dès le début par Robin Wheeler, qui dirige le département commercial du site : non, les règles de modération n’ont pas changé et les équipes commerciales sont « toujours là, afin de livrer le service que [les annonceurs] ont toujours aimé. »
https://twitter.com/accountabletech/status/1590409101586345984
Mais l’intérêt de la conférence était ailleurs. Car Musk a pu revenir en détail sur ce qu’il compte faire à plus long terme du réseau social. Une sorte de discours d’apaisement, qui tranchait nettement avec ses récentes sorties tonitruantes.
Musk a d’abord rappelé, presque utopiste, qu’il souhaitait faire de Twitter « une force pour le bien de la civilisation ». « Peut-on réunir 80 % de l’Humanité sur Twitter afin de discuter de manière positive ? Pouvons-nous échanger des mots plutôt que de la violence ? » a-t-il lancé de sa voix constamment hésitante.
Une pression forte pour la version payante
« Nous voulons être dans le business de la vérité, et c’est pourquoi nous devons faire passer un maximum de gens à un statut vérifié » a-t-il poursuivi, pour justifier son offre de certification à 8 dollars par mois, qui vient d’être lancée dans quelques pays. « Il y a des centaines de millions de faux comptes créés sur Twitter chaque année, et tous ne sont pas bloqués. En faisant payer 8 dollars par mois, on augmente le coût d’un bot ou d’un troll d’un facteur 1 000 ou 10 000 ».
Ça, il l’avait déjà dit. Mais il faut véritablement s’attendre à une sérieuse pression pour passer à la caisse et obtenir le statut « vérifié ». Car Musk le rappelle : les comptes certifiés seront largement mis en avant à l’avenir. Il n’a d’ailleurs pas hésité à comparer les messages des utilisateurs gratuits à du contenu de seconde zone : « quand vous regarderez vos mentions, vous verrez par défaut les utilisateurs vérifiés. Vous pourrez toujours consulter les non certifiés, un peu comme quand vous regardez cet horrible dossier spam sur Gmail. » Pour rappel, Musk réfléchirait même à un Twitter 100 % payant.
Un grand bond en avant sur la vidéo
Le milliardaire le concède : Twitter a été « historiquement faible » en matière de vidéo. Et il compte bien changer cela rapidement, ce qui nécessite avant tout un énorme chantier sur l’infrastructure du site, selon lui.
On devine, à l’écouter, qu’il désire demain concurrencer des plates-formes comme Instagram, TikTok ou YouTube. Et qu’après le chantier technique, il y aura celui de la monétisation des contenus des créateurs vidéo, qu’il souhaite particulièrement alléchante : « si nous leur fournissons de quoi poster leurs contenus sur notre plate-forme et de les monétiser à un niveau qui est au moins équivalent à celui de nos compétiteurs, pourquoi ne publieraient-ils pas leurs contenus sur Twitter ? ».
Twitter bientôt concurrent de Paypal ?
Les paiements : voilà un autre grand axe de développement pour Musk, qui compte bien profiter du processus de vérification payant – et donc du numéro de carte bancaire des utilisateurs Twitter Blue – pour d’autres usages. Un sujet qu’il connaît par cœur : en 1999, Musk a fondé X.com, une banque en ligne désormais connue sous le nom de… Paypal.
Il envisage dans un premier temps un portefeuille et des transferts d’argent entre les utilisateurs du site. « Peut-être que l’on offrira 10 dollars à chaque utilisateur à dépenser sur Twitter » avance-t-il. Ce portefeuille pourrait aussi être rattaché à un compte bancaire, pour y transférer des fonds.
Et ce n’est qu’un début : Musk espère, dans un second temps, proposer des comptes d’épargne à haut rendement sur sa plate-forme, afin d’inciter les utilisateurs à l’utiliser comme compte en banque. Un grand pas vers son projet de « super application », inspiré par le succès de l’appli chinoise WeChat.
« Il faut que le système soit aussi utile et amusant que possible : si c’est le cas, un maximum de gens l’utiliseront » a résumé Musk. Qui rappelle aussi : « si les choses tournent mal, ce sera ma faute. […] Si je prends des décisions que les gens n’apprécient pas, les utilisateurs vont partir, et nous échouerons. » Cela va mieux en le disant.
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