La population aveugle, en France, avoisinerait 77 000 personnes, dont quelque 15 000 seraient en âge de travailler. Leur permettre d’accéder à l’information sur de nouveaux supports numériques suppose de mettre en place des aides fiables, simples à manipuler… et peu coûteuses. L’outil à contourner : l’écran. L’information traditionnellement restituée visuellement doit être interprétée par une interface et rendue accessible à l’aide d’un système matériel. Ainsi, l’éditeur de logiciels Reef vient de lancer Reef Every Ware, un outil qui n’a pas été spécifiquement développé pour le braille. Sa fonction première est de permettre aux éditeurs de sites web de transformer dynamiquement leur contenu dans un format lisible sur n’importe quel équipement permettant d’accéder à internet (téléphones mobiles, PDA, etc.). Mais “ il peut également être connecté à un terminal qui code ensuite l’information en braille“, explique Élie Auvray, directeur commercial du groupe pour l’Europe de l’Ouest . Le produit a été conçu pour un usage facile : il reconnaît automatiquement le terminal en fonction duquel il adapte le contenu. Le code couleur des images peut être modifié, comme la taille des caractères que l’on peut changer à la volée pour l’adapter à sa vue. De la même façon, le livre électronique français Cybook se veut un outil d’aide à la lecture pour les personnes dont la vue est mauvaise.
Lire sur des points rétractiles
Derrière les logiciels viennent les terminaux qui restituent l’information. Différentes sociétés, comme le parisien Handialog, proposent des terminaux en braille. Des constructeurs ont mis sur le marché des assistants numériques avec des plages de ” braille éphémère “. Ces écrans sont des périphériques constitués d’une rangée de 40 caractères braille formés par des points rétractiles. Ils permettent ainsi de lire en permanence ce qui s’affiche à l’écran. L’association Braille Net a été créée en 1996 pour développer des programmes de recherche sur ce thème. Elle regroupe des associations de mal voyants et des laboratoires de recherche comme l’Inria ou l’Inserm. Inconvénient majeur du braille : seule une petite partie des aveugles maîtrise cette écriture (moins de 10 %). Beaucoup d’espoirs sont alors placés dans les technologies de synthèse vocale.Reef EveryWare a conçu un module spécialement adapté aux personnes handicapées ne pouvant accéder au contenu web qu’avec un lecteur de texte oral. Jaws, de la société québécoise Visuaide, intègre un synthétiseur de voix et utilise la carte son de l’ordinateur pour lire à voix haute le contenu de l’écran. Une équipe de la Language Valley (constituée autour du moribond Lernout & Hauspie) planche aussi sur la question. Les technologies de reconnaissance vocale peuvent, elles, rendre service aux handicapés moteurs, qui pourront ainsi accéder aux contenus en naviguant à la voix plutôt qu’avec le clavier ou la souris. Pour des handicaps moteurs légers, des logiciels de saisie prédictive de correction orthographique ont été mis au point. Ils permettent alors de compenser tremblements, mouvements erratiques… Des dispositifs de saisie de remplacement existent pour les incapacités plus lourdes, comme des claviers surdimmensionnés ou même des dispositifs de pointage pilotés par le regard.Si internet, notamment le courrier électronique ou le chat, a été d’un grand secours pour les sourds qui pouvaient communiquer plus aisément grâce au réseau, ces technologies sont loin d’avoir la portée des téléphones mobiles. Une équipe européenne s’est constituée autour de l’accès à la troisième génération de téléphonie mobile (3G) pour les personnes dont l’ouïe est défaillante. Wisdom, projet mené par l’université de Bristol, en Grande-Bretagne, regroupe une dizaine de partenaires. Quelque 6 millions d’euros (40 millions de francs environ) seront investis sur une période de trois ans.
Langue des signes
L’objectif, explique Astrid Domingo-Molyneux, une des responsables du projet, est de “permettre aux sourds d’interagir socialement et professionnellement dans le monde entier en utilisant leur propre langage“. À savoir la langue des signes ! Comme les vidéophones, les terminaux mobiles 3G adaptés transmettront l’image d’un mobile à l’autre. Des services de traduction sont aussi prévus pour dialoguer avec des personnes ne comprenant pas la langue des signes. Mieux encore, “nous espérons développer un système de reconnaissance des signes “, annonce la jeune femme. Il permettrait aux utilisateurs de donner leurs ordres au mobile en utilisant les signes !
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