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E3 2017 : le grand plantage de la conférence Sony

Menée sans âme par un seul intervenant, sans grand intérêt, la keynote du géant japonais s’est très vite essoufflée, gâchant les quelques bons moments qu’elle aurait pu réserver.

Sur Twitter, francophone ou anglophone, on en rit ou en pleure, mais on ne s’extasie pas. Pour avoir été présent dans grande salle du Shrine Auditorium de Los Angeles, il faut avouer qu’on est partagé entre les deux. Le rire est jaune et les larmes de frustration.

Grand bien lui fasse, depuis l’année dernière, Sony semble vouloir réinventer la conférence qu’il donne traditionnellement en dernier à la veille de l’ouverture officielle de chaque E3. Le glissement se manifeste aussi bien dans le fond que sur la forme. Ainsi, les jeux présentés semblent toujours aller chercher trop loin dans notre calendrier leur date de sortie. Et puis, avouons-le, la conférence prend de plus en plus des airs de webcast.

Malgré des effets pyrotechniques, des tentatives de mise en scène artistique et un orchestre sur la scène au moment du lever de rideau, le spectacle n’est plus dans la salle.

AS – Le monsieur Loyal de Sony, Shawn Layden (CEO de SIEA), seul sur scène durant toute la conférence…

Tout passe par une longue série de trailers sans fin, sans commentaire, sans indication sur une quelconque volonté de Sony de porter un message, une stratégie pour conquérir de nouveaux joueurs et continuer à séduire ceux qui ont choisi son camp. Tout se passe sans humain. Or finalement, sans humain, les jeux vidéo ne sont rien.

Ce manque est d’autant plus regrettable que Microsoft a posé sur la table l’équivalent du Big Fucking Gun de Doom. Son BFG est une nouvelle console qui chipe sans effort le titre de console de salon la plus puissante du marché.

Face à la Xbox One X, Sony aurait dû jouer serré, argumenter, valoriser son avance en termes de parts de marché, la justifier également avec soin. Ca n’a pas été le cas, comme si cela n’intéressait plus le géant japonais dont on n’a vu qu’un seul et unique représentant, américain.

En fait, il était difficile de ne pas avoir l’impression d’un malaise, d’un grand raté quand le rideau est retombé. Il y a d’abord eu un flottement, une attente, était-ce vraiment terminé ? Après seulement une petite heure ? Sans un vrai « au revoir » ? Sans un rappel ? Sans une ultime claque ? Sans grand-chose à se mettre sous la dent, en fait. Ne voyant rien venir, l’assistance a émis quelques rires un peu forcés, quelques cris, mais pas un applaudissement. Le Shrine Auditorium s’est alors vidé et il y avait dans les regards comme une question : mais que vient donc de faire Sony ?

Une présentation insipide

Archi leader sur cette génération de console avec 60,4 millions de PlayStation 4 écoulées, en tête de pont sur la réalité virtuelle, avec son PlayStation VR, Sony semble tout simplement être passé à côté de l’exercice – ou alors est-ce annonciateur d’un changement historique et d’une dématérialisation de la conférence l’année prochaine ?

Dans tous les cas, l’enchaînement des trailers, accompagnés d’effets artistiques inutiles et entrecoupés de deux interventions sur scène, a comme nivelé par le bas tout ce qui défilait à l’écran. Sur le papier les titres évoqués sont loin d’être inintéressants. Prenons au hasard, Uncharted The Lost Legacy, Call of Duty WWII, God of War ou encore Detroit Become Human. Ces jeux ont en eux de quoi devenir des blockbusters. Pourtant, ils n’ont que peu emballé… car ils ont été rendus insipides par la présentation. Après tout, en 2017, si on souhaite « binge watcher » des trailers, pas besoin d’une conférence E3, YouTube est là toute l’année.

Sony- – God of War 4 est prévu pour le début de l’année 2018.

Marvel Spider-Man, jeu de la soirée

Sony a donc raté sa conférence, d’autant que quelques détails chagrinent. Le premier, les jeux prévus d’ici la fin d’année sont rares. Horizon Zero Dawn The Frozen Wilds est l’exception qui vient la plus facilement en tête, mais ce n’est qu’un DLC…

Le deuxième, certains aspirants blockbusters semblent se chercher ou manquer d’un rien. Pour sa troisième conférence E3, Detroit Become Human a encore une fois changé de ton et de genre, laissant perplexe sur le jeu qu’il est et va devenir.

De son côté, Days Gone paraît recycler des situations et des éléments de gameplay vus mille fois au service d’une histoire guère originale.

https://twitter.com/call_me_senpai/status/874452503831642112

Où est donc la fraîcheur ? Celle qu’on attribue souvent (à raison) aux titres indépendants ? Eh bien avec les jeux indépendants, serait-on tentés de dire. C’est-à-dire dehors, car ils ont été passablement absents, transparents… oubliés ?

Ensuite, le troisième détail tient au fait que le jeu qui en a le plus mis dans la vue des spectateurs a beau être une exclu, ce n’est pas un titre maison: c’est Marvel Spider-Man. Sa séquence de jeu était en tout cas plus lisible et immersive que toutes les autres réunies. Même celles de Shadow of the Colossus, de Skyrim VR ou de Monster Hunter World. Un jeu de superhéros en roi de la soirée ? Le petit monde vidéoludique a bien changé…

Enfin le quatrième détail gênant vient d’une constatation. On a eu droit, dimanche dernier, à une conférence de Microsoft très maîtrisée même si elle n’était pas dénuée de défauts. Pire encore pour Sony, quelques heures plus tôt, Ubisoft adressait une lettre d’amour enthousiasmante aux joueurs et au jeu vidéo, un témoignage et un élan faits d’émotion et d’humains.

En comparaison, la prestation de Sony donne l’impression d’avoir eu à faire à un message d’absence. « Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Sony, on avait mieux à faire que d’incarner nos promesses de jeux. Revenez l’année prochaine pour une vraie conférence. Merci de laisser un message après le bip sonore ». Bip. C’est à vous.

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Pierre Fontaine, envoyé spécial à Los Angeles