Depuis le 20 janvier, Donald Trump n’est plus le président des États-Unis. Remplacé par Joe Biden, l’ancien locataire de la Maison-Blanche restera dans la mémoire de tous connu pour son imprévisibilité. Tout au long de son mandat, Donald Trump a régulièrement surpris le monde par ses décisions fortes allant à contre sens de la politique traditionnelle. Le secteur des nouvelles technologies, particulièrement ciblé par l’ex-président américain, a connu de nombreux bouleversements.
Dans cet article, 01net.com revient sur le bilan du 45ème président américain. Que restera-t-il de l’ère Trump ?
Huawei, TikTok… La Chine dans le viseur
Ces quatre dernières années, Donald Trump a particulièrement tendu la relation entre les États-Unis et la Chine. Pour freiner la croissance de l’empire du Milieu, le magnat de l’immobilier a décidé, à l’inverse de ses prédécesseurs, d’arrêter de prétendre être l’ami de la Chine. Dans un style qui lui est propre, Trump n’a pas hésité à se moquer de son homologue Xi Jinping, à accuser la Chine de tous les malheurs du monde et, surtout, à la sanctionner économiquement.
Puisque cet article est dédié aux nouvelles technologies, nous n’évoquerons que des exemples concernant ce secteur. En mai 2019, on se souvient notamment de ce que la presse spécialisée a appelé « Huawei Gate ». Après avoir alerté pendant plusieurs mois sur son intention d’empêcher l’entreprise de développer son réseau 5G, Donald Trump a inscrit Huawei, la plus grosse firme de nouvelles technologies chinoise, sur la désormais célèbre « entity list ». Cette liste noire, établie par le ministère de commerce, a fait de Huawei un ennemi de l’État américain, à cause de risques jamais démontrés pour la sécurité intérieure des États-Unis. Ce bannissement empêche encore aujourd’hui le constructeur chinois de travailler avec une entreprise américaine sans l’accord de la Maison-Blanche. Ainsi, Huawei a perdu le droit d’utiliser Android dans ses smartphones et se prépare à voir ses parts de marché s’effondrer. Plus tard, pour causer encore plus de tort à l’entreprise, Donald Trump a signé un ordre exécutif interdisant aux entreprises étrangères qui utilisent des technologies américaines de fournir Huawei en composants. Étouffée, la marque chinoise a été obligée de se séparer de sa filiale Honor et ne sait pas encore à quoi son avenir ressemblera.
Sous Trump, d’autres constructeurs ont aussi eu le droit à des bannissements. ZTE, DJI, Xiaomi, les opérateurs chinois (China Mobile, Unicom, Telecom)… Jusqu’au dernier jour de son mandat, Donald Trump a usé de son pouvoir pour affaiblir les entreprises chinoises. Certaines ont perdu le droit de travailler avec des entreprises américaines, d’autres doivent se séparer de leurs investisseurs états-uniens. Dans tous les cas, elles sortent affaiblies du mandat Trump.
Autre exemple important, la guerre de Donald Trump contre TikTok. Pendant plusieurs mois, le président américain a tout fait pour faire fermer le réseau social chinois aux États-Unis, prenant sa maison-mère ByteDance pour cible. Durant l’été 2020, des entreprises américaines comme Microsoft et Oracle se sont même bagarrées pour obtenir le droit de racheter TikTok, seule condition acceptée par le président américain pour que le réseau social continue d’exister outre-Atlantique. Finalement, Oracle a été choisi pour travailler avec ByteDance… sans que rien ne se fasse réellement, Donald Trump ayant complètement laissé tomber l’affaire. Cette histoire est d’autant plus étrange que les accusations de Donald Trump contre TikTok ne se basent sur aucune preuve. Le président américain se dit convaincu que le réseau social communique des données sensibles sur ses utilisateurs avec la Chine, ce qui n’a jamais été démontré.
D’autres applications ont été ciblées par Donald Trump durant son mandat. Citons notamment WeChat, qui n’a finalement pas été banni ou les solutions de paiement Alipay et WeChat Pay, sur le point d’être interdites.
Que restera-il des agressions de Donald Trump envers la Chine ? Interrogé sur le sujet, Antony Blinken, candidat de Joe Biden au poste de secrétaire d’État, affirme que Donald Trump « a eu raison » de se montrer aussi ferme avec la Chine, ce qui laisse entendre que Huawei et les autres ne seront pas sauvés par le nouveau président.
Sous Joe Biden, la Chine risque donc de répondre aux États-Unis. Depuis plusieurs mois, les médias chinois parlent régulièrement d’une liste noire similaire à « l’entity list » sur laquelle pourraient être inscrits les noms d’Apple et Qualcomm. De telles menaces contraindront-elles Joe Biden à revoir la copie trumpiste ?
Un impact mondial sur la 5G
Après près de 10 ans de recherche sur la 5G, Huawei pensait que la nouvelle génération de réseau cellulaire allait le faire briller. Finalement, c’est à cause de ses antennes que le constructeur chinois a tout perdu. Entre 2017 et 2021, Donald Trump a en effet supervisé le déploiement de la 5G. Inquiet du risque que pourraient causer des antennes chinoises sur le territoire américain, le président américain les a tout simplement bannies, ordonnant aux petites communes américaines utilisant des antennes Huawei de les démonter. Le 45ème président américain a aussi tenté de faire pression sur les partenaires des États-Unis, menaçant de cesser de collaborer avec les pays équipés en antennes Huawei. Le Royaume-Uni a été l’un des premiers à renoncer au fabricant chinois, tandis que l’Union européenne a suivi les États-Unis… à moitié.
Maintenant que Donald Trump n’est plus en fonction, le monde va-t-il revoir sa position sur les antennes Huawei ? Outre-Manche, Boris Johnson aurait en effet laissé entendre qu’un changement de président aux États-Unis pourrait sauver Huawei dans son pays.
La fin de la neutralité du net… ou presque
Là encore, voilà une décision fortement polémique. En arrivant au pouvoir, Donald Trump a nommé Ajit Pai à la tête de la FCC, la commission fédérale des télécoms aux États-Unis. Sous son mandat, la FCC a « tué » la neutralité du net, cette règle essentielle interdisant aux fournisseurs d’accès à Internet de « discriminer » les sites. Depuis 2018, les opérateurs américains ont donc, techniquement, le droit de vous facturer plus cher votre abonnement si vous souhaitez accéder à des sites de streaming. Internet n’est plus un tout mais peut être vendu en plusieurs bouts, au risque de favoriser les grands sites et de tuer les chances de la concurrence. À notre connaissance, les opérateurs américains ont préféré jouer la prudence et continuent de respecter la neutralité du net à ce jour.
Sous Biden, que va-t-il se passer ? La nouvelle présidente de la FCC, Jessica Rosenworcel, est largement en faveur de la neutralité du net. Sous son mandat, les États-Unis pourraient annuler la décision de Donald Trump et revenir à la normale.
Make America Great Again
Entre 2015 et 2016, tout au long de sa campagne, Donald Trump a joué la carte du patriotisme. Selon lui, une fois arrivé à la Maison-Blanche, toutes les entreprises américaines allaient rapatrier leurs usines aux États-Unis. Le « Made in USA » était censé tuer le « Made in China ».
Une fois à la Maison-Blanche, Donald Trump a focalisé ses efforts sur Apple. Le président américain a tenté de se rapprocher de Tim Cook en l’invitant régulièrement pour le convaincre de rapatrier la production des iPhone et iPad aux États-Unis. Quatre ans plus tard, Apple les fabrique dans d’autres pays que la Chine … mais il s’agit du Brésil et de l’Inde. Les efforts de Donald Trump n’ont servi à rien même si, dans l’imaginaire du président, sa mission est un succès. On se souvient notamment d’une visite d’une usine de fabrication des Mac Pro au Texas où Donald Trump avait affirmé être à l’origine de son ouverture, sans que Tim Cook ne dise rien. Cette dernière existe pourtant depuis 2013.
D’ailleurs, comment parler de la relation entre Cook et Trump sans mentionner les taxes douanières que le président américain a imposé sur les produits fabriqués en Chine ? Le patron d’Apple avait convaincu le locataire de la Maison-Blanche d’exempter l’iPhone pour… ne pas avantager Samsung. Cet argument avait suffi à convaincre le président américain.
Tout au long de son mandat, Donald Trump est souvent intervenu sur des dossiers étrangers. En mars 2018, Broadcom (Singapour) a par exemple reçu l’interdiction de racheter Qualcomm. Donald Trump a aussi tenté de faire pression sur Intel et TSMC pour les forcer à produire des semi-conducteurs aux États-Unis, en vain. Au final, le « Made in USA » n’a pas éclaté sous Trump.
Un conseil de la tech… qui n’a pas duré
Autre idée de Donald Trump, créer un conseil de la tech. Fin 2016, lorsqu’il n’était qu’un « président-élu », Donald Trump avait réuni Jeff Bezos, Elon Musk, Tim Cook, Sheryl Sandberg, Larry Page, Eric Schmidt, Satya Nadella, d’autres grands noms du monde des nouvelles technologies ainsi que ses enfants dans la Trump Tower. Son objectif, leur expliquer qu’il serait un président à leur écoute. « N’hésitez pas à m’appeler » affirmait-il alors, pour amadouer la Silicon Valley. En contrepartie, Donald Trump comptait sur les GAFAM pour l’aider à moderniser le pays.
Ce conseil de la tech n’a pas duré. À la suite de déclarations du président américain sur le suprématisme blanc ou d’actions controversées (comme le retrait de l’accord de Paris), tous ses membres l’ont peu à peu abandonné. Donald Trump a tenté de le reformer en 2019 en attirant d’autres secteurs (Walmart, IBM, Visa) mais n’a pas réussi à faire venir grand monde du monde de la Tech à part Tim Cook (que Donald Trump avait par erreur appelé Tim Apple, ce qui avait fait rire Internet).
Finalement, le monde ne retiendra pas grand-chose de ce conseil de la tech. Ces réunions entre président américain et puissants « conseillers » n’ont pas donné grand-chose, à part de jolies photos.
Section 230, la loi que Trump n’a pas réussi à enterrer
Enfin, comment parler du bilan high-tech de Donald Trump sans mentionner sa drôle d’utilisation des réseaux sociaux (on vous conseille la page Wikipedia sur le sujet, aussi bien documentée que terrifiante). Entre le premier jour de son investiture et son exclusion de Twitter après les incidents du Capitole, Donald Trump aura tweeté, si nos comptes sont bons, 26.193 fois, le plus souvent lui-même. Le président américain a utilisé Twitter pour annoncer des réformes ou des faits historiques… mais aussi commenté ce qui se passait à la télévision, insulté ses détracteurs ou expliqué qu’il préférait Touch ID à Face ID sur iPhone, demandant à Tim Cook de faire le nécessaire. L’épisode « Covfefe » a aussi beaucoup fait rire Internet, Donald Trump n’ayant pas pour habitude de se relire avant de cliquer sur « Envoyer ».
Rapidement, Donald Trump s’est mis à haïr les réseaux sociaux, les accusant régulièrement de le censurer (des messages d’alerte ont parfois été ajoutés sous ses messages mensongers). Très en colère, Donald Trump a tenté, en vain, de révoquer la section 230, une loin protégeant les réseaux sociaux. Sans section 230, Twitter serait responsable pénalement de toutes les insultes proférées sur sa plate-forme. Un long débat a opposé les démocrates et républicains pendant plusieurs mois, les uns reprochant aux plates-formes de laisser Trump propager des mensonges, les autres affirmant que les conservateurs étaient censurés. La section 230 n’a finalement pas été réformée, mais est toujours dans le viseur des autorités.
Dans les dernières semaines de son mandat, à la suite de l’assaut du Capitole, les relations entre Donald Trump et le secteur des nouvelles technologies ont pris fin dans des circonstances inédites. Twitter, Facebook, Instagram, Snapchat, YouTube, Twitch et les autres ont tous banni l’ancien président américain, jugé dangereux. Le point final de quatre ans tempêtueux.
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