Selon l’origine de l’audit ?” mission commandée par la direction générale, la direction financière, la DSI ou une direction utilisatrice ?” , et le moment de l’intervention ?” audit de projet ou d’application ?”, les auditeurs apparaîtront comme des alliés ou des empêcheurs de tourner en rond.
Christophe Grattarola : la perception de l’audit par la DSI dépend beaucoup du type de mission. Lorsque l’auditeur vient sur sa demande pour résoudre un problème entre elle et ses clients ou concernant son fonctionnement interne, elle le verra comme un partenaire. Il guidera le DSI dans ses réflexions ou ses relations avec les maîtrises d’ouvrage. Mais quand, par exemple, l’auditeur est sollicité par la direction financière, il peut être perçu comme un empêcheur de tourner en rond. Le DSI a tant de sujets à traiter que ce type d’audit, focalisé sur un point particulier, ne répond pas forcément à ses priorités.
Anne Juniel : nous sommes souvent perçus comme des empêcheurs de tourner en rond, car, à la Banque de France, la DSI est quasiment la seule direction a être auditée en permanence, une structure d’audit lui étant dédiée. La DSI est également susceptible de faire appel à nous dans le cas d’incidents. Mais cela reste relativement exceptionnel par rapport à l’essentiel de nos missions, qui s’exercent soit à notre initiative, soit à la demande d’autres directions, telle celle du budget, ou des directions utilisatrices.
Gérard Pomper : aujourd’hui, dans de nombreux cas, s’instaure une relation de partenariat. Au début de l’audit informatique, l’informaticien a opposé de franches résistances, car les auditeurs manquaient un peu de compétence. Nous intervenons aujourd’hui pour des missions de certification de comptes ou liées au contrôle interne et à la sécurité dans les systèmes. Les responsables informatiques nous perçoivent le plus souvent comme des alliés, car nous leur apportons un point de comparaison (aspect benchmarking), et ils profitent de notre présence pour faire passer leurs idées. C’est d’autant plus vrai quand arrive un nouveau DSI. En revanche, lorsque nos interventions s’effectuent au cours de grands projets, nous sommes généralement moins bien accueillis.
François Vidaux : étant à la fois source de progrès dans l’entreprise et consommateurs de ressources, notre rôle est un peu ambigu. En effet, il arrive que la direction informatique ne puisse pas satisfaire à nos recommandations, car elle a des contraintes budgétaires. Mise en difficulté, elle doit alors demander l’arbitrage soit de la direction générale, soit d’un comité d’audit. Malgré tout, nous sommes considérés comme une source de progrès. Nos relations sont courtoises. Comme l’a formulé un ancien directeur général de l’entreprise : nous sommes ” détestés cordialement “.
Jorge Molinero : l’auditeur est un accélérateur d’évolution quand on a l’intuition qu’une partie du système d’information commence, par exemple, à présenter certains risques en matière de sécurité. Il apparaît alors plutôt comme un allié.