La chute des valeurs Internet a fait beaucoup de mécontents. En particulier parmi les petits porteurs entraînés dans l’aventure de la bulle Internet par les discours enthousiastes des analystes financiers de Wall Street.Rien d’étonnant, donc, à ce que le cabinet d’avocats Schiffrin & Barroway, spécialisé dans la défense des petits porteurs, vienne d’engager une action en justice à l’encontre de Morgan Stanley et de son analyste Mary Meeker.Schiffrin & Barroway reproche à la banque d’avoir émis des recommandations positives concernant les titres d’eBay et d’Amazon sur des critères non objectifs.Morgan Stanley était la banque d’affaires d’eBay et d’Amazon.com entre août 1998 et janvier 2001. Or, l’établissement n’aurait pas respecté durant cette période la règle dite du ” Chinese Wall “(NDLR : Muraille de Chine). Ce dispositif consiste à séparer les activités de banque d’affaires et les services d’analyse financière.
Des recommandations frauduleuses
Pour Schiffrin & Barroway, la banque new yorkaise a manipulé sur trois points les actionnaires d’eBay et d’Amazon.Premièrement, elle aurait employé Mary Meeker, son analyste spécialisée dans les valeurs technologiques, en vue d’attirer et de retenir les clients de Morgan Stanley sur les titres des sociétés également clientes de la banque.Deuxièmement, Mary Meeker est accusée d’avoir produit des recommandations frauduleuses. ” Les commentaires sur eBay ne se fondaient pas sur une analyse objective, mais plutôt sur l’intérêt que pouvait avoir Morgan Stanley, en tant que banque d’affaires, à conserver eBay parmi ses clients “, estime Schiffrin & Barroway sur son site.Troisièmement, les primes obtenues par Mary Meeker auraient été directement liées au volume d’affaires qu’elle pouvait apporter à Morgan Stanley.Les arguments de Schiffrin & Barroway résisteront-ils pour autant au juge de la cour du district de New York ? Rien n’est moins sûr, puisque les plaignants doivent démontrer que les travaux de Mary Meeker ont eu un impact positif et significatif sur les cours d’eBay et d’Amazon.
Trois analystes sur le grill
Ce procès risque toutefois de nuire définitivement à la réputation des analystes des valeurs technologiques. En effet, une série d’affaires secoue actuellement Wall Street. Toutes sont liées à des conflits d’intérêt entre les banques d’affaires et leurs services d’analyse financière.Merrill Lynch a ainsi versé une somme de 400 000 dollars aux autorités de la Bourse de New York, le 20 juillet dernier, pour mettre fin aux poursuites engagées contre l’analyste Henry Blodget. Zamansky & Associates accusait ce dernier de ne pas avoir respecté la règle de la ” Muraille de Chine “.Idem pour Jack Grubman, analyste des valeurs télécoms à Salomon Smith Barney (Citigroup), à qui Zamansky & Associates reproche d’avoir publié des travaux frauduleux.
Le Congrès américain s’est saisi du problème
Pour ce faire, la sous-commission de la Chambre des représentants a auditionné, mardi dernier, Laura Unger, la présidente de la Commission des opérations de Bourse de New York (SEC). Celle-ci a reconnu l’existence de fraudes ou de manipulations chez certaines banques daffaires.
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