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Edge, protocole oublié de la nouvelle téléphonie mobile

Coincé entre GPRS et UMTS, Edge a été victime du télescopage des générations. Un seul opérateur français lui offre une seconde chance.

Fin janvier, en pleine débâcle de l’attribution des licences UMTS françaises, Bouygues Telecom a annoncé haut et fort son intention de se focaliser sur la téléphonie mobile de types GPRS et Edge. Si le GPRS a toujours bénéficié d’une large couverture médiatique, le protocole Edge (Enhanced Data Rate for GSM Evolution) n’avait, en revanche, jamais encore eu droit aux feux des projecteurs.Développé à l’initiative d’Ericsson, cette évolution du GPRS s’appuie sur l’infrastructure de ses prédécesseurs, mais se distingue par sa modulation radio, qui offre un débit théorique de 384 kbit/s. Et ce, sans bouleverser véritablement les réseaux existants, contrairement à l’UMTS.

Une alternative économique à l’UMTS

Autre atout, Edge avait presque conquis les États-Unis : l’UWCC (Universal Wireless Communication Consortium) envisageait d’en faire un successeur du TDMA, protocole phare de la téléphonie mobile américaine. Compatible GSM et TDMA, il pouvait donc prétendre à un développement mondial.“Mais le revirement des opérateurs américains a fait basculer son destin, explique Vincent Poulbère, consultant à l’Idate. Suite à l’entrée du japonais NTT DoCoMo, promoteur du WCDMA, dans son capital, AT&T a décidé de déployer un réseau GSM-GPRS, sans attendre Edge. Les opérateurs concurrents l’ont suivi peu après.”De son côté, l’Europe a déjà déployé (ou presque) le GPRS pour se préparer à l’UMTS. Coincé entre la téléphonie mobile dite 2,5 G (pour génération) et la 3 G, qui accusent de sérieux retards de déploiement, Edge a-t-il encore sa place ? Bouygues Telecom en est convaincu : “Edge est en parfaite continuité avec le GPRS. Mieux vaut valoriser les techniques d’évolution du GSM, plutôt que de commercialiser prématurément des offres qui risquent de décevoir”, commente l’opérateur, sans en préciser davantage.Parfois qualifié de ” bouée de sauvetage ” pour les opérateurs dépourvus de licence UMTS, Edge peut néanmoins séduire les détenteurs de la fameuse licence. “Au départ, l’UMTS ne sera déployé que dans des zones à fort trafic. Edge est une alternative plus économique pour élargir la couverture haut débit d’un opérateur aux zones moins fréquentées”, résume Vincent Poulbère.Bouygues Telecom pourrait bien adopter cette solution : même après avoir annoncé son orientation vers Edge, il n’exclut pas l’idée d’obtenir un jour une licence 3 G. Licencié ès UMTS, Orange (ex-Itineris) est, en revanche, plus pessimiste quant à l’avenir de la téléphonie mobile ” 2,75 G ” : ” L’étape Edge sera peut-être inutile ou réservée à des marchés de niche. “Beaucoup plus cynique, SFR parle carrément de marginalisation de la poignée d’opérateurs qui s’y lanceront. À cet égard, la position des fournisseurs et équipementiers télécoms est un facteur déterminant dans le déploiement de la norme.

Le rôle clé des équipementiers

Après avoir largement communiqué l’année dernière sur la compatibilité de certains équipements avec Edge, Alcatel se fait aujourd’hui plus discret sur le sujet. Nokia annonce, quant à lui, de nouvelles stations de base conformes au protocole.Partenaire de longue date de Bouygues Telecom, Nortel se dit également “Edge Ready “, mais reste lucide : “Nous attendons que la norme soit suffisamment stable pour aller plus avant. Nous attendons aussi que les fournisseurs de terminaux soient prêts”, avoue Jean-Claude Lebigre, directeur général de Nortel Networks France.L’avenir de Edge est donc entre les mains des constructeurs de terminaux, qui doivent assurer une triple compatibilité GSM-GPRS-Edge. Les fournisseurs seront-ils prêts à consentir à un tel investissement ?




























































































 Une cascade d’évolutions protocolaires 
 Norme     GPRS     Edge     UMTS 
             
 Mise en service     2001     2002     2003 
             
 Débit maximal théorique en kbit/s (utilisateur fixe)     115     384     2048 
             
 Évolutions par rapport à la technologie précédente     Passage d’une commutation de circuits à une commutation de paquets.     Changement de modulation radio permettant d’élargir la bande passante.     Spectres de fréquence plus larges et modification du codage de données. 
             
 Évolutions d’infrastructures     Évolution logicielle, mise en place d’une dorsale IP, d’émetteurs-récepteurs et évolution des terminaux.     Évolution des stations de base (changement de modulation) et des terminaux au niveau matériel.     Modification importante de toute l’infrastructure réseau et des terminaux. 
 



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Julie de Meslon