Tout le monde se gargarise de l’implosion des dot-com. Pour ma part, je reste prudent sur l’état des lieux. Je trouve même que, dans la Silicon Valley, les choses ne vont pas si mal que ça. Pourquoi ? Tant que le prix d’un deux-pièces équivaudra au PIB de plusieurs pays d’Amérique latine, je me refuserai à parler de crise de la net économie. En revanche, si le coût de la vie et le prix des loyers venaient à baisser, alors là, je commencerais à m’inquiéter. On en est loin.Une anecdote parmi d’autres. Il y a un an, la s?”ur de ma colocataire est venue nous voir. Cette personne abordait la Silicon Valley, cette région faite de circuits électroniques et de technoïdes passionnés, avec la même appréhension qu’un explorateur découvrant des tribus amazoniennes. Comme notre visiteuse s’intéressait au mode de vie des Californiens, elle m’a interrogé sur le loyer de mon studio. Je dois dire que, vivant depuis cinq ans au même endroit sans augmentation de charges, j’avais l’impression d’avoir un traitement de faveur. J’étais loin de me douter de ce qui allait arriver ! À peine avais-je triomphalement annoncé le chiffre qu’elle s’est mise à hurler. Un peu comme si j’avais lacéré un Van Gogh de la grande époque, ou que j’avais noyé les chats du voisinage dans une baignoire remplie de Dom Perignon.Dans un tout autre endroit que la Silicon Valley, les loyers exigés relèveraient de la folie furieuse. Et ils feraient l’objet d’interminables contentieux devant les tribunaux. Mais la vérité est prosaïque, et même triste. Comme le disait Renan : “ Le coût de la vie va continuer à atteindre des sommets, car nombreux sont ceux qui n’en souffriront guère. Un peu de pudeur ne messied pas…” Cessons donc de pleurer des larmes de crocodile sur les soi-disant ravages psychologiques des dot-com en perdition.
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