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Duel sur le marché incertain de l’Internet en vol

Boeing et Airbus s’affrontent à nouveau pour fournir des services Internet aux passagers de leurs avions. Le premier a créé une filiale spécialisée, le second privilégie le partenariat. Ce qui n’empêche pas les outsiders de se manifester…

Les longues heures passées en vol sont souvent considérées comme du temps perdu. Coupé du monde, avec un téléphone à bord hors de prix et une offre audiovisuelle gratuite mais limitée, le passager ne peut guère compter que sur l’ordinateur. Un outil de travail, certes, mais qui peut se révéler un excellent moyen de communication et de divertissement… pour peu qu’il soit connecté. Cette analyse pousse les constructeurs, les compagnies aériennes et les fournisseurs d’information à proposer le multimédia à hauts débits aux passagers.

Un marché stratégique

Aussi Airbus et Boeing se retrouvent-ils une fois de plus en compétition, mais avec des stratégies fort différentes.L’Américain considère qu’il s’agit là d’un marché stratégique, au point d’avoir créé, l’an dernier, une filiale, Connexion by Boeing, qui propose aux transporteurs d’équiper leurs avions d’antennes spéciales permettant de recevoir des programmes de télévision, d’accéder à Internet ou à un Intranet, et de relayer les communications de téléphones mobiles. Cette offre en temps réel, déjà disponible pour les avions d’affaires aux États-Unis, repose sur des capacités de transmission en bande Ku louées sur des satellites existants ou futurs. Boeing peut envisager, à terme, d’associer sur les mêmes infrastructures les services destinés aux passagers et ceux qui sont fournis aux équipages. Premier constructeur mondial de satellites depuis le rachat de Hughes Space & Communications, le groupe de Phil Condit est ambitieux sur ces marchés, dont la seule activité multimédia est estimée entre 50 et 70 millions de dollars pour les dix ans à venir.Airbus est plus prudent : l’avionneur européen s’est associé avec Tenzing Communications, une PME de Seattle dont il contrôle 30 % du capital. Plus pragmatique, Tenzing ne mise pas d’entrée de jeu sur le large bande. Le trafic des e-mails est géré sur des liaisons en bande L louées au réseau Inmarsat, des satellites également employés par la Sita (Société internationale des télécommunications aéronautiques, l’ex-maison mère d’Equant) pour ses transmissions avec les équipages. L’offre Internet se limite pour l’heure à une sélection de sites dont certains sont ” rafraîchis ” tous les quarts d’heure. Les passagers se connecteront au réseau du bord soit par le biais de leur PC portable, soit en utilisant l’écran LCD de diffusion audiovisuelle, associé à une télécommande tactile. L’arrivée prochaine de liaisons IP à 64 kbit/s sur Inmarsat permettra d’accéder en direct au Web, une évolution vers la bande Ku étant prévue à terme.

Bientôt de l’IP à 64 kbit/s

Boeing et Tenzing se sont chacun alliés à des fournisseurs de contenus et à des partenaires industriels pour séduire les compagnies, quel que soit leur fournisseur d’aéronefs. Mais ce qui ressemble à un verrouillage du marché par le duopole n’a pas dissuadé d’autres candidats, tels In-Flight Network, un consortium formé par News Corp (groupe média de Rupert Murdoch), et l’équipementier en avionique Rockwell Collins. Les premiers avions de ligne ” on line ” devraient voler à partir du début de l’an prochain.

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Philippe Pélaprat