« La protection des données a commencé dans les années 1970 en Europe, mais en Amérique latine, cela n’a débuté que dans les années 1980 », explique Maria Jose Viega, d’Agesic, une agence uruguayenne spécialisée dans la gouvernance électronique qui participe à la Conférence internationale des autorités de protection de données et la protection de la vie privée, qui se tient cette semaine à Punta del este, près de Montevideo.
Parti en retard par rapport aux autres continents, le développement des lois nationales pour la protection des données est désormais quasiment achevé sur le continent. Il fallait aller très vite avec un Internet qui a explosé. Le taux de connexion est passé de 8% en 2002 à 40% aujourd’hui, selon le rapport 2012 de la Commission pour le développement digital des Nations Unies.
L’Amérique latine « est actuellement la région du monde où l’on enregistre le plus d’avancées en matière de protection de données », a affirmé à l’AFP Jose Luis Rodriguez, un expert espagnol.
Si on est encore loin d’un « modèle latino-américain de protection de données », il « existe une tendance très forte, très concrète, d’adoption de lois de protection des données » dans la région, abonde Danilo Doneda, de la cellule de protection des droits du consommateur au ministère brésilien de la Justice.
En septembre, l’Uruguay est devenu avec l’Argentine l’un des deux seuls pays de la région pour lesquels l’Union européenne estime qu’ils garantissent un niveau de sécurité adéquat.
La priorité est d’éduquer la population
Les autres pays leur ont récemment emboîté le pas. Le Costa Rica et la Colombie ont décidé de légiférer de manière rigoureusetandis qu’au Brésil une réglementation globale est en discussion.
En parallèle toutefois, autorités et experts restent préoccupés par le chemin à parcourir pour discipliner la population et l’inciter à adopter les bons réflexes.
« Malgré l’effort de régulation, si une personne ne protège pas ses informations, il est impossible de garantir ses droits, la première barrier de protection est l’attitude responsable des personnes vis à vis de leurs données », relève Pablo Segura, de la Direction nationale de la protection des données personnelles argentine.
L’expert mexicain Angel Trinidad rapporte quant à lui que selon une enquête menée dans son pays, près de 60% des sondés estiment pas ou peu gênant le fait de divulguer les données personnelles telles que les maladies dont ils sont atteints, les médicaments qu’ils prennent ou leur religion.
« C’est terrible, je pense qu’en Europe ils ont une idée très différente des données personnelles et qu’ils les protègent. Au Mexique et en Amérique latine en général, nous avons besoin d’une nouvelle culture », estime-t-il.
Pour contrecarrer les abus, M. Trinidad juge qu’il est « fondamental » d’inscrire le concept de protection de données dans les programmes éducatifs.
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