Sam Wyly détient moins de 1 % du capital de Computer Associates (CA). Mais le 29 août prochain, ce milliardaire texan se verrait bien prendre la tête de la société, en lieu et place de son cofondateur, Charles B. Wang.A cette date, les actionnaires du quatrième éditeur de logiciels mondial (18 000 salariés dans le monde et 6,1 milliards de dollars de chiffre d’affaires pour l’année fiscale 2000, derrière Microsoft, Oracle et SAP) se réuniront en assemblée générale pour signifier par leur vote la reconduction ou le renvoi de l’intégralité de l’actuel conseil d’administration.Pour Charles B. Wang et Sanjay Kumar, respectivement président et directeur général de CA, Sam Wyly est tout sauf un inconnu.Dans la boulimie d’acquisitions qui la caractérise depuis sa création en 1976, Computer Associates a en effet racheté au milliardaire texan deux de ses sociétés, University Computing Company, en 1987, et surtout Sterling Software, éditeur de logiciels d’administration de stockage, en février 2000, pour un montant avoisinant les 4 milliards de dollars en actions.
Un règlement de comptes ?
Or, aujourd’hui, Sam Wyly présente tous les symptômes de l’actionnaire mécontent.Il accuse en effet les responsables de CA d’avoir sciemment exagéré le chiffre d’affaires et les bénéfices de la société depuis des années. Le milliardaire texan se base ici notamment sur des articles parus dans le New York Times. Mais, l’homme ne s’arrête pas là. Comme si les accusations de falsification de bilan ne suffisaient pas, il dénonce également la politique sociale de l’actuelle direction. Cette dernière aurait selon lui procédé à une vague de licenciements abusifs afin de s’éviter les frais d’un plan social.En conséquence, le 21 juin dernier, Sam Wyly a pris son bâton de pélerin et décidé de se lancer dans la course à la présidence de Computer Associates.
Réorganiser CA par lignes de produits
S’il est élu, le milliardaire texan envisage de scinder le géant du logiciel en quatre entités distinctes : stockage, sécurité, administration en réseau et Knowledge Management. Il préconise aussi une révision globale des pratiques commerciales de l’entreprise, et en particulier l’abandon du système actuel par contrats au profit d’une approche produits.Enfin, il préconise une plus grande ouverture des logiciels CA par un engagement renforcé sur XML et Java et une mise à disposition généralisée des interfaces de programmation d’applications (API) propriétaires employées jusqu’ici.Dans l’ensemble, le discours de l’aspirant PDG vante les mérites des petites structures très réactives pour mieux pointer du doigt la complexité actuelle de l’organisation de CA.
Tous les moyens sont bons pour convaincre les actionnaires
Pour asseoir son projet, il a fondé avec son frère Charles une société d’investissement, Ranger Governance. Il a par ailleurs nommé un ” cabinet fantôme ” (comprenant notamment Mark Cuman, l’ancien CEO de Broadcast.com et la femme de sénateur du Texas Phil Gramm). Reste à savoir si une telle ” dream team ” est susceptible de remplacer le moment venu l’actuelle direction de CA.Enfin, pour donner le ton de son entreprise, il a précisé qu’il essaierait de convaincre les actionnaires de CA “par tous les moyens possibles et imaginables”. Depuis, la bataille juridico-médiatique fait rage entre les deux camps.
L’actuelle direction ne se laisse pas faire
La direction de Computer Associates a immédiatement répondu aux allégations de Sam Wyly en lui intentant un procès pour diffamation, et en l’accusant également de ne pas avoir respecté les accords passés entre lui et CA lors du rachat de Sterling Software.Dans un récent communiqué, Charles B. Wang qualifie les informations distillées par son rival “d’insinuations mensongères”, ajoutant “qu’il ne s’agit-là que d’un écran de fumée destiné à voiler la réalité vague et peu judicieuse des projets qu’entretient Sam Wyly pour l’avenir de CA”.Pour les actionnaires du géant du logiciel, la question principale est bien évidemment de savoir si quelqu’un comme Sam Wyly est, ou non, en mesure d’apporter de la valeur à leur capital.Or, rien n’est moins sûr. Selon un longue enquête récemment publiée par le ” News York Newsday “, le milliardaire texan serait en réalité un piètre gestionnaire, à tout le moins quand ses intérêts personnels ne sont pas en jeu.
Les petits actionnaires trancheront éventuellement
Par ailleurs, ses propres pratiques en matière sociale n’auraient rien à envier à celles qu’il dénonce chez CA. Enfin, s’il continue de fustiger “les méthodes autocratiques”, ainsi que “le climat de peur et de terreur” que ferait régner l’actuelle direction de CA, il semble que Sam Wyly n’ait pas laissé un souvenir impérissable auprès de ses ex-collaborateurs.Au final, les chances de succès du milliardaire texan paraissent minimes, si l’on considère la structure du capital de Computer Associates.Sam Wyly ne possède que 55 millions de dollars d’actions, soit moins de 1 % de la société. Quant à la direction, elle détient 7 % des titres et a reçu le soutien d’un actionnaire de poids en la personne du milliardaire suisse, Walter Haefner, qui contrôle 21 % du capital.Pour l’emporter, Sam Wyly devra donc rallier 70 % des votes restants. Une tâche difficile, car cette part du capital est aujourd’hui aux mains de petits actionnaires. ” Ce que nous craignions le plus, c’est l’apathie des petits actionnaires “, a déclaré Sam Wyly, qui a par ailleurs assuré ” qu’il ne se représenterait pas en cas d’échec “.Du côté de Long Island, où se trouve le siège de Computer Associates, ces déclarations apporteront peut-être un peu de beaume au c?”ur de Charles B. Wang et de Sanjay Kumar…
Verdict le 29 août prochain.
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