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Éloigné et bien présent

Le job est terminé, il est parti chez le client et sauvegardé sur l’intranet. Mais le boulot du jour n’est pas fini. J’ai un travail d’enfer ? Oui, au moins en terme de temps passé. Mais pas au niveau des conditions : trois jours sur cinq, je bosse chez moi.

On y pense tous un jour ou l’autre. Prendre matin et soir un wagon souillé de RER, poireauter dans les embouteillages, subir les averses ou les grèves surprise ; c’est l’enfer. L’idée de travailler chez soi finit toujours par germer. Ce mode de vie, qui peut être perçu comme privilégié, ne s’organise pas dans la précipitation.Tant que je n’avais pas d’enfants, mes horaires étaient en fonction des bouchons. J’ai ainsi décollé pendant des années à 6 h 45 pour trouver l’autoroute de l’Ouest fluide et arriver tôt à Paris. Ainsi, la partie la plus dense de mon travail était terminée avant même le premier coup de téléphone des clients. Le soir, je rentrais à pas d’heure, société de services oblige. Au final, je vivais au bureau.Avec des rejetons, l’inversion des horaires s’est imposée d’elle-même. C’est qu’il est bien agréable de les mener à l’école le matin, de les récupérer le soir ; de les voir grandir, en somme. Après quelques essais, on découvre que l’on travaille aussi bien chez soi, voire mieux, à une condition : il faut s’organiser pour éviter le voyage quotidien au bureau. Du discours, dites-vous ?Cette organisation dépend d’un peu de bonne technologie, portables, serveur et Internet, mais ce n’est pas suffisant. Elle nécessite une admirable entente avec ses équipiers, une énorme autonomie, une confiance mutuelle totale. Et si l’informatique est rapide à mettre en place, l’équipe, elle, a besoin de temps pour se roder.Le premier maillon du dispositif ? Une connexion correcte. J’ai commencé par une liaison Numéris, au début des années 90, avant de passer à l’ADSL. J’utilisais un système de passerelle qui établissait une liaison point-à-point entre mon domicile et le bureau, idéale pour le transfert de fichiers. Avec l’arrivée d’Internet, ce dispositif a continué à être viable mais avec une facture mensuelle en hausse. ADSL a résolu en partie ce point épineux.Le second maillon, c’est le micro-ordinateur. Durant des années, j’ai possédé deux grosses machines ; une par lieu de travail. Entre les deux, des disques durs glissés dans mon sac à dos assuraient le transport des dossiers en cours. Oubliez la solution, elle n’est pas viable : on finit toujours par faire deux fois certains travaux. J’ai opté, depuis trois ans, pour un portable de course. Du coup, l’environnement de travail est stable où que je sois ; quel fabuleux confort ! Depuis, c’est le Powerbook qui s’introduit dans mon sac à dos à chaque déplacement. (Pour le téléphone, c’est pareil. Un portable et c’est toutes mes lignes fixes qui en ont pris un coup !)Dernier maillon, l’installation d’un serveur intranet au bureau. Inutile de m’étendre sur le sujet ; vous en savez autant que moi (ou sondez les archives de ce site).Avec une telle organisation, je me voyais déjà dans un chalet d’altitude dans le Queyras ou, à la rigueur, planqué dans les vignes de Bourgogne. On oublie pour l’instant. L’ADSL là-bas ? C’est pour jamais ou juste un peu avant.En attendant de résoudre ce dernier souci, je m’astreins à une discipline de fer. Pas de raid sur le frigo, pas de magazines d’architecture aux toilettes, pas de balade pour s’aérer les neurones. Et, surtout ! prise en compte obligatoire des demandes et horaires des enfants. Avec ça, tout va au poil. Ah ! oui, c’est aussi que je noublie pas mes collègues ; je les vois deux fois par semaine. Et le plat du midi englouti en commun au Ver luisant, ça vous soude une équipe de télétravailleurs !

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Jean-Christophe Courte