Avant l’arrivée des outils d’EAI, les entreprises devaient développer elles-mêmes deux connecteurs à chaque fois qu’elles souhaitaient relier deux applications entre elles. Aucune politique de standardisation des connecteurs n’était définie, pas plus qu’un protocole de transport standard. Si bien qu’après quinze ans d’intégration, les connexions interapplicatives représentent un véritable plat de spaghettis qui coûte de plus en plus cher à maintenir, quand cela est possible.
Utilisation : uniformiser le dialogue entre applications
Les plates-formes d’EAI sont des multiprises applicatives qui relient les applications entre elles en se fondant sur des standards. Ce faisant, elles rationalisent et fluidifient le système d’information, le rendant plus flexible et plus réactif. Les outils d’EAI renforcent également la stabilité et la fiabilité du système d’information en découplant les applications les unes des autres. Ces applications sont regroupées par quartiers. Chaque quartier est autonome et défini selon une logique métier fonctionnelle (commande, facturation, etc.). Il est relié aux autres quartiers par les outils d’EAI. Au sein de chaque quartier, les relations entre les applications suivent le même schéma. Si bien qu’un quartier ou une application peuvent être facilement débranchés sans bloquer le fonctionnement du reste du système.
Principe de fonctionnement : une multiprise applicative
Une plate-forme EAI fonctionne sur le modèle d’une multiprise. Chaque application possède un connecteur standard (la prise) qui est relié au ” bus EAI ” (la multiprise). Le connecteur est un exécutable ou une classe Java, installé sur la machine qui héberge l’application. Il traduit les données provenant de l’application dans un format lisible par un courtier de message, et vice versa. Il existe deux types de connecteurs : techniques et applicatifs. Les connecteurs techniques sont reliés aux applications depuis leur base de données, des fichiers plats, etc. Les connecteurs applicatifs interfacent directement leurs API (Application Programing Interface). Encore propriétaire au début des années deux mille, les connecteurs se standardisent peu à peu autour de technologies telles que les services web (WSDL, Soap, HTTP) ou JCA (J2EE Connector Architecture). Au c?”ur de la plate-forme, le ” bus EAI ” traditionnel est constitué d’un courtier de messages (message broker) et d’un MOM (middleware orienté messages). Le courtier de messages applique des transformations sur les messages entrants avant de les renvoyer vers les applications. Il est également capable de router une information sur une file d’attente particulière du MOM. Ainsi, si une application destinataire n’est pas accessible, le MOM stocke les messages entrants et sortants jusqu’à ce qu’ils soient récupérés par leurs destinataires. C’est ce mécanisme de communication asynchrone qui permet de découpler les applications les unes des autres. Dans cette architecture de type ” publication et abonnement “, chaque application s’abonne à des files de messages sur lesquelles elle peut publier et recevoir des messages, le plus souvent aujourd’hui au format XML. Il existe un autre modèle qui consiste à relier directement deux applications entre elles via un mécanisme de type RPC (Remote Procedure Call ou appel de procédure distante).
Acteurs : un marché en pleine consolidation
Le coût d’une solution d’EAI est lié à celui des connecteurs et du courtier de messages, qui sont vendus séparément. Les éditeurs commercialisent en effet la plate-forme avec un nombre minime de connecteurs techniques et facturent très cher les connecteurs applicatifs, qui apportent le retour sur investissement le plus rapide à l’entreprise. Le coût moyen d’un connecteur technique se situe autour de 30 000 e, quand un connecteur applicatif peut atteindre plus de 250 000 e. Depuis peu, deux facteurs font baisser le coût de ces outils : la standardisation des technologies et une forte consolidation du marché, qui pousse les acteurs à se spécialiser. Le marché de l’EAI est extrêmement atomisé et compte plus de 50 acteurs entre les États-Unis et l’Europe. S’il est pour l’instant dominé par les Tibco, webMethods ou Vitria, ces derniers sont concurrencés par une multitude de nouveaux entrants, de Microsoft (orchestration) à Akazi (BPM), en passant par Sunopsis (PME), CapeClear ou Iona (services web). Chacune de ces sociétés se démarque par une approche technologique originale poussant les éditeurs traditionnels à se spécialiser ou à se démarquer. Une fois leurs solutions éprouvées, la plupart des pure players y ajoutent une couche de gestion des processus métier (BMP) pour se différencier.
Alternatives : vers l’orchestration de services web
Les plates-formes d’EAI sont le prolongement des logiciels d’ETL (Extract, Transform and Load). Ils exécutent les mêmes opérations que les plates-formes d’EAI, mais le font en temps différé. Ils sont plus adaptés au traitement des gros volumes. Enfin,un nouveau type d’outil fait son apparition : les plates-formes d’orchestration. Encore émergentes, elles se spécialisent dans l’orchestration de composants logiciels de type EJB, services web, etc., pour lesquels des appels synchrones de type RPC sont le plus souvent nécessaires.
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