Pour les entreprises, la transition vers les places de marché semble inévitable. Et, avec elle, l’intégration de leurs systèmes d’information à ces plates-formes. En effet, dans l’univers du commerce interentreprises, les échanges entre l’acheteur et le fournisseur se déroulent forcément en temps réel. Le premier automatise, par exemple, l’expédition des bons de commande et le rapatriement des factures. Le second, lui, répond au plus près aux demandes de ses donneurs d’ordres. La capacité d’intégration des entreprises aux places de marché conditionnera donc leur compétitivité. Celles qui s’en passeront pourraient bien avoir du mal à accompagner une montée en puissance de leurs volumes d’affaires et passer à côté des retombées de la cyberconcurrence tarifaire.
Pour garantir l’ouverture des entreprises aux places de marché, les composants d’EAI (Enterprise Application Integration) semblent s’imposer. Ils permettent justement le dialogue entre le système d’information et la place de marché. Schématiquement, ils assurent l’acheminement des informations, ainsi que leur traduction aux formats reconnus par l’entreprise en interne. Ils synchronisent même les applications des deux environnements entre elles. Et il en résulte souvent la création d’une base de données commune. En dépit de tels avantages, les éditeurs de places de marché ne revendent ces composants EAI que depuis très peu de temps. Jusqu’ici, l’intégration reposait plutôt sur des développements ponctuels et spécifiques.
De plus, pratiquement à chaque fois qu’un EAI a été mis en ?”uvre pour interfacer le système d’information d’une entreprise avec une place de marché, il l’a été pour adapter le PGI de l’entreprise. Et, en particulier, ses fonctions achats et finance. Or, l’atonie actuelle du marché des PGI freine quelque peu les ardeurs des éditeurs de places de marché. Doivent-ils persister dans de telles démarches ? Non, si l’on en croit Nigel Rayner, consultant pour le Gartner Group : “L’époque où les PGI constituaient le centre de gravité des entreprises touche à sa fin. Face à la croissance explosive des places de marché, les PGI vont péricliter.”
XML permet des échanges tous azimuts
En fait, ils s’imbriqueront directement sous forme de modules dans les places de marché. Ces dernières fédéreront les communautés verticales d’acheteurs et de fournisseurs. Et ce sont les applications de gestion de la relation client et de gestion de la cha”ne d’approvisionnement qui s’y grefferont en lieu et place du PGI. “Les fonctions de planification et de collaboration remplaceront les capacités transactionnelles des PGI en tant que nerfs de la guerre concurrentielle entre les éditeurs de PGI”, estime Nigel Rayner.
XML, métalangage indépendant du réseau et capable de décrire un contenu riche, appara”t, lui, comme le lubrifiant tout désigné de cette démarche d’intégration. Et, à terme, il s’imposera sans aucun doute, car il brise le modèle d’échanges centralisés régis par un seul donneur d’ordres et ouvre, au contraire, la voie à des échanges bilatéraux tous azimuts. Cependant, quelques bémols demeurent le concernant. Ainsi, Colin Billinger, directeur e-commerce pour le prestataire de services américain GEIS, estime que, comparés à l’EDI et à son format texte, les fichiers XML et leur contenu riche restent trop volumineux pour être adoptés en masse. “Dans sa version brute, XML 1. 0 se contente de définir les types de caractères utilisés dans le document. Et il reste dépourvu de capacités de programmation intelligente”, ajoute Mark Masterson, chef de produits pour Commerce One.
Pour combler ces lacunes, bon nombre d’éditeurs ont dû ajouter des extensions propriétaires. C’est le cas de Commerce One avec xCBL et d’Ariba avec cXML. Ainsi, pour résoudre la question importante de la définition des schémas de documents, par exemple, Commerce One, qui est considéré comme un pionnier du domaine, a défini cinq composants de base : la catégorie du fournisseur, son origine, les mesures de temps, la classification des produits, et les bons de commande. Chacun de ces éléments est lui-même subdivisé en trois sous-composants. Et l’entreprise pioche dans cet ensemble pour créer son document.
Enfin, s’il existe pas moins d’une dizaine d’organisations qui militent pour différents standards XML, le dernier mot devrait revenir au W3C, a priori garant d’une certaine neutralité. Pourtant, Colin Billinge table, lui, sur l’émergence de standards par secteur d’industrie vertical, à l’image de ce qui existe dans le monde de l’EDI (échange de données informatisé). Selon Forrester Research, le consortium Covisint, créé par General Motors, Ford et Daimler Chrysler, prendrait d’ailleurs cette voie
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