Comme disait Kafka, dans un élan que n’aurait pas réfrené Mme Fenouillard, « l’éternité, c’est long, surtout vers la fin ». Après treize ans d’attente, des hauts et des bas, des morts annoncées, Duke Nukem, héros iconique, débordant de testostérone, revient parmi nous pour botter les fesses des aliens dans une mise en abîme déconnante et décomplexée du culte voué au Duke.
Commencer par la fin
Le jeu Duke Nukem Forever a la bonne idée de prendre en compte le temps qui a passé. Douze ans après avoir sauvé la Terre (et surtout ses jolies filles), le Duke est donc retiré du monde, riche et célèbre. On ne sauve pas l’humanité sans un minimum de compensation.
A dire vrai, le jeu commence par la fin du dernier épisode, si on fait abstraction d’un passage par un urinoir, où on appuie sur la gâchette droite pour satisfaire les besoins naturels de notre héros. On rejoue donc le dernier combat de Duke Nukem 3D. On affronte le gigantesque Cycloid, ou « one eye freak » selon les termes du Duke, au cœur d’un stade de football américain. Tout y est, le Devastator, l’alien à genoux et même le coup de pied magistral dans l’œil énucléé, pour un ultime dégagement. Ca fait même bizarre de revivre sans les gros pixels ce combat titanesque. Graphiquement, c’est plutôt joli, sans non plus ébahir. Mais l’action est intense, le Devastator toujours aussi jouissif à utiliser et ce début en forme de revival est finalement la seule façon de rattacher cet épisode tardif à Duke Nukem 3D.
La recette reste inchangée
C’est là que la mise en abîme commence, c’est là qu’on comprend que les développeurs de Duke Nukem ont su, contre vents et marées, malgré le temps passé, préserver l’esprit du jeu entre phrases salaces, machisme si lourdingue qu’il en devient drôle et troisième degré assumé.
En effet, ce premier niveau, appelé Duke Lives, se termine par un retour à la « réalité » du Duke. En train de jouer à son jeu vidéo, dans son appartement luxueux avec des statues à son effigie, et de se faire faire une gâterie par deux bombes. L’une d’elle lui demande si c’était bon, l’autre si le jeu était bien, sa réponse ne tarde pas : « After twelve fucking years, it should be », qu’on peut traduire par « après douze foutues années, il a intérêt ». Nous voilà prévenu, Gearbox sait qu’on l’attend au tournant et que le jeu doit être à la hauteur de nos espérances, de son culte.
Duke profite donc de la vie, jusqu’au retour sur Terre des aliens, qui viennent en paix, soit disant, cette fois. Tout aurait bien pu se passer, Duke aurait pu les laisser tranquilles, mais il a fallu que ces imbéciles de cousins d’ET s’en prennent aux filles. « Pourquoi faut-il toujours qu’ils s’en prennent aux bonnasses ? », s’interroge le Duke. Le voilà donc de retour sur le front, pour vous mesdames !
Tous là, même le Shrink ray
Le deuxième niveau auquel nous avons pu jouer est numéroté 15 et nommé Highway Battle. Il devrait se trouver aux deux tiers du jeu à en croire Randy Pitchford, le président de Gearbox. On y conduit une Dukemobile, qui tient évidemment plus du monster truck que de la petite citadine. Entre vaisseaux aliens qui attaquent en piqué et soldats extraterrestres qui nous tirent dessus plantés au milieu de la route, on file à toute vitesse dans un désert apocalyptique, qui n’est pas sans rappeler celui de Borderlands, la dernière création de Gearbox. Panne sèche oblige, Duke s’élance à pied dans une sorte de cirque naturel, où pullulent les « soldats sangliers » armés de fusil à pompe ou de mitrailleuse lourde.
L’occasion alors d’essayer les pistolets chromés du Duke. De se faire plaisir avec un railgun, idéal pour les headshots – des têtes arrachées nettes ou qui gonflent et explosent ensuite. De retrouver le fusil à pompe, toujours aussi dévastateur à courte portée ou bien sûr, le Shrink ray, qui réduit la taille des ennemis à celle d’un Liliputien, qu’on écrase ensuite d’un talon vengeur, quand on arrive à les repérer…
On note, avec un sourire, que la barre de vie est remplacée par une barre d’ego. Car Duke est évidemment modeste, même vidé de son sang, c’est son ego qui le fait tenir debout. Et chaque fois qu’on achève un boss, cette barre d’ego grandit. Avoir la grosse tête, vous sauvera donc.
La jouabilité ultraclassique ne pose aucun problème, tout est fluide et agréable, les armes donnent chacune des sensations différentes et plaisantes. On se fait un devoir de mener de main de Duke un massacre en règle jusqu’à l’arrivée d’un gros vaisseau alien qui le jette à terre dans une grosse déflagration.
Mais même au sol, le Duke est mu par la testostérone. Avant de sombrer, il lève la main. Pour supplier ? Non, juste pour faire un doigt aux aliens. Duke Nukem, for ever !
Comme disait César, j’ai la Gaule
Malgré la brièveté de la démo, on reste un peu abasourdi. Ce n’est pas le plus beau jeu du moment, ni le plus fin, ni même le plus bluffant d’un point de vue des innovations – encore qu’il faudra y jouer plus pour savoir –, non, c’est juste et enfin la suite de Duke Nukem 3D. C’est le grand retour du jeu vidéo bourrin qui s’assume, le retour du plus monolithique des héros, le come back des pectoraux d’acier et des grosses cojones dans le jeu vidéo.
2011, c’est encore loin, décidément, c’est bien vrai, l’éternité, c’est long, surtout vers la fin…
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