L’apparition de la téléphonie mobile en France date de 1985, avec l’installation des premiers téléphones de voiture. Mais le réseau analogique auquel étaient connectés ces terminaux ne permettait qu’une extension limitée du nombre d’utilisateurs. C’est la norme numérique GSM qui a rendu techniquement possible l’émergence d’un marché de masse. Pourtant, il a fallu attendre l’arrivée d’un troisième opérateur pour que le développement de la téléphonie mobile se précipite. Pour tenter de se faire une place au soleil, il appuya sa stratégie sur deux éléments : les prix, et une véritable innovation marketing, le forfait. La politique agressive menée sur le plan tarifaire a été possible grâce à un mécanisme de subvention comme seule la France a le don d’en inventer. Les utilisateurs de téléphone fixe payent les communications vers les mobiles plus cher, alors que celles entre mobiles sont facturées à un coût normal, voire inférieur. Cette”surtaxe“, payée par le client final à France Telecom, est alors, pour partie, reversée à l’opérateur mobile.Mais ce système est devenu totalement incompatible avec le nouveau cadre réglementaire entré en vigueur au 1er janvier 1998. Pourtant, malgré cette incompatibilité, l’État ne s’est réellement résolu à mettre fin à cette situation que sous la pression conjointe de nouveaux venus et de l’opérateur historique lui-même, qui trouvait plus d’avantages à sortir de ce système qu’à y rester. En mettant en place ce système de subvention, les pouvoirs publics cherchaient à éviter de fragiliser financièrement les deuxième et troisième opérateurs français, et d’en déstabiliser les actionnaires.En revanche, l’application directe de la réglementation n’aurait pas eu d’influence sur le développement de ces entreprises et aurait permis une baisse plus rapide des tarifs au bénéfice du consommateur. Ce raisonnement a été développé au cours des discussions engagées sur les modalités juridiques et financières de l’attribution des licences UMTS. Toutefois, malgré le compromis auquel ont abouti ces négociations, l’inventeur du forfait renonce à une innovation technologique prétendument révolutionnaire. Celui-ci non seulement déclare forfait, mais va même jusqu’à remettre en cause le caractère réellement innovant de cette nouvelle technologie. D’autant que selon lui, des solutions alternatives sont à même de répondre aux attentes du client (GPRS et Edge) à un moindre coût. Après une si grande sollicitude, on est en droit de penser que l’État s’attendait à une plus grande loyauté. C’est ainsi que l’on passe du forfait à la forfaiture, entendue dans son sens littéraire. De là à s’interroger sur le sens que peut avoir encore aujourdhui, dans notre pays, la notion de “politique industrielle “…
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