Cette semaine, à San Francisco, se tient la GDC 2018 à l’occasion de laquelle nous avons déjà pu découvrir les avancées faites par Nvidia et Microsoft sur le ray tracing, illustrées par des démos assez bluffantes.
Aujourd’hui, c’est Electronic Arts qui entre dans la danse mais pas question de technologies graphiques en l’occurrence. L’éditeur de jeu est là pour présenter ses dernières recherches en matière d’intelligence artificielle. C’est logiquement sa division SEED (Search for Extraordinary Experiences Division), créée et officialisée en juin 2017, lors de l’E3, qui assure le spectacle.
Les développeurs d’EA sont parvenus à entraîner des IA à jouer à Battlefield 1, l’un de leurs jeux de tir à la première personne. Le résultat est assez inattendu comme le montre la vidéo ci-dessous.
Apprentissage par imitation puis par renforcement
Magnus Nordin, directeur technique du SEED, explique que pour parvenir à faire en sorte que les “Agents IA” puissent se comporter presque comme des humains dans certaines situations, les chercheurs leur ont d’abord fait analyser 30 minutes de gameplay assuré par des joueurs humains.
Ensuite, une fois qu’elles ont eu maîtrisé les bases, les IA se sont affrontées les unes les autres. Des versions d’elles-mêmes mais aussi de classiques “bots” (des IA scriptées incluses dans le jeu) se sont ainsi opposées six jours durant sur plusieurs machines. En tout, chaque Agent IA aura ainsi joué l’équivalent de 300 jours de jeu.
Comme le montre la vidéo, les Agents IA savent correctement gérer le manque de munitions ou de vie (caisses de couleurs à récupérer) et peuvent réagir presque comme le feraient des joueurs lorsqu’ils aperçoivent un adversaire. Ils savent – aussi – exploiter la mini carte du jeu et, contrairement à la plupart des bots contrôlés par une IA, leur champ de vision est égal à celui d’un joueur classique. Pas de vision à travers les murs ou d’omniscience ici.
Leur comportement est parfois “loufoque”
En revanche, les Agents ont parfois des comportements bizarres. Ils ont ainsi tendance à courir en cercle ou à partir se promener sur la carte, sans but, si aucune cible n’est à portée de tir ou qu’un potentiel ennemi n’a pas été clairement identifié. Magnus Nordin explique que : “Les Agents ont beau s’améliorer en continu, ils n’apprennent finalement pas très vite. Ils ont parfois un comportement assez loufoque“.
En outre, si vous attendez d’eux qu’ils se déplacent stratégiquement, en élaborant une tactique à plusieurs étapes et plusieurs protagonistes, vous allez être déçu car ils en sont pour le moment incapables.
Magnus Nordin explique cependant que, mis en face de joueurs véritables, les Agents IA ont réussi à s’en sortir honorablement. Seule une arme était autorisée pour tous les protagonistes et les IA ont réussi à s’adapter à tel point qu’après quelques parties, les joueurs testeurs ont demandé aux développeurs de clairement identifier les Agents.
Bientôt dans nos jeux ?
Croiser ce type d’IA dans nos jeux vidéo n’est pas encore à l’ordre du jour. Les chercheurs du SEED pensent tout d’abord se servir de ce nouvel outil pour améliorer la détection de bugs ou de crashs dans les jeux, avant que ceux-ci ne sortent officiellement.
La suite logique serait d’implanter ce type d’IA dans un titre, où elle officierait en tant que personnage non-joueur (PNJ), capable d’interagir intelligemment avec les joueurs en adaptant leur comportement.
Peut-être que, dans un troisième temps, les IA constitueront les adversaires des modes solo des titres consoles et PC. Mais Magnus Nordin l’assure, le but n’est pas de battre l’humain. Il souhaite avant tout “concevoir de nouvelles expériences pour rendre les jeux encore meilleurs. Perdre contre une IA supérieure n’est pas drôle“.
En somme, les IA vont d’abord nous aider à améliorer les jeux puis nous épauler… avant de nous mettre de belles raclées à force de nous observer, apprendre de nos erreurs et parfaire leur propre technique. Chouette programme.
Source :
EA
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