Pour restituer l’ambiance sonore spatialisée des films en salle ou sur DVD, les ingénieurs responsables de la bande-son d’un film utilisent la technologie Dolby Digital 5.1. Découverte.
Sur l’écran, les tirs fusent, les combattants s’interpellent. Et soudain, un avion à réaction surgit dans un bruit de tonnerre. Il largue deux bombes qui touchent le sol presque simultanément dans une explosion titanesque. Vous ressentez jusque dans vos entrailles ses vibrations infragraves.Un tel réalisme sonore est le résultat d’un processus long et complexe, mis en ?”uvre dès la phase de production du film. A l’autre bout de la chaîne, d’autres mécanismes, tout aussi complexes mais sans doute plus familiers, permettent la restitution d’un tel son spatialisé dans votre salon, à l’aide d’un lecteur de DVD et d’un kit de six enceintes. La technologie qui permet ces prouesses est appelée Dolby Digital 5.1.Contrairement à ce qu’on pourrait penser, aucun dispositif spécifique n’est mis en ?”uvre lors du tournage du film. D’ailleurs, de nos jours, plus un seul film ou presque (documentaires exceptés) n’est tourné en son direct, sauf pour quelques scènes en extérieur dont on enregistre l’ambiance en stéréo.Les dialogues sont réenregistrés par les acteurs en studio et les bruitages sont réalisés à part par un bruiteur ou ajoutés à partir de banques d’échantillons audio : pas, ambiance, bruits de moteur, coups de feu, etc. : tout est “artificiel” et calé à l’image près (à raison de 24 images par seconde).
Atteindre les frontières du réel
Ce travail est identique pour tous les types de production, du documentaire télévisuel en stéréo au film hollywoodien à gros budget. Toutefois, dans ce dernier cas, le mixage final ne s’effectue pas sur deux pistes comme pour une production stéréo, mais sur six.Du coup, les ingénieurs ne travaillent pas dans un studio ordinaire : la cabine de mixage est une véritable salle de cinéma, équipée d’un grand écran et des mêmes enceintes que dans une “vraie” salle, disposées de façon identique : un jeu d’enceintes avant stéréo à droite et à gauche, une voie centrale placée derrière l’écran, des caissons de basses répartis dans la salle pour les effets de basses (LFE, Low Frequency Effects) de type explosion, et les deux jeux d’enceintes surround arrière droite et gauche, réparties sur les côtés et à l’arrière.La console est placée au milieu de la salle, à environ cinq mètres de l’écran. Les ingénieurs du son sont donc placés dans les mêmes conditions d’écoute qu’un spectateur. Leur travail consiste à assigner les différents sons (ils en gèrent parfois plusieurs centaines en même temps) aux six pistes de la bande, correspondant aux six jeux d’enceintes.Ainsi le bruit d’un avion à réaction va prendre naissance sur les deux pistes arrière, à faible volume, avant de glisser progressivement vers les deux pistes avant et éventuellement la voie centrale (plutôt réservée aux dialogues), tout en augmentant de volume et en envahissant petit à petit la piste des graves. Cette dernière correspond au “.1” de l’appellation 5.1 ; en effet elle n’est pas considérée comme une piste à part entière car elle est limitée aux fréquences très graves, alors que les cinq autres couvrent l’ensemble des fréquences audibles par l’oreille humaine