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Droit à la réparation : Apple défend les numéros de série sur ses pièces détachées

La pratique d’Apple de « sérialisation » des pièces détachées est pointée du doigt par les avocats du droit à la réparation. Mais le constructeur n’y voit aucune volonté de nuire, bien au contraire.

Depuis le lancement de sa boutique de réparation en libre service il y a deux ans, Apple fait l’objet de vives critiques concernant une des conditions d’utilisation des pièces détachées vendues sur cette échoppe. Les clients — utilisateurs aguerris comme réparateurs indépendants — doivent fournir un numéro de série, qui permet de s’assurer que le composant acheté est bien prévu pour l’appareil réparé.

La « connotation négative » de la sérialisation

Cette pratique vaut à Apple une enquête du parquet de Paris, car des lois sur le droit à la réparation l’interdisent purement et simplement, comme c’est le cas dans l’État américain de l’Oregon. Elle est en effet considérée comme un verrou qui, au bout du compte, permet à Apple de garder la mainmise sur le processus de réparation et sur tout un secteur d’activité.

La firme à la pomme a néanmoins assoupli cette contrainte : les utilisateurs de la boutique de réparation n’auront plus à fournir le numéro de série de leur iPhone ou de leur appareil Apple au moment de commander une pièce détachée, exception faite pour une carte-mère. Mais il y aura tout de même une vérification de la pièce détachée. Trop peu, trop tard ?

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Dans une interview à TechCrunch, John Ternus le chef de l’ingénierie matérielle d’Apple, a tenu à répliquer aux critiques. Il déplore que l’appariement des pièces détachées (la procédure de sérialisation) a une « connotation négative ». « Je pense que cela a amené les gens à croire que nous bloquons d’une manière ou d’une autre les pièces tierces, ce qui n’est pas le cas », assure-t-il.

De fait, les pièces détachées provenant d’un ancien appareil peuvent fonctionner dans un nouveau (à l’exception des capteurs biométriques Face ID), mais sans offrir toutes les capacités d’un composant authentique et sérialisé.

« Notre perspective est que nous devons savoir quelle pièce est dans l’appareil, pour plusieurs raisons. Premièrement, nous devons authentifier qu’il s’agit d’un véritable capteur biométrique Apple et qu’il n’a pas été contrefait ou quelque chose du genre. L’étalonnage est l’autre raison ».

Pour iFixit, un des principaux avocats du droit à la réparation, cette sérialisation constitue tout simplement « la plus grande menace » qui pèse sur la réparation des appareils électroniques. Si Apple autorise désormais les pièces détachées d’occasion, y compris pour Face ID dans un second temps, c’est uniquement entre iPhone 15 pour le moment. Et un processus de confirmation de l’authenticité du composant est toujours de la partie, ainsi qu’un étalonnage (il se réalisera après la réparation, directement sur l’appareil).

« Essentiellement, nous disons que si nous savons quel module est là, nous pouvons nous assurer que lorsque vous placez notre module dans un nouveau téléphone, vous obtenez la meilleure qualité possible. Pourquoi est-ce une mauvaise chose ? », détaille John Ternus. Plus largement, le dirigeant s’interroge sur la réparabilité en tant que finalité.

« Prise séparément de tout le reste, la réparabilité n’est pas toujours la meilleure solution », explique-t-il. « Une des choses qui m’inquiète, c’est que les gens se concentrent beaucoup sur la réparabilité en tant qu’objectif. En réalité, la réparabilité est un moyen d’atteindre un objectif. L’objectif est de construire des produits durables, et si vous vous concentrez trop sur [la réparabilité de chaque pièce], vous finissez par créer des conséquences indésirables qui sont pires pour le consommateur et pires pour la planète ».

On verra si la pression des régulateurs et de la justice ne poussera pas Apple à en faire davantage encore pour faciliter l’exercice du droit à la réparation.

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Source : TechCrunch


Mickaël Bazoge
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