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E-courtage : consolidation en vue

Des rumeurs évoquent une cession de Fimatex par la Société Générale. Pourtant ce poids lourd du courtage en ligne a vu son titre chuter et les acquéreurs éventuels manquent de ressources.

Fimatex à vendre ? Lancée par le quotidien allemand Handelsblatt, l’affirmation n’a été ni confirmée ni démentie par la Société Générale, qui contrôle 75 % du capital d’un des poids lourds français du courtage en ligne. La direction de Fimatex, de son côté, refuse de se prononcer sur cette ” rumeur de marché “, préférant insister sur la capacité de l’entreprise à participer à la probable restructuration du secteur. Dans le monde du courtage en ligne, on estime pourtant, depuis six mois, que la Société Générale souhaite vendre Fimatex.

Un hoquet du cours

Quoi qu’il en soit, la rumeur a permis un léger redressement de l’action sur le Nouveau Marché. Le jour même de la sortie du Handelsblatt, l’action gagnait environ 20 %, en passant de 3,13 à 3,79 euros. Puis, le cours s’est tassé, comme si le marché ne croyait guère à un désengagement de la Société Générale. Pas aux conditions actuelles, du moins… Car, comme l’indique une analyse de Global Equities, “ vendre au plus bas n’est pas forcément signe de bonne gestion, surtout après les lourds investissements réalisés “.Fimatex avait été introduit en Bourse en mars 2000, en pleine euphorie, à 15,7 euros par action. Après une brève incursion à 18,90 euros, le titre n’a cessé de se replier. Sa capitalisation boursière actuelle se limite à 183 millions d’euros et en 18 mois, la valeur boursière de Fimatex a été divisée par cinq. Les mesures d’économie (fermeture de la filiale suisse, compression des effectifs, réduction des dépenses marketing, etc.) n’ont pas enrayé la chute du cours, accentuée par la publication de résultats très moroses pour le premier semestre 2001. La société annonçait alors quelque 104 000 clients au 30 juin dernier (71 735 comptes en France et 32 677 en Allemagne), quand elle en espérait 236 000 fin 2001. Un objectif qui semble hors de portée, comme celui d’arriver au point mort en 2001.Pourtant, selon Global Equities, “ Fimatex a largement les moyens de passer cette période difficile“, notamment grâce à une trésorerie supérieure à 183 millions d’euros qui “devrait lui permettre de tenir trois ans au minimum“. Traduction libre : rien n’oblige la Société Générale à vendre sa participation dans Fimatex. “Un client vaut de 780 à 890 euros“, estime un analyste. Sur cette base, le courtier français vaudrait de 81,3 à 92,5 millions d’euros.Fimatex n’est donc pas à la portée du premier venu. Très affectés par la chute de leurs volumes d’activité, les principaux acteurs européens du secteur voient leurs pertes s’accumuler, réduisent leurs plans d’investissements et assistent, impuissants, à l’effondrement de leur valeur boursière… En Allemagne, ” le ” pays du courtage en ligne ?” avec 2,1 millions de clients alors qu’en France, selon Brokers on line, il n’y en aurait que 415 000 ?”, les géants DAB (maison mère de Self Trade), Consors et Comdirect flirtent avec leurs cours planchers sur les 52 dernières semaines. DAB frôle 12 euros, pour un cours plafond de 25,76 euros ; Consors n’est plus qu’à 12,19 euros contre 58 à la belle époque et Comdirect, végète à 6 euros, très loin de son prix d’introduction en Bourse (31 euros).C’est que les résultats opérationnels de ces courtiers se sont révélés particulièrement maigres ces derniers mois. Comdirect a annoncé qu’au premier semestre 2001, le volume des transactions de ses clients a baissé de 20 % par rapport au semestre précédent, plongeant la société dans le rouge, avec une perte de 36,79 mil-lions d’euros. Commerzbank, le principal actionnaire de Comdirect est satisfait des résultats en Allemagne, mais martèle qu'” à l’étranger, on ne peut pas continuer comme ça“. Pourtant, à Paris, Jacques Charpentier, président du directoire de Comdirect, nuance le propos et annonce que la maison mère injectera 10 millions d’euros dans Comdirect France à la fin septembre.La crise des géants allemands du courtage en ligne n’est pas que conjoncturelle. Selon Olaf Kayser, analyste du secteur pour la DG Bank, “ l’expansion à l’étranger a coûté cher aux grands courtiers allemands et pèse lourd dans leurs comptes, surtout parce qu’elle a été financée, indépendamment de leurs maisons mères, par la manne de leur propre introduction sur le Neuer Markt. ” Bref, les circonstances ne favorisent guère une nouvelle expansion allemande en France. L’histoire n’est pas finie.

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Michel Gassée, avec François Laforgue à Berlin