Au cœur du stand Microsoft à l’E3, un espace un peu isolé, à la mise en scène spatiale évidente… A l’intérieur, un jeu, attendu, très attendu : Halo 5 Guardians. Patient, dans la file d’attente, on rêvasse et on parle avec nos voisins quand une jeune femme en blouse blanche s’approche et nous demande de regarder dans un appareil, similaire à ceux qu’on trouve chez un ophtalmologue. On nous passe ensuite autour du coup un porte-badge sur lequel est écrit un chiffre. Notre « numéro d’identité visuelle », dans les faits un nombre qui correspond à l’écartement de nos yeux.
Pourquoi une telle mesure pour jouer à un FPS sur console ? A cause de l’expérience Microsoft Halo 5 Guardians, soit la réunion d’une des plus grosses licences vidéoludiques de ces dernières années et d’une des dernières technologies dévoilées par Microsoft, Hololens, son casque de réalité augmentée.
Quoi espérer dès lors ? Une version de Halo 5 jouable avec l’Hololens ? Une extension du jeu dans notre réalité ? Nous avions une idée de ce à quoi nous pouvions nous attendre pour avoir eu la chance de rencontrer, la veille au soir, Kudo Tsunoda, un des pères de Kinect et du casque de réalité augmentée de Microsoft.
Responsable des Microsoft Studios et des expériences innovantes chez Microsoft, le dirigeant du projet nous a d’ailleurs corrigé immédiatement : Hololens, ce n’est pas de la réalité augmentée, mais de la « réalité mélangée » (« mixed reality »). « La réalité augmentée utilise beaucoup de tags, de caméras pour se superposer au monde réel, alors qu’avec les hologrammes vous n’en avez pas besoin, nous a-t-il expliqué, avec de continuer. Il suffit d’insérer l’hologramme dans un environnement réel, pour qu’il devienne réalité. » On pourrait donc presque parler de réalités mélangées, au pluriel. L’une et l’autre se soutenant et se renforçant.
« Avec la réalité mélangée, nous essayons d’intégrer votre environnement dans l’expérience », précisait Kudo Tsunoda, convaincu que le caractère unique de chaque environnement rend chaque utilisation de la réalité mélangée toute aussi unique.
Et de fait, pour cette expérience Halo 5, nous nous retrouvons dans un décor de vaisseau spatial. Dans la peau d’une nouvelle recrue qui passe sa visite médicale, on nous fait nous asseoir puis nous appelle un à un pour enfiler le casque qui est configuré en fonction du chiffre écrit sur notre badge. Après une rapide étalonnage, qui demande qu’on ajuste le casque au mieux, on nous envoie dans une salle de préparation de mission, au bout d’un couloir.
La visière est transparente, nous n’avons donc aucun problème à marcher jusqu’à un point où on nous demande de regarder le mur. Un mur plein, sans rien. Quand tout à coup s’ouvre une trappe virtuelle au travers de laquelle on voit un vaisseau, plus vrai que nature. On marche enfin jusqu’au point de briefing.
Au centre d’une console circulaire apparaît alors un hologramme du Commandant Palmer. A l’aide de représentations en trois dimensions, dans lesquelles elle va zoomer, notre supérieure nous explique le fonctionnement du site sur lequel nous allons être déployés… Autrement dit, la répartition des différents points de contrôle et boss dans la map multijoueur de Halo 5 que nous allons arpenter sous peu…
Le briefing dure quelques minutes… Mais il n’en faut pas plus pour prendre toute la mesure du potentiel et du chemin à parcourir pour que Hololens atteigne sa maturité.
« Nous en sommes au tout début », reconnaissait Kudo Tsunoda à la veille de cette rencontre avec Hololens. « Nous commençons à construire des expériences, qui reposent sur une narration et une histoire fortes. Les joueurs s’attachent naturellement aux personnages et quand vous les voyez s’activer dans votre salon, dans votre cuisine, venir s’asseoir sur le canapé à côté de vous, l’impact est incroyable », assurait-il. Il enchérissait ensuite : « Cela permet d’atteindre un niveau d’engagement émotionnel bien plus important, simplement parce que cela se passe dans le monde réel ».
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Vient justement le temps du réel. C’est à la fin du briefing qu’on nous demande de retirer et restituer le casque Hololens avant d’aller jouer à Halo 5. Finie la réalité mélangée, le jeu classique, manette en main, reprend ses droits. Et aussi bref qu’ait été le contact, on sent comme un appauvrissement de notre environnement, comme si ces hologrammes avaient toute raison d’être et que leur absence créait un vide.
C’est d’autant plus impressionnant que techniquement parlant il y a encore beaucoup à faire. Si le casque à proprement parler est plutôt léger et confortable, le champ d’affichage -et non de vision- extrêmement restreint de la réalité mélangée demande bien des ajustements. Il faut jouer de la molette à l’arrière du casque pendant un moment pour trouver une position satisfaisante. Et il faudra ensuite accepter de ne voir ces magiques hologrammes que dans une toute petite zone, bien petite par rapport à notre champ de vision naturel.
C’est sans parler également du fait qu’on ne pouvait pas non plus interagir avec ces hologrammes. Mais être simple spectateur de ce tour de force technologique est déjà en soit enthousiasmant.
Enthousiasme et frustration, c’est ce qu’on ressent au contact de cette petite démonstration du potentiel d’Hololens. Comme souvent avec les technologies « visuelles », il est difficile de rendre hommage au bouleversement qu’elles apportent par des mots. Et comme souvent dans pareil cas, il est interdit de filmer ou photographier…
Une chose est certaine, il est encore loin le temps où on pourra jouer à un épisode d’Halo avec un casque Hololens sur la tête, dans son salon, sa cuisine ou son garage. L’impressionnante démo réalisée lors de la conférence d’ouverture de l’E3 2015 de Microsoft mettait en scène des éléments majoritairement statiques. Or un FPS est tout sauf statique, n’en déplaise aux campeurs !
Pour autant cette « expérience Halo 5 » est un premier pas qui compte et qu’il faut considérer avec tout l’enthousiasme que peut susciter une technologie qui paraissait devoir être cantonnée à la science fiction il n’y a encore pas si longtemps.
Kudo Tsunoda qui se réjouit de mettre Hololens dans les mains du plus de partenaires possibles, dans tous les domaines imaginables, ne veut pour l’instant parler ni de prix ni de date de sortie. Il ne veut pas imaginer ce à quoi ressemblera Hololens dans cinq ou dix ans. Pour lui, le futur, c’est aujourd’hui…
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