Le mouvement Copwatch-Stop Police Brutality est né aux États-Unis, en 1990, pour dénoncer les brutalités dont sont parfois victimes les personnes interpellées par les forces de police. L’une des vidéos diffusées, filmée par le témoin de l’arrestation violente de Rodney King, avait alors fait grand bruit dans l’opinion publique, avec pour effet le déclenchement des violentes émeutes de 1992 à Los Angeles.Ces derniers mois, c’est la version française de l’organisation, Copwatch Nord-Ile-de-France, qui a fait parler d’elle en publiant sur le Web les fiches de dizaines de policiers avec leur nom, prénom et affectation ainsi que des photos où ils apparaissaient lors d’interventions sur le terrain. Avec cette base de données, les créateurs du site, un “ collectif de citoyens souhaitant lutter par la transparence et l’information contre les violences policières ”, ont soulevé l’ire des syndicats policiers. Si, aux États-Unis, on invoque la liberté d’expression pour diffuser ce genre d’information, en France, cette notion a pour limite légale l’interdiction de porter atteinte au droit à la protection de la vie privée (loi Informatique et libertés). Conséquence : plusieurs plaintes ont été déposées par les policiers et le ministère de l’Intérieur, entraînant une sanction du juge du tribunal des référés de Paris ordonnant le blocage du site auprès des six FAI français. “ Ce jugement sanctionne notamment la collecte d’informations personnelles à l’insu des personnes concernées et leur diffusion sans leur consentement à des tiers (internautes), sans possibilité pour ces personnes de s’y opposer ”, précise maître Christiane Féral-Schuhl, avocate spécialiste des technologies de l’information et de la communication.À l’heure où des vies s’affichent sur les murs des réseaux sociaux, où il est facile de piller les sites ou d’y avoir accès en dépit des blocages légaux, la frontière devient de plus en plus ténue entre la liberté d’expression et le dérapage vers l’infraction.
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