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Dons en ligne: rencontre entre l’e-marketing et l’humanitaire

Le Téléthon est un exemple réussi de l’utilisation des techniques de recrutement d’internautes pour une cause humanitaire. Mais l’équilibre entre humanitaire et business peut être fragile. Tandis que la collecte de fonds sur Internet s’organise, des sociétés en profitent pour se développer sur ce créneau.

Le 8 et 9 décembre, le Téléthon incite à nouveau les français à faire des dons au profit de l’AFM, l’Association Française contre les Myopathies. Le site de la manifestation recense les événements organisés mais il sert également à la collecte de fonds. Les résultats de l’année dernière avaient été modestes : en 1999, seulement 2,5 MF sur les 468 MF récoltés pendant les 30 heures étaient arrivés grâce au web.Cette année, le système de versement de dons en ligne, baptisé webtirelire, est bien mieux relayé. La webtirelire est affichée sur plus de 500 sites, dont les poids lourds de l’audience comme Yahoo, Caramail, Voilà et Wanadoo, Multimania, ou la SNCF.De plus, le site a été refait, et s’appuie désormais sur les leviers communautaires d’Internet. Les internautes peuvent ainsi créer des équipes solidaires. Le capitaine envoie à ses connaissances une carte électronique Téléthon. Il les incite à la faire circuler et à venir donner en ligne. Baptisée Klikedon, cette rubrique est illustrée par un dessin de géant, qui s’animera au fur et à mesure que la somme recueillie augmentera. Quand la collecte Internet atteindra les 50 000 dons, le géant se mettra à marcher. La signature du Téléthon 2000 est en effet ” un pas de géant ” pour rappeler la première réussite cette année d’une thérapie génique pour des bébés-bulle, ces enfants privés de défenses immunitaires.Animations et marketing viral : pour une fois, les techniques commerciales se mettent au service de l’humanitaire. Le Téléthon est un rare exemple de cette transposition. Les causes humanitaires restent frileuses sur le Net français. Jean-Philippe Henry a mené une étude approfondie sur le sujet, dans le cadre de son DESS de l’information et de la communication (voir encadré ci-dessous). D’après les résultats de l’étude, sur les douze principales associations collectant des dons en France, hors Téléthon, six seulement proposent le don en ligne : Médecins du Monde, le Secours Populaire, Médecins Sans Frontières, l’Unicef, Sidaction, l’ARC et la Croix-Rouge Française.Le récent site aidez.org, lancé à l’initiative de Club-internet fédère cependant la récolte de fonds pour l’association de son choix.

Du clic humanitaire au clic commercial

Le don direct est l’une des méthodes pour la récolte de fonds, le partenariat est une autre voie. Médecins Sans Frontières est par exemple partenaire de Maximiles et Médecins du Monde de Webmiles : les internautes peuvent ainsi transformer leurs points en dons. Enfance et Partage, à l’occasion de la fête des Mères, s’était associée à Koobuy : 10 francs avaient été reversé à l’association lors de l’achat de produits spécifiques.Troisième voie de la collecte en ligne : le clic solidaire. Pour Noël, MSN réitère une opération déjà menée avec succès en juin 2000. Pour chaque clic sur le bandeau Unicef présent sur MSN, 1 franc est reversé à l’association à hauteur de 200 000 francs. De plus, l’internaute est incité à acheter des produits dans la galerie marchande d’MSN. 5 francs seront reversés par achat à l’Unicef, à hauteur de 50 000 francs.” L’objectif pour nous est relativement simple. Il ne s’agit pas de recruter des internautes mais d’inciter nos visiteurs à être utiles, tout en découvrant les différents services du site “, explique Béatrice Matlega, responsable marketing d’MSN.L’idée du clic solidaire semble séduisante, et elle fonctionne particulièrement bien aux Etats-Unis, où la vague du ” don virtuel ” a été lancé par The Hunger site. Au départ initiative personnelle, il a été racheté par la société GreaterGood en 1999. Un clic et le sponsor du jour reverse une certaine somme aux associations.Cette nouvelle forme de don est parfois critiquée par les acteurs humanitaires car elle demande un moindre investissement de la part du ” donateur “. Elle a cependant donné naissance aux Etats-Unis à de très nombreux intermédiaires entre organismes et donateurs. ” Le clic gratuit répond à une logique bien différente de notre monde chrétien, remarque Jean-Philippe Henry. Mais que l’on ne si trompe pas : l’internaute donne quand même quelque chose, car il y a derrière bien souvent une opération de fichage. Le particulier ne verse pas d’argent mais offre ainsi ses données personnelles. “Un vrai débat éthique se pose car ces nouveaux intermédiaires sont souvent des sociétés commerciales. De nombreuses galeries marchandes comme GreaterGood fleurissent. L’internaute passe par le site pour faire ses achats habituels et est assuré qu’un certain pourcentage sera reversé au profit d’une cause. Une première start-up française, 4uman, s’est d’ailleurs créée sur ce créneau. Le système profite à tout le monde, à l’internaute ainsi qu’à l’association. Mais surtout à la société éditrice, qui s’assure un business rentable doublé d’une aura humanitaire.

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Laure Deschamps