Edward Snowden est loin d’avoir laché prise. L’ex-consultant de la NSA s’est exprimé ce soir au travers d’un live chat particulièrement attendu et suivi. Sur Twitter, les questions n’ont pas arrêté de pleuvoir durant les deux heures qu’a duré cet évènement. Au total, l’homme aura répondu à treize questions triées sur le volet.
En exil à Moscou, Edward Snowden est loin de regretter son acte, au contraire. Face au système de surveillance de masse mis en place par la NSA, il était impossible pour lui de “rester là et regarder”. Il lui fallait agir “quelque soit le prix à payer”. Et ce prix est un exil à durée indéterminée. Un retour aux Etats-Unis “n’est malheureusement pas possible”, car “la loi américaine de protection des lanceurs d’alerte ne protège pas les sous-traitants dans le domaine de la sécurité nationale”. Edward Snowden précise avoir informé, à l’époque, ses supérieurs et ses collègues de ses doutes sur la légalité des programmes de surveillance, mais “personne n’était prêt à risquer son job, sa famille, voire sa liberté”.
Le live chat était également l’occasion pour lui de redire tout le mal qu’il pense de l’activité de la NSA. Ainsi, la surveillance de masse des données téléphoniques non seulement “a violé la constitution”, mais “n’a pas permis de détecter un seul complot”. Il serait donc temps d’arrêter cette énorme collecte de données “qui n’est pas faite parce que c’est nécessaire, mais parce que c’est facile et pas cher”. “Ces programmes sont sans précédents dans l’histoire des Etats-Unis, et ils ont été créés en réponse à un risque qui cause moins de morts parmi les Américains que les chutes dans les salles de bain ou les tirs de policiers”, souligne-t-il pour accentuer le caractère disproportionné.
Pouvoir d’anéantissement
Au niveau des droits citoyens, les programmes de la NSA induisent, selon lui, deux principaux dangers. D’une part ils ont un effet tétanisant. “Quand on est observé, on agit moins librement, ce qui veut dire que l’on est effectivement moins libre”, explique-t-il. D’autre part, le stockage de toutes ces données dans le temps a pour effet de créer des bases de données gouvernementales ultra-malsaines. Elles stockent “des détails nocifs et embarassants sur les individus mêmes les plus innocents”, avec la capacité d’anéantir rétrospectivement la vie de n’importe qui. “Peut-être ne savez-vous pas où vous avez dinez le 12 juin 2009, mais le gouvernement, lui, le sait”, écrit-il.
Pour autant, Edward Snowden n’est pas contre l’espionnage. “Les services secrets ont un rôle à jouer”, explique-t-il. Mais ils devraient, selon lui, réaliser une surveillance ciblée plutôt que de masse. Il faudrait également définir des normes internationales pour encadrer les activités de renseignement sur le planète. Mais Edward Snowden a une confiance limitée dans tout ce qui est lois et réglements. Pour protéger sa vie privée, il pense qu’il vaut mieux s’appuyer sur les moyens technologiques et renforcer les recherches en cryptographie. A ce titre, il estime d’ailleurs qu’un bon algorithme de chiffrement est tout à fait efficace pour protéger des communications. “Ce qui pose problème, ce sont les points terminaux.”
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