L’ère du tout-gratuit sur internet touche à sa fin. Analystes, éditeurs, opérateurs, équipementiers réseaux sont unanimes. Et les entreprises ne peuvent que s’en réjouir. Elles vont enfin pouvoir rentabiliser leurs investissements dans un contenu si cher à produire. Pour l’heure, elles devront se contenter de bonnes intentions. Faute de technologies adaptées, la facturation du contenu reste en effet difficile hors abonnement prépayé.Fonctionnant au niveau 3 de la couche réseau (couche IP), les équipements (routeurs, commutateurs, etc.) des opérateurs permettent de compter les paquets IP qui transitent par leurs tuyaux, mais pas de regarder ce qu’ils contiennent. En d’autres termes, pour facturer du débit, il suffit d’additionner les paquets portant l’adresse d’un émetteur. Alors que pour faire payer du contenu, les systèmes de facturation sont obligés de passer par une phase d’analyse des informations recueillies sur chaque paquet IP. Et ce pour isoler les requêtes d’un utilisateur, vérifier que le contenu demandé a bien été délivré, voire reconstituer des sessions. Autant dire que, compte tenu de la masse d’informations à traiter, la tâche est impossible à réaliser.
Traiter les données par session et service
Le seul moyen de passer outre les traitements préalables au système de facturation est d’enregistrer les informations au niveau 7 de la couche réseau (couche application). A ce stade-là, elles sont collectées par session. Ce qui réduit le volume de données à traiter par les systèmes de facturation et évite les analyses. Bruno Dambrun, directeur général Emea (pour Europe, Middle-East, Africa) de Cacheflow, va même plus loin : “La facturation du contenu n’est possible qu’avec des réseaux de type ” Content Aware ” ?” c’est-à-dire capables de savoir où se trouve l’information, qui la consomme, pendant combien de temps, quelles requêtes ont abouti et quelles sont celles qui ont échoué ?” pour éviter de surfacturer le client.”C’est précisément pour ces raisons que des acteurs comme Cisco ou Nortel ont respectivement racheté Arrowpoint et Alteon. Deux spécialistes d’équipements de répartition de charge gérant la couche 7 ?” donc capables de transmettre des informations par session et service au système de facturation. Egalement amenés à jouer un rôle primordial dans la facturation du contenu, dans le cadre des Content Delivery Networks, les éditeurs de logiciels de cache ont adopté une démarche similaire.Chez Narus ou Xacct, éditeurs spécialisés dans la collecte d’informations, on préfère jouer le rôle d’intermédiaire, en analysant les paquets IP avant de transmettre de l’information “prémâchée” au système de facturation.Reste que, comme le souligne Stéphane Girard, directeur technique d’Enition, éditeur d’une solution basée non plus sur la collecte d’information mais sur un système de jeton : “Malgré la débauche de données collectées, rien n’a été prévu pour le fournisseur de contenu qui n’a aucune visibilité réelle sur la consommation de son capital d’information “.
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