Douze, c’est une société qui compte dans le petit monde du cargo. Créée en 2012 (le 12/12/2012, précisément, d’où son nom) la marque s’est essentiellement illustrée dans ce segment très particulier, avec des biporteurs de référence tels que le V2, et surtout l’incontournable G4. Mais depuis quelques années, la marque bourguignonne, très assimilée « professionnelle », veut prouver qu’elle sait faire des vélos cargos grand public. Après avoir développé les biporteurs et les longtails de Véligo pour la région Ile-de-France, Douze s’est donc attaqué à sa propre gamme : c’est ainsi qu’est née la famille LT (pour longtail) forte de quatre références au design commun, mais aux caractéristiques techniques bien différentes. C’est la version LT2 S, la plus haut de gamme, celle équipée d’un moteur Shimano que nous avons choisi de tester.
Esthétique classique et finition soignée
Le design du LTS 2 n’est pas fondamentalement différent des autres longtails de la marque française. Celui-ci diffère évidemment au niveau du moteur, mais surtout de la couleur. Son cadre en alu aux tubes assez fins est teinté d’un bleu du plus bel effet. Douze a pris la peine de soigner quelques détails esthétiques comme le carénage de la roue arrière, aux allures de grille qui remplace avantageusement le plastique sans relief de la plupart de ses concurrents. Enfin, le porte-bagages arrière qui vient s’imbriquer sur le cadre est légèrement surélevé et vient chapeauter la roue de 24 pouces.
Seule ombre au tableau côté design : la non-intégration de la batterie. Compte tenu de l’épaisseur du cadre, celle-ci est simplement adossée à la verticale au tube de selle. Cela enlève quelque peu au charme du vélo, mais ne devrait pas l’empêcher de séduire.
Une panoplie d’accessoires
Douze Cycles, comme la plupart de ses concurrents, fait appel à des fournisseurs spécialisés pour une partie de ses composants et accessoires. Sur le LT2 S, ceux-ci ont été choisis avec grand soin. En effet, que ce soit au niveau de la transmission (Shimano Deore Linkglide, 11-43), des pneus (les Big Ben de Schwalbe), ou encore du guidon (signé Moustache), la marque bourguignonne fait preuve d’un discernement certain dans le choix de ses partenaires. Enfin, en termes de confort, Douze s’illustre également par le choix de poignées très ergonomiques et celui d’une selle Royal Orbis.
Dans la catégorie des vélos cargo, il convient aussi de regarder du côté des accessoires spécifiques au format. Ainsi, le LT2 S est vendu sans barrière de protection arrière, ni panier à l’avant. Ceux-ci viennent en option. Nous avons pu néanmoins les essayer. La barrière, appelée « Side Tube » est très bien réalisée et le doublement des barres latérales de chaque côté s’avère très utile lorsque les enfants essaient de grimper à l’intérieur. L’espace à l’arrière permet d’installer deux coussins d’assise assez confortables ou d’opter pour des sièges enfants classiques. Parmi les autres équipements pour les passagers à l’arrière, il y a par ailleurs le repose-pieds, avec sa surface plane en bouleau du meilleur effet qui permet, comme le porte-bagages arrière, de supporter jusqu’à 80 kg. En revanche, pour une utilisation quotidienne, nous déconseillerons le « porte-paquet » l’un des deux portes-bagages avant proposé par douze.
Celui-ci s’avère trop ouvert et l’espacement de ses barres en métal limite les charges qu’il peut embarquer. Néanmoins, la marque française propose un autre accessoire du genre, « l’éco basket » qui semble, à première vue, plus adapté. Que ce soit pour le repose-pieds, la barrière ou encore le porte-bagages avant, les systèmes de fixation ont été très bien pensés et l’installation est un jeu d’enfants.
Motorisation : Shimano assure, mais souffre au démarrage
La promesse du LT2 S par rapport aux autres longtails de Douze réside évidemment dans l’intégration d’un moteur plus reconnu que ceux des LT1 ou LT2 B (équipés respectivement d’un moteur moyeu arrière et d’un moteur pédalier Bafang). Sur le LT2 S, le modèle le plus haut de gamme, le S évoque le moteur Shimano Cargo. Celui-ci est une déclinaison du Shimano EP8, le dernier bloc premium de l’équipementier japonais adapté aux spécificités du cargo.
Dire que les différences avec la version classique de l’EP8 sont ténues est un euphémisme. En effet, cette version cargo du moteur de Shimano présente à peu près le même comportement que son alter égo classique. Shimano semble même avoir été assez peu inspiré dans ses réglages tant les niveaux 1 et 2 d’assistance (sur trois) apportent peu en termes de conduite. Certes, l’assistance est douce, progressive, et même maîtrisée une fois que le vélo est lancé, mais le moteur peine parfois à se mettre en route, ce qui rend certains démarrages vraiment pénibles. Le moyen le plus simple d’y remédier consiste à se placer sur le troisième et plus haut niveau d’assistance, mais cela revient à se priver de toute sensibilité et à solliciter le moteur sur ses plus hauts niveaux de rendement. La raison de ces difficultés est évidente : c’est le poids du LT2 S. Mais c’est sur ce point, justement, que nous espérions trouver un réglage adéquat de la part de Shimano ou à défaut une parade, à l’image du bouton de démarrage qui permet de lancer le vélo cargo de Décathlon.
C’est d’autant plus dommage que passés ces premiers coups de pédale, l’assistance de l’EP8 est exemplaire et tend à faire disparaître le poids et le gabarit du cargo de Douze.
Sensations de conduite : dynamique, mais peu confortable
Le LTS 2 met le cycliste dans une position de conduite très droite et, à priori, confortable. La selle, mais surtout d’excellentes poignées permettent de se sentir très à l’aise lors de la première prise en main du vélo. Les premiers coups de pédales sont tout aussi rassurants et le LT2 S, du fait de sa compacité et de son poids relativement contenus, s’avère assez facile à manier pour un cargo. Nous n’irons pas jusqu’à parler de dynamisme, mais, en comparaison d’un cargo électrique de Décathlon, le longtail de Douze est capable de proposer un peu de fun dans la conduite, ce qui est un luxe pour la catégorie.
Le freinage n’est pas des plus mordants, mais il ne manque pas d’efficacité pour peu que l’on prenne le temps de l’appréhender. Quant à l’assistance, dès lors que l’on a saisi les points forts et les limites du moteur Shimano (voir plus haut), il est très facile d’en tirer profit.
Finalement, notre plus grand grief, l’un des seuls en matière de conduite, concerne le confort. Le LT2 S manque cruellement d’amortissement. Certes, l’ajout d’une fourche à l’avant n’est pas commun pour un cargo. En revanche, le longtail de Douze gagnerait à être équipé d’une suspension sous la selle par exemple. Ce manque de confort se ressent davantage lors des trajets à vide ou les tremblements/secousses du cadre se ressentent jusque dans la mâchoire du cycliste. Dès lors que l’arrière du LT2 S est chargé, cette impression tend à se réduire, mais il n’en demeure pas moins que le cargo gagnerait à être plus confortable.
Petite batterie, petits espoirs d’autonomie
La conjugaison d’un poids conséquent et d’une petite batterie donnent rarement de bonnes surprises en matière d’autonomie. Soyons clair. Si le LT2 S est plutôt lourd pour un VAE, il est tout à fait dans la moyenne des cargos électriques du marché. La raison de son petit rayon d’action (50 km environ) tient davantage à la capacité de sa batterie (seulement 504 Wh) qu’à des mensurations inconsidérées. Fort heureusement, l’emplacement assez peu esthétique de la batterie a un avantage majeur : elle est très accessible et s’extrait en un claquement de doigts, ce qui rend sa recharge très pratique. En tout état de cause, le vélo cargo de Douze aurait gagné à embarquer une batterie de 700 Wh ou à proposer une option double batterie pour les gros rouleurs.
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