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Elon Musk décrit son futur de Twitter, fait de plus de libertés, de moins d’ennui… et de licenciements

Elon Musk ambitionne de transformer Twitter. Une fois le rachat conclu, le milliardaire veut s’inspirer de TikTok et WeChat, assouplir la modération et ajouter les paiements en cryptomonnaies. Pour assainir le bilan financier de l’entreprise, des licenciements ne sont pas exclus.

Lors d’une visioconférence, Elon Musk s’est pour la première fois adressé aux employés de Twitter ce jeudi 16 juin 2022. Pour mémoire, l’entrepreneur a proposé de racheter Twitter pour la somme de 44 milliards de dollars, avec l’intention de transformer le réseau social de fond en comble.

Ces dernières semaines, le milliardaire avait déjà évoqué, dans les grandes lignes, son projet de remaniement. Elon Musk avait notamment annoncé son intention de quadrupler le nombre d’utilisateurs de la plate-forme d’ici 2028, d’assouplir la modération et d’enrichir l’offre d’abonnements. Après des semaines de flou, le fondateur de Tesla s’est finalement montré un peu plus clair sur ses intentions.

Lire aussi : Elon Musk demande aux employés de Tesla d’ignorer les attaques sur Twitter

Rapprocher Twitter de WeChat et TikTok

Dans un premier temps, le milliardaire a réaffirmé ses ambitions en matière de croissance. Elon Musk souhaite qu’un milliard de personnes utilisent Twitter au quotidien. Actuellement, le réseau social, fondé par Jack Dorsey, ne recense encore que 229 millions d’utilisateurs.

Pour accélérer l’adoption de Twitter, Elon Musk conseille aux employés de s’assurer que les internautes soient « très divertis et informés ». Selon lui, la plate-forme doit également s’enrichir avec davantage de fonctionnalités utiles. Il prend l’exemple de WeChat, l’incontournable application chinoise utilisée quotidiennement par plus d’un milliard d’individus.

L’application permet d’envoyer des messages, des paiements, d’acheter des biens ou de réserver des taxis au même endroit. « Il n’y a pas d’équivalent WeChat en dehors de la Chine. Vous vivez essentiellement sur WeChat en Chine. Si nous pouvons recréer cela avec Twitter, nous serons un grand succès », avance Elon Musk.

L’entrepreneur érige également TikTok, l’application préférée des 18-25 ans, en modèle à suivre. D’après Elon Musk, ByteDance, maison mère de TikTok, est parvenue à s’assurer que son réseau social ne soit jamais « ennuyeux ». L’application tire son épingle du jeu grâce à son algorithme de recommandation de contenus.

Le futur directeur général temporaire de Twitter estime qu’il est possible « d’affiner Twitter de la même manière pour être intéressant ». TikTok semble être le nouveau modèle à suivre par les réseaux sociaux. Récemment, on apprenait que Facebook a l’intention de lancer un nouveau fil d’actualités inspiré par TikTok.

Elon Musk a également assuré que Twitter devrait améliorer son approche en matière d’information. « Je pense que Twitter peut être beaucoup mieux pour informer les gens de problèmes graves », souligne l’homme le plus riche du monde. D’ici 5 à 10 ans, le chef d’entreprise espère que Twitter pourra « contribuer à une civilisation plus forte et plus durable où nous sommes mieux en mesure de comprendre la nature de la réalité ».

Des paiements en cryptomonnaies intégrés

Dans l’optique de rapprocher Twitter de WeChat, Elon Musk prévoit d’ajouter une fonctionnalité de paiement. « Je pense qu’il serait logique d’intégrer les paiements dans Twitter afin qu’il soit facile d’envoyer de l’argent », explique-t-il, assurant qu’il pourrait s’agir de monnaie ou de cryptomonnaie. Musk souligne que son « objectif est de maximiser l’utilité du service » pour le rendre incontournable, comme WeChat en Chine.

Sur son compte Twitter, Elon Musk a plusieurs fois imaginé que les abonnements Twitter Blue, qui permettent d’accéder à des fonctionnalités premium, puissent être réglés en cryptomonnaies. Twitter Blue fait d’ailleurs partie de la stratégie de Musk pour émanciper le réseau social des annonceurs en réduisant sa dépendance à la publicité.

Twitter intègre déjà certaines cryptomonnaies. Depuis l’an dernier, la plate-forme propose à ses utilisateurs de verser des pourboires en Bitcoin (BTC) aux influenceurs. Cette année, la firme a ajouté les versements en Ether (ETH).

Une modération plus souple

Sans surprise, il prévoit aussi de revoir la politique de modération de contenus sur Twitter. D’influence libertarienne, Elon Musk veut que les internautes soient libres de « dire des choses assez scandaleuses dans le cadre de la loi ». Il souligne ne pas avoir l’intention de bafouer la loi ni d’augmenter la portée des déclarations les plus choquantes.

« Je suis en faveur d’une politique modérée. Mais je laisse les personnes qui ont des opinions relativement extrêmes d’exprimer ces opinions dans les limites de la loi », rassure le dirigeant de Tesla.

Concrètement, Elon Musk se contenterait d’appliquer la législation en matière de modération et de lutte contre la haine en ligne. Il ajoute que les tweets « joliment scandaleux » devraient être autorisés sur la plate-forme. En avril, Musk avait déjà annoncé son souhait de transformer Twitter en « arène inclusive pour la liberté d’expression ». 

« Nous devons trouver cet équilibre consistant à permettre aux gens de dire ce qu’ils veulent dire, mais aussi de mettre les gens à l’aise sur Twitter, sinon ils ne l’utiliseront tout simplement pas », résume Elon Musk.

Pendant l’appel, le fondateur de SpaceX est revenu sur le cas Donald Trump. D’après lui, son éviction de Twitter à la suite de l’invasion du Capitole de Washington était une mauvaise décision. Lors d’une précédente interview, il avait déjà déclaré que l’ancien président serait à nouveau le bienvenu sur Twitter une fois le rachat conclu.

Des licenciements en perspective ?

Enfin, Elon Musk a évoqué la situation financière de Twitter. D’après lui, la situation économique n’est guère réjouissante. « En ce moment, les coûts dépassent les revenus. Ce n’est pas une super situation », déclare l’entrepreneur américain. Ce constat laisse penser qu’Elon Musk prévoit des licenciements et des réductions de coûts.

Interrogé sur la question, Musk n’a pas rejeté l’idée de licencier une partie des effectifs. Il précise que Twitter « a besoin d’être en bonne santé ». Sur un ton plus rassurant, il ajoute que « quiconque est un contributeur important ne devrait pas avoir de quoi s’inquiéter ».

L’excentrique milliardaire s’est également voulu plus ouvert au sujet du télétravail. Depuis la crise sanitaire, les salariés du réseau social sont libres de rester travailler chez eux. Musk n’ambitionne pas d’abolir le travail à domicile chez Twitter. Si un employé est « exceptionnel dans son job », il pourra continuer le travail à distance.

Néanmoins, Musk préfère que ses salariés se rendent au bureau pour collaborer en personne. Il y a quelques semaines, il a d’ailleurs formellement interdit le télétravail chez Tesla. « Quiconque souhaite travailler à distance doit être au bureau pendant un minimum (et je veux dire *minimum*) de 40 heures par semaine ou quitter Tesla », déclarait-t-il dans une série d’emails envoyés aux employés du groupe automobile. Interrogé sur ces propos, Musk précise que tous les salariés ne sont pas privés de télétravail. Les « excellents contributeurs » sont toujours autorisés à travailler à distance, rassure le dirigeant. La même approche serait visiblement mise en place chez Twitter sous sa direction.

Lors de la conférence, Elon Musk n’a pas précisé s’il était vraiment prêt à aller jusqu’au bout du rachat de Twitter. Depuis que son offre a été acceptée, l’homme d’affaires a plusieurs fois menacé d’annuler l’opération. Musk argue notamment que le prix de vente doit être revu à la baisse à cause de la prolifération de faux comptes. D’après lui, 20% des utilisateurs de Twitter sont des bots. Avec cette nouvelle prise de parole, Elon Musk semble néanmoins confirmer ses ambitions.

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Source : Vox


Florian Bayard